Je ne vais pas vous la faire à l'envers à la manière d'un vieux German Suplex du fourbe. Je n'avais pas joué au premier No More Heroes et les premières minutes passées dans ce second volet m'ont conforté dans mon erreur. Cependant, tel que le ferait un journaliste de haut-vol comme Robert Namias, j'ai glané la substantifique moelle de l'intrigue du premier épisode afin d'aborder au mieux les nouvelles aventures de Travis Touchdown. Promu roi des assassins en ayant zigouillé tous ces concurrents létaux, Travis s'engage de nouveau dans la compétition de l'UAA, convaincu par le décolleté appétissant de la plantureuse Sylvia et par le meurtre sanglant de son grand ami Bishop. Pour assouvir sa vengeance mais également démontrer qu'il est toujours le meilleur, Travis doit donc désormais se débarrasser de cinquante concurrents. En réalité quelques finesses (sic) dans le scénario réduisent considérablement le nombre de tarés mentaux que vous aurez à démembrer. Le mot n'est pas trop fort car contrairement au premier épisode, NMH2 n'est aucunement censuré : les têtes volent, le sang gicle dans un torrent d'insultes constant. Classe. Alors, l'ultra-violence et le langage ordurier c'est bien mais cette nouvelle création de Suda 51 vaut-elle son pesant de Choco BN ? Tranchons immédiatement dans le vif.

La violente fulgurance des références

Racaille jedi, empruntant plus à Onizuka qu'à Obi-Wan Kenobi, Travis est resté le même. Otaku, puceau, se rendant toujours aux gogues pour sauvegarder sa progression (le quatrième mur est maintes fois brisé dans NMH2), l'assassin gominé est une véritable caricature de par son aspect qui peut instantanément rappeler ces personnages imprimés sur des chemises à deux sous que l'on trouve sur les marchés, celles-là même, je sais que vous les connaissez, qui ont un style dit "mangasse". À l'évidence, l'apparence dérisoire de Travis est à elle seule, au même titre que l'aspect général de sa chambre d'hôtel, un élément très plaisant dans le jeu. Pourquoi ? Parce que dès lors tout est permis : le personnage principal manie deux sabres lasers, se transforme en tigre, fatalise les bad-guys tout en Suplex, est fan de moe et de lucha libre. L'univers du jeu regorge de références implicites, explicites ou même fantasmées aux Beatles, à Kill Bill, à Star Wars, à Paris, Texas en passant évidemment par ce que la pop culture japonaise peut nous offrir de plus reluisant en matière de fan service, de combats de robots géants et de catch. No (more) limits en ce qui concerne l'absurde et la surenchère de mauvais goût donc. De nouveau : la grande classe.

Néanmoins, c'est de par son aspect technique que NMH2 atteint une certaine limite que l'on peut évidemment imputer à la Wii mais pas seulement. Le jeu rame souvent (heureusement pendant les cinématiques et non les phases in-game), les murs invisibles sont nombreux et bien que mieux doté que son prédécesseur sur son aspect graphique, ce dernier reste assez médiocre. Mais après tout, l'univers est tellement loufoque et barré que l'on passe outre ces désagréments, emporté par la furieuse ambiance du titre. De plus, on sait que la console de Nintendo n'est pas un foudre de guerre technologique mais l'attribut principal de cette dernière, le duo Nunchuk/Wiimote est essentiel au gameplay jouissif du titre. Quoi de mieux qu'un mouvement sec du poignet pour couper en rondelles ce boss qui vous à tant malmené ? Hein, QUOI !? Calmos, c'est une question rhétorique.

Des masses de bosses

Les boss, parlons-en : ils sont pour ainsi dire le fil rouge (sang) de l'histoire et du gameplay de NMH2. Si les opposants revêtent des atours et des manières de tuer bien différentes (robot géant, cosmonaute, alter-ego féminin du Gal Grevious...), le préambule à leur rencontre est plus ou moins toujours le même. Vous parcourez un coul... pardon, un niveau (un supermarché, une université, un cimetière...) et vous pillez le crâne de tous les sbires qui vous tombent dessus. En plus de votre sabre laser et de vos backdrops dignes de Tiger Mask, un petit tigre (tiens tiens...) matérialisera votre degré d'extase qui une fois à son paroxysme, vous permettra de libérer votre haine. Aléatoirement, vous pourrez donc soit vous transformer en tigre, être si rapide que tout semblera être au ralenti, projeter des boules d'énergie ou encore tabasser à foison avec une combo au Beam Katana qui semblera alors infini. Bien que répétitifs (les ennemis ont plus ou moins tous la même tronche), ces combats sont toujours ultra jouissifs. Mimer les prises de catch et manier la reine des armes (un katana laser les gars !) avec sa Wiimote est un kiff dont on ne se lasse pas.

Rétro boulot, tchao la moto

Entre deux phases de baston, il faudra également effectuer divers jobs, pour gagner quelques rétro dollars afin de vous rendre via une carte aux destinations prédéfinies (exit le vagabondage laborieux en moto) chez le marchand de fringues pour remplir votre garde-robe ou chez la généreuse Naomi pour étoffer votre panoplie de sabres. Tous ces petits boulots sont en fait des jeux à l'aspect et au gameplay 8-bits s'inspirant de Hang-On et de Tetris, pour ne citer que ceux-là. De retour chez vous, vous pourrez vous délasser en câlinant votre chatte dodue Jeanne (les animations grossières du félin sont hilarantes) ou prouver votre valeur sur un shoot them up aux couleurs des magical girls préférées de Travis. Autant dire que les activités annexes à vos massacres sont donc conséquentes et foldingues à souhait. Enfin, dans ce nouvel épisode, Travis n'est plus le seul personnage jouable. Sans trop vous en dévoiler, Shinobu, rescapée du premier et Henry le frère de Travis auront leur rôle à jouer. Même s'il faut bien le dire, leur manipulation (les sauts hasardeux et pénibles de Shinobu) renforce un peu plus le plaisir que l'on a à manier Travis Touchdown.

No More Heroes 2 : Desperate Struggle s'appréhende comme un véritable trip. Doté d'un gameplay efficace et jouissif, le titre de Grasshopper entraîne le joueur dans un furieux tourbillon de violence et de folie, bardé de références au catch, au moe, au cinéma de genre... Foutrement jubilatoire. Fantasme de l'otaku de base, l'univers de NMH2, avec ses boss improbables et son mauvais goût généralisé, fait vite oublier ses lacunes techniques, pour s'imposer comme un des nouveaux titres de référence de la Wii. Tigre et Suplex sont bien pourvoyeurs d'extase.