Nota Bene : si vous n'avez pas terminé la Saison 1, ne lisez pas ce test. Il pourrait contenir des spoilers qui, même minimes, vous feraient immédiatement me détester. Et ça, je ne suis pas d'accord.

La première saison puisait sa force dans le rapport entre Lee Everett, le joueur, et cet adorable bout de chou prénommé Clementine. En père de substitution, il était nécessaire de la protéger à tout prix, de lui enseigner la rudesse de ce nouveau monde envahi par les zombies et où les hommes sont devenus des prédateurs encore plus féroces. Avant de fondre en regardant ses petits yeux tristes. C'est ce qui permettait en grande partie à l'expérience de tutoyer l'excellence. La saison 2 qui débute avec cet épisode rebat les cartes. La petite fille est catapultée personnage principal. Sa peur, son chagrin, sa douleur, ses choix deviennent nôtres. On pouvait craindre que les changements de point de vue et d'enjeu assagissent le tout. Je vous rassure : on n'a pas le temps d'y penser.

La fin de l'innocence

Il ne faut pas plus de 15 minutes avant que All That Remains vous colle une petite droite dans la tronche en vous rappelant que, The Walking Dead, c'est pas Zizou le pays des Bisounours. Pas plus de 15 minutes pour que l'univers du comic vous prenne à nouveau aux tripes. Pas plus de 15 minutes pour réaliser que la crainte de voir Clem trépasser ne s'est guère estompée, même en sachant qu'il ne risque pas de lui arriver quoi que ce soit de définitif durant au moins 5 épisodes. Pas plus de 15 minutes pour ressentir une éprouvante nostalgie. Et, pourtant, pas le temps de s'apitoyer, le danger rôde et l'héroïne, qui a un peu grandi, à l'image de Carl dans la bande-dessinée, va vite devoir mettre en application les préceptes retirés de son aventure avec le groupe précédent. Moins candide et plus forte, livrée à elle-même pendant la quasi-totalité de l'épisode, c'est la nouvelle Clementine. C'est vous.

Choose your destiny

Une fois, encore, ne songez pas à des énigmes. Les interactions exigeant des objets ramassés ici et là n'ont pas autant d'impact sur votre aventure que le système de dialogue en temps limité. Mais ne vous y trompez pas : il y a, grâce au travail d'écriture phénoménal sur les personnages et les dialogues, un vrai bonheur à décider de l'état d'esprit de la môme à la casquette. Un nouveau compagnon mérite-t-il un peu d'amitié ou vaut-il mieux rester sur ses gardes ? Si quelqu'un ordonne quelque chose en la mettant sous la menace d'une arme, peut-elle se permettre de jouer l'effrontée ? Clem est-elle du genre cassante et rancunière ? Pour ceux qui doutaient que l'on craindrait moins pour la vie de celle que l'on a adopté dans la saison 1, attendez de vous farcir un petit moment d'infiltration très stressant, un autre bien dégueulasse et qui traîne assez pour faire tourner de l'oeil, ainsi que les phases d'action. Plus pêchus, avec un système proche de celui de The Wolf Among Us, ces QTE génèrent une angoisse supplémentaire en cas de loupé ou font sortir de notre bouche une expression équivalente à "MAIS OUI, MA GRANDE !" au moindre succès. Une fois encore, même s'il ne s'agit que d'une ouverture, que l'on a du mal à entrevoir l'impact qu'auront toutes nos décisions, passées comme présentes, impossible de dire que ça ne marche pas.

Dead likes me

Pour autant, impossible de ne pas gronder Telltale sur certaines choses qui ne passent pas bien. Certes, graphiquement, il y a un très léger mieux. C'est plus fin, plus net. Cela dit, la réalisation n'a jamais été un problème. Mais comment ai-je pu avoir un modèle de personnage secondaire flottant devant moi, immobile, durant un dialogue avec quelqu'un d'autre ? Comment est-il possible que des micro-chargements et des ralentissements apparaissent encore de temps à autre ? Et pourquoi laisser des murs invisibles aussi grossiers dans les zones que l'on explore ? Il n'y a donc personne au département debug ? Certes, le prix reste abordable et l'aventure folle - à condition de parler (ou comprendre) anglais couramment. Mais, suivant les personnes, cela risque de poser des problèmes d'immersion. Déplorable quand on voit avec quelle maestria tout le reste est exécuté.

Oui, il y a des défauts gênants et l'histoire reste assez "drivée". Bah n'empêche que la recette fonctionne encore du tonnerre. Clem est toujours aussi adorable, la mise en scène joliment calibrée, les situations surprenantes s'enchaînent et je suis encore étonné de certains de mes choix après coup. A en juger par la présentation de l'épisode suivant, il y a là un potentiel évident pour une Odyssée toujours plus sombre et éprouvante pour les nerfs. D'ailleurs, je vous laisse. C'est l'heure de mon rendez-vous mensuel chez le psy, en attendant le prochain chapitre, intitulé A House Divided.