Un jeu Devolver Digital c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber, si ce n’est des productions indépendantes décalées qui font (presque) tout le temps un bien fou. Ces dernières années, l’éditeur a fait briller les studios indés avec Death’s Door, Inscryption, Cult of the Lamb, ou encore Weird West. Et le meilleur reste à venir avec des titres qui ont tout l’air d’être des pépites comme The Plucky Squire, KarmaZoo et d’autres. Mais parlons du présent avec le très singulier Sludge Life 2 qui a définitivement choisi le bon éditeur pour voir le jour. 

Sludge Life 2 aka le simulateur de "vandalisme" à la maison 

Si vous avez lu le test de Sludge Life à l’époque, vous savez à peu près à quoi vous en tenir. Dans Sludge Life 2, on incarne encore Ghost, un graffeur un peu plus expérimenté, qui se baladera dans le monde improbable de Ciggy City Suites. Mais avant cela, il faut déjà réussir à survivre à une gueule de bois sacrément carabinée et à sortir de la salle de bain où Ghost s’est endormi après une soirée de la veille trop chargée en alcool. Pas le temps d’exprimer de quelconques regrets à la suite de cette beuverie puisqu’un PNJ nous signale la disparition de Big Mud. Un rappeur qu’on a pris sous notre aile et qui, comme nous, aurait visiblement eu la main trop lourde sur la bibine. Et ça tombe très mal étant donné qu’on est censé lui faire enregistrer un clip vidéo avec son dernier son. 

avis Sludge Life 2 gameblog

Ce sera le seul et unique fil rouge de cette aventure qui refuse de se plier au dictat des objectifs pré-établis et fléchés en (très) gros sur une carte. Sludge Life 2 s’apparente ainsi davantage à un sandbox sans non plus offrir la large liberté permise par le genre. On évolue dans le « monde ouvert », composé de différentes zones entre lesquelles on peut se téléporter via des bornes ou un appareil portatif, de Ciggy City. Un environnement toujours pollué par un « mukus étrangissime », des panneaux de pubs, des campagnes poussant à fumer coûte que coûte, une chaîne de burgers et par une unité de flics qui sortira la matraque pour pas grand-chose, même rien en fait - toute ressemblance avec la réalité serait fortuite. Un décor pourri par le capitalisme. 

Comme son aîné, Sludge Life 2 est donc une critique sociale sous une forme complètement barrée. On a croisé un Alien captivé par la propension de l’homme à détruire son habitat, on a descendu des bières à la chaîne avant d’aller vider notre vessie à l’infini, on a mangé un champi hallucinogène afin de planer au-dessus de la carte comme dans un mode Noclip (ndlr : une fonctionnalité activable via une ligne de code dans les jeux pour flotter et visiter des endroits interdits en temps normal). On a également percé un bouton sur le dos d’un mec qu’on ne connaissait pas, on a gavé un chien de chair à saucisse, on a vu un doggo tirer avec ferveur sur une clope, on a failli donner une cigarette à un môme - mais on n’en avait pas sur l’instant -, on a essayé de faire fumer un oiseau en vain, et on a surtout beaucoup zoné. La base surtout pour trouver de quoi réaliser nos œuvres d’art et imposer notre style. 

critique Sludge Life 2 gameblog

Gloire à l’art de rue

On l’a dit plus haut, la seule vraie mission de Sludge Life 2, c’est de ratisser tout Ciggy City pour retrouver Big Mud. Est-ce qu’il est mort ? Est-ce qu’il cuve sur une terrasse, dans des toilettes ou sous un pont ? Vous pourrez le découvrir rapidement car le jeu est en soi très court en ligne droite. Et ça vaut mieux. Si on s’est bien marré à aller à la rencontre d’habitants totalement perchés par leur prise de drogue, d’autres avec des têtes absurdes sans drogue, l’expérience ne nous a clairement pas transcendé. Peut-être parce qu’on erre sans réel but, hormis celui rappelé juste au-dessus, mais surtout car finalement, les thèmes et tout le délire de graffitis sont sous-exploités. L’univers low-poly et cette ambiance quasi au ralenti avec des persos à l’ouest, blasés, déconnectés, sont vraiment cools en soi mais pas assez à notre goût. 

Au total, et même si c’est facultatif pour visionner l’une des deux fins offerte par Sludge Life 2, on doit parvenir à repérer 100 spots capables d'accueillir notre art de rue. Ce sont des emplacements par moments vides, et à d’autres endroits, il faut les partager avec des collègues pour une illustration qui claque encore plus. En un run, on en a eu 80 / 100, mais certains ont l’air très bien planqués. L’un d’eux était par exemple dissimulé sous un plancher. Une chance qu’on était en train de marcher sur une marée noire située à la même hauteur (quasiment) lorsque l’on est passé à côté. En revanche pour dessiner, aucune difficulté puisqu’il suffit simplement d’arriver à bien se positionner devant le logo de bombe de peinture et d’appuyer sur un bouton. 

Pour varier légèrement les plaisirs, on pourra toujours prendre des photos d’animaux et autres qui sont uniquement suggérés via une description de type « prendre un chien malade en photo ». Mais il va d’abord falloir mettre la main sur l’objet qui permet cela. Car au-delà de la mission sauvetage de Big Mud et des graffitis, Sludge Life 2 utilise ses diverses zones pour cacher des collectibles et des outils de navigation. Avec les baskets JJs, qui sont illégales dans le monde Ciggy City, on peut opérer des doubles sauts et sprinter sans craindre d’avoir des gazs. Sans cet item, la touche qui permet de courir est réservée à l’art du pet. Le planeur nous met à l’abri des dégâts de chute. Le Bub-O protège de la contamination de l’air pour… on ne va pas le dire. En vérité, l’objet vraiment indispensable, en dehors du planeur qui peut nous éviter de respawn à l’infirmerie en raison d’une cascade mal calculée, c’est le téléporteur portatif. Ce sera le meilleur ami de celles et ceux qui visent le 100% pour économiser de longues minutes de marche. Des objectifs secondaires qui étendent un peu la durée de vie.