Les deux versions étant similaires, les tests le sont également.

Déformation professionnelle oblige, ce nouvel opus ressemble beaucoup à Burnout, c'est vrai... Mais pas seulement : dans le fond il ressemble aussi beaucoup au tout premier Need For Speed, vous savez, l'épisode 3DO qui nous avait tant émerveillé à l'époque, en 1994... quel souvenir mes enfants ! La référence ne parle peut-être pas à tout le monde cela dit, mais sachez que la volonté de ressembler à l'épisode fondateur est évidente ici. On retrouve ces décors champêtres, ces routes à une seule voie dans des paysages campagnards, qui peuvent rapidement se transformer, au détour d'un large carrefour, en portions d'autoroutes plus larges et plus propices aux pointes de vitesse. On retrouve aussi tout un tas de voitures de rêve bien sûr, mais surtout on retrouve ces bons vieux flics ! Postés au bord de la route, ils vous prennent en chasse immédiatement lorsque vous passez devant eux, pied au plancher, et de trépidantes courses-poursuites s'engagent ainsi... Et là vous pensez tout de suite (ou pas hein, je ne vous en voudrai pas) à Need For Speed III, qui lui même était sous-titré Hot Pursuit d'ailleurs, et représente certainement le meilleur opus de la série avant que cette dernière ne dégringole progressivement... Criterion a donc pioché là où se trouvait le meilleur, et ces retrouvailles avec le "vrai" Need For Speed font donc immédiatement plaisir, c'est un fait.

T'es belle, t'es rapide, mais qu'est-ce que t'es lourde !

Malheureusement le deuxième choc ne tarde pas à pointer lui aussi, une fois les premiers kilomètres avalés... Probablement dans l'idée - une fois de plus - de retrouver les sensations d'antan, les véhicules qu'on pilote ici sont en effet très, très (très) "lourds". Une impression qui vient en réalité de la latence volontaire appliquée aux commandes de direction. En gros, il y a un bon temps de réaction entre le moment où vous penchez le stick à gauche ou à droite, et le moment où la voiture tourne réellement... Ça donne du poids au véhicules, mais c'est surtout très déstabilisant, d'autant qu'il est question ici de rouler à fond la caisse et de littéralement slalomer à travers la circulation... L'intention était bonne donc, mais le procédé un peu trop appuyé à mon sens. Dommage. Cela dit, après quelques heures de jeu, je dois dire qu'on finit par s'habituer à ce petit défaut... et il faut bien dire qu'on a envie de s'y habituer, tant le menu proposé par NFS Hot Pursuit est alléchant...

Voir Seacrest et cramer un feu rouge

Bienvenue dans le conté de Seacrest, un endroit qui, comme je vous l'annonçais plus haut, regorge de petites routes champêtres qui font irrémédiablement penser au premier opus de NFS... Mais ce lieu, inspiré de la côte ouest américaine, regorge aussi de routes montagneuses ou le vent déplace de fines couches neige légère, de tracés magnifiques le long de la côte, ou encore de longues lignes droites à travers un grand désert... La variété est donc de mise, dans ce vaste environnement qui n'est pas à proprement parler "ouvert", puisque vous participerez à chaque épreuve sur une portion donnée de l'une de ces longues routes (des dizaines de kilomètres parfois). Vous parcourez toutes ces zones de jour, de nuit et sous différentes conditions climatiques, avec à chaque fois des graphismes bluffants. Je dois dire que côté réalisation, même si l'on n'est pas à l'abri de quelques accrocs (notamment l'aliasing assez prononcé sur PS3), le jeu est vraiment très beau à regarder. C'est non seulement très varié, mais aussi modélisé et texturé avec talent et goût, ça fourmille de détails... On est toujours bluffé par un petit quelque chose, que ce soit les reflets sur l'asphalte humide, le soleil filtré à travers des arbres qui longent la route... Cette sensation de voyage et cette impression de parcourir des routes réelles, c'est franchement plaisant. Mais on n'est pas là non plus que pour admirer le paysage, et côté action, on est également servis : la vitesse d'animation est impressionnante, les bruitages sont puissants, la tracklist très bien choisie... et les accidents, bien sûr, sont simplement dantesques et hyper bien rendus.

Arrête-moi si tu peux !

