Ma relation avec Duels of the Planeswalker au fil de ses éditions a toujours été contrastée ; d'un côté, c'est un réel plaisir que de replonger dans Magic : L'Assemblée, d'un autre, les restrictions horriblement étroites de ces adaptations les ont jusqu'à présent amputées de la part la plus intéressante du jeu à mon goût : la création des jeux (les decks). Avec l'apparition du mode Paquet Scellé de cette édition 2014, on vient de faire un grand pas vers le mieux.

Je peux enfin créer mon propre deck !

Mais uniquement avec 8 boosters d'une édition assez limitée en cartes... résultat des courses, quand on sait jouer à Magic, on a vite fait de constituer le seul deck véritablement redoutable possible avec ce que l'on tire, à moins de jouer d'une chance incroyable à l'ouverture des boosters virtuels, et encore : le nombre total de cartes accessibles dans ce mode reste trop limité et mal équilibré pour offrir de multiples possibilités de constituer des decks véritablement compétitifs. Les Silvoïdes, nouvelle espèce de bestiole, sont plutôt réussis, mais si on cherche à faire de bons jeux, on aura tôt fait de revenir à du bicolore assez bourrin en vert-noir ou blanc-noir, les cartes bleues et rouge n'offrant que peu de combinaisons intéressantes. Dommage ; mais, c'est, de loin le meilleur mode de jeu pour les amateurs du TCG original, même si sa campagne, séparée des autres modes, se révèle très courte, et n'offre que quelques boosters de plus pour parfaire son jeu au fil des réussites. Autre super nouvelle : on peut jouer en paquet scellé en multi !

Dans la continuité

Pour le reste, on retrouve les mêmes mécaniques d'adaptation que dans les précédentes éditions. Une campagne un peu plus scénarisée et imaginative qu'auparavant propose quelques défis intéressants, au travers de decks architecturés autour de l'histoire, se concluant sur un boss amusant qu'on affrontera à deux avec Chandra, après avoir "mené l'enquête" en traversant les plans célèbres des dernières extensions parues. L'ensemble est même un peu plus rapide dans sa réflexion, tour après tour, sans pour autant perdre la finesse de jeu à laquelle l'excellente IA nous avait habitué. Elle commet encore une ou deux erreurs par-ci par-là, mais c'est extrêmement rare. Enfin, autre excellente nouvelle avec l'arrivée du paquet scellé, la possibilité d'enfin gérer un minimum les mana qu'on engage pour jouer nos sorts dans les decks multi-colores : c'est pas trop tôt ! Seul revers de cette médaille qu'on peut enfin accorder aux développeurs du jeu, dans la version tablette, comme il faut "cliquer" sur la carte pour changer la manière dont on paye son coût, cela gêne parfois pour jouer, le tactile refusant de "glisser déposer" les cartes sur le champ de bataille si on n'a pas passé suffisamment de temps le doigt posé sur la dite carte. Dans les atures versions, tout va bien, il suffit de cliquer sur un stick analogique par exemple pour permuter les manas à engager. C'est dommage tout de même, dans la mesure où les versions tablettes restent de loin les plus intéressantes avec ses visuels ultra-HD (pour peu qu'on ait un écran type Retina) et le feeling plus agréable, comme l'ergonomie générale plus fluide, offerts par le tactile.

Un jour, mon deck viendra

Bref, il ne fait aucun doute que cette édition 2014 sera la plus séduisante aux yeux des amateurs. Pour autant, elle n'est pas encore aussi exempte de défaut que ce que notre imagination pourrait envisager d'une telle adaptation. Les decks sont rarement très inventifs ou originaux, pour commencer. On en a vu de meilleurs dans de précédentes éditions, mais au moins ceux de la 2014 restent plus intéressants que ceux de l'année dernière. Les modes un peu spéciaux ont tous disparu, il ne reste dans les duels personnalisés que le Troll à Deux Têtes et le Free-For-All. Accompagnés des défis, bien sûr, eux aussi de retour, et toujours intéressants. Et grosso modo deux campagnes : la première scénarisée, et sa "suite", la campagne Vengeance, qui prolonge tout ça pour quelques duels de plus et de nouveaux decks à débloquer. Ensuite, le spectre du micro-paiement qui micro-picote les fesses est toujours là ; quand c'est pour débloquer à la va-vite un deck au lieu de rejouer la campagne et sa suite Vengeance, passe encore, mais quand c'est pour pouvoir créer plus de deux decks différents en Paquet Scellé, chaque nouveau slot coûtant un peu moins de deux euros, c'est un peu pénible ; heureusement, le mode paquet scellé est assez restrictif en termes de nombre total de cartes pour que la valeur globale d'un deck dépende finalement moins de la chance, une fois la campagne Paquet Scellé bouclée, que de la compétence à créer un jeu décent. Comme une IA plutôt très bien foutue permet en outre de construire automatiquement les decks pour les newbies qui ne sauraient le faire trop eux-mêmes, ça va. Mais c'est bien là le seul avantage à ces limitations du mode Paquet Scellé.

Je ne désespère pas d'avoir un jour droit à une version de Magic : Duels of the Planeswalkers qui offre un peu plus d'ambition et de sel au vieux joueur de Magic que je suis. Celle-ci fait en tout cas des progrès notables en apportant une première réponse aux deux plus gros reproches qu'on pouvait adresser aux précédentes éditions. C'est déjà super bien ! Rendez-vous est pris l'année prochaine, en espérant que les devs ne s'arrêteront pas en si bon chemin.