Lysfanga The Time Shift Warrior se déroule dans un monde fictif orientaliste nommé le Nouveau Royaume. À chaque nouvelle génération, le royaume est béni par la naissance d’un nouveau guerrier protecteur portant le nom de Lysfanga, dont la mission est de protéger la population des Raxes, des mystérieuses créatures démoniaques. En fait, dans ce jeu en vue isométrique, nous incarnons Imë, une guerrière dotée du pouvoir de remonter dans le temps de quelques secondes. Chaque fois qu'elle retourne dans le passé, elle crée une réminiscence (rémanence dans le jeu), à savoir un double d'elle-même sous la forme d’un souvenir.

Comme vous l'avez compris, le jeu repose entièrement sur un système de boucle temporelle. Bien que ce soit un hack 'n' slash, le titre est extrêmement tactique et stratégique. En d'autres termes, il ne s'agit pas simplement de foncer bêtement dans des vagues de monstres en enchaînant les combos, comme c'est le cas dans certains jeux du genre. Votre cerveau va donc en baver.

Un sans faute artistique

Commençons par ce qui saute aux yeux dès les premiers instants : le jeu est splendide. La direction artistique puise clairement son inspiration dans les tableaux orientalistes du XIXe siècle. C'est en fait une fusion entre une vision occidentale d'Aladdin, telle qu'on la connaît grâce à Disney, et les illustrations d'artistes arabo-persans des contes des Mille et Une Nuits.

Par moments, on a l'impression de se retrouver au milieu des œuvres de Michael Peraza, directeur artistique pour le Aladdin de Disney, avec les mêmes tons bleus et violets. Les décors reflètent clairement le charme de l'architecture arabo-persane médiévale, avec ses badguirs (systèmes de tours ventilées), ses toitures drapées, ses souks et ses places, parfois complexes avec de nombreux escaliers pour accéder aux différents bâtiments. C'est un régal visuel. Cependant, le monde qui nous entoure semble finalement assez désert, sans citoyens vaquant à leurs occupations, car les seules rencontres seront soit divines, soit démoniaques. Cela manque donc parfois cruellement de vie dans les décors. 

Screenshot de Lysfanga.

Sur le plan technique, Lysfanga The Time Shift Warrior est tout à fait convaincant, que ce soit en ce qui concerne les effets de lumière, les textures ou les différents effets 3D. Pour ne rien gâcher, les dialogues sont présentés via un système d'animation en 2D au format dessin du plus bel effet. Sans être une claque graphique, on peut tout de même saluer la beauté des environnements que l'on traverse et des divers effets lumineux. C'est esthétiquement plaisant et surtout très fluide. Le studio a une très bonne maîtrise du moteur Unity.

Nous avons testé le jeu sur une configuration PC assez modeste (RTX 2060) et nous n'avons rencontré aucun problème. Le jeu propose de nombreux effets volumétriques et de particules qui contribuent à créer une atmosphère fantastique dans ce royaume ancien. Orbes magiques, poussière lumineuse, rayons de lumière, tout y est pour vous immerger dans cet univers fictif, et cela fonctionne très bien. Si l’on ajoute à cela des musiques orientales du plus bel effet, on se retrouve tête la première dans un véritable voyage digne des plus beaux contes arabes. 

La boucle temporelle au coeur du jeu

Très rapidement, au tout début du jeu, notre premier combat contre les Raxes débute. Ce sont des créatures qui s'inspirent visiblement du folklore japonais, notamment les onis, des bêtes humanoides de couleur rouge avec des cornes et des dents très pointues. Un joli mélange avec le style perse qui fonctionne plutôt bien.

Le système de combat est en fin de compte assez simple. Au départ, vous possédez 4 boucles temporelles que vous pouvez utiliser à votre gré pour vaincre les adversaires. Dès que vous le souhaitez, vous pouvez mettre fin à votre boucle actuelle pour en créer une nouvelle.

La petite subtilité réside dans le fait que chaque nouvelle boucle temporelle permet de profiter d'une rémanence, c'est-à-dire une copie fantomatique parfaite de vous-même, qui rejoue toutes vos actions. Par exemple, dans une arène comportant plusieurs adversaires, vous pouvez en tuer une partie lors d’un premier passage, puis utiliser votre pouvoir pour revenir en arrière et créer une rémanence. Vos actes sont alors validés et un fantôme répètera vos actions dès que vous vous déplacerez de nouveau, vous permettant alors d’aller liquider le reste des ennemis de la zone, ou de vaquer à d'autres occupations d’ailleurs. Attention, en cas d’erreur il faudra recommencer l’arène depuis le début dans la plupart des cas.

Screenshot de Lysfanga.

Une courbe de difficulté parfaite pour Lysfanga

Cependant, les développeurs ont ajouté une difficulté supplémentaire pour pimenter les choses. Si vous touchez un adversaire condamné ou vous approchez trop, , celui-ci peut vous attaquer. Il faut donc faire attention à votre trajectoire pour éviter de vous retrouver dans une situation trop délicate avec trop de Raxes à vos trousses. La courbe de difficulté reste assez constante, chaque nouvelle arène est plus complexe que la précédente. Une fois que vous en bouclez une (c'est le cas de le dire), vous pouvez passer à la zone suivante, et ainsi de suite.

Bien sûr, pour vous défendre et vaincre vos adversaires, vous aurez accès à différentes options. En plus d'une attaque rapide et lourde, vous possédez également un sort et une attaque ultime nommée Pouvoir de la Déesse. Cette dernière se charge au fur et à mesure de vos attaques. Généralement, il s'agit d'accumuler de l'énergie pour déclencher une attaque puissante qui inflige des dégâts considérables autour de vous. En ce qui concerne les sorts, vous ne pouvez en équiper qu'un par combat, et chacun possède ses spécificités tactiques.

Par exemple, vous avez un « orbe de lumière» qui permet de réaliser des attaques à distance, ou encore un « vortex de saisie » qui attire littéralement les adversaires. Il vous faudra faire des choix judicieux, car si les premières arènes sont simples, la difficulté augmente vraiment au bout d’un certain temps. Pour vous aider dans votre tâche vous pouvez aussi récolter lors de votre exploration des fragments de rémanence qui permettent, au bout de 3 amassées, d’obtenir