Une fois devant cette grande carte de Seacrest, vous pourrez commencer votre "carrière" de chauffard... ou de flic ! Deux types d'icônes apparaitront sur la map et vous progresserez en piochant ainsi différents types d'événements en différents points géographiques du comté. Côté chauffard, il y aura les courses classiques, les contre-la-montre et les "poursuites infernales". Ces dernières concernent évidemment votre carrière de flic également, dans laquelle vous devrez aussi participer à des événements nommés "Interception" (vous devez arrêter un seul chauffard) et "Intervention rapide" (qui s'apparente à un contre-la-montre). Bien sûr, ce sont les "Poursuites Infernales" qui constituent le sel de cet épisode. Le principe est simple : les flics doivent arrêter les chauffards avant la fin de la course. Subtilité : chacun aura un équipement spécifique sur les 4 directions de la croix. Si vous êtes flic, vous pouvez utiliser les herses (une bande cloutée qu'on laisse tomber derrière son véhicule pour crever les pneus du poursuivant), les demandes de barrage routier, les demandes d'hélicoptères (qui suivent le chauffard et déposent une herse juste devant lui) et les EMP (une charge magnétique qui déstabilise une voiture verrouillée). Les chauffards, eux, ont également les herses et les EMP, mais disposent en plus du Brouilleur (pour éviter une charge EMP mais aussi pour disparaître du radar de vos poursuivants) ainsi que du Turbo, qui s'ajoute à la Nitro classique (cette dernière se rechargeant en adoptant une conduite dangereuse côté chauffard, et avec de la vitesse côté flic).

Un système rôdé, un gameplay aux petits oignons qui fonctionne bien et qui, malgré le côté très "arcade" de la jouabilité, nous offre des subtilités vraiment intéressantes. Il faut donc savoir bien gérer sa nitro, mais aussi sa stratégie côté équipement, car vos items ne sont pas illimités. Il faut aussi savoir se jouer des adversaires avec astuce, savoir freiner pour qu'un autre "perce le barrage", savoir emprunter le bon raccourci et éviter les faux (il y en a partout, certains inappropriés à certaines voitures, ou trompeurs)... On s'amuse vraiment, et de plus en plus subtilement puisque vous n'aurez pas tout à disposition au début : il faudra débloquer des équipements de plus en plus perfectionnés, faire augmenter votre niveau de pilote, débloquer progressivement des véhicules de plus en plus rapides, etc. Finir toutes les missions des deux camps vous offrira pas mal de fun pendant un sacré bout de temps... avant que le mode en ligne ne prenne le relais !

En ligne et contre tous

Avant d'en venir aux modes en ligne à proprement parler, rappelons que Need For Speed : Hot Pursuit jouit d'une innovation franchement excellente : l'Autolog. Il s'agit en gros d'une espèce de Facebook appliqué à votre parcours dans le jeu. Vos prouesses et vos photos sont postées automatiquement sur votre "mur" ingame et peuvent être allègrement commentés par vos amis. Chacune de vos courses, chacun de vos temps et ceux de vos amis sont suivis par l'Autolog, qui propose ensuite à chacun des joueurs des défis liés aux performances des copains : "Machin vous a battu de tant de secondes sur telle course". il suffit ensuite d'un clic pour vous lancer en piste et battre à nouveau le dit copain. Une excellente initiative, qui apporte vraiment quelque chose et qui fera des petits, c'est certain. Côté modes de jeu en ligne, vous retrouverez évidemment tout ce qui est proposé en solo (y compris les simples courses), mais après quelques parties en Duel ou en Poursuite Infernale, flics contre voyous (jusqu'à 8 joueurs en tout), vous vous rendrez compte que jouer contre des humains change tout ! Le principe de courses-poursuites peut paraître répétitif comme ça, mais l'utilisation intelligente des raccourcis et des équipements ajoute vraiment du fun et, parfois, des moments de finesse et d'anthologie. Bref, de quoi rallonger le plaisir d'un solo déjà conséquent. Y'a bon !

Grâce à une formule enfin respectueuse des vraies traditions de la série, Criterion est arrivé à remettre Need For Speed sur le droit chemin, celui des courses-poursuites infernales entre flics et fous du volant. Il le fait avec beaucoup d'inspiration, qu'elle provienne des racines de la saga ou qu'elle soit beaucoup plus moderne : l'équipement à utiliser en course apporte notamment beaucoup de fun et de finesse au jeu, l'Autolog révolutionne l'aspect communautaire, tandis que les modes en ligne prolongent considérablement la durée de vie d'un titre déjà très accrocheur en solo... Que demande la peuple ? Une jouabilité moins "lourde", certes, avec moins de latence dans les commandes pour des rodéos urbains encore plus maîtrisés ! Un mode multi en écran splitté aussi, tiens. C'est fou ce que c'est devenu rare. Pas de quoi le bouder non plus, à moins que vous souhaitiez passer à côté du meilleur NFS depuis le troisième, qui a tout de même 10 ans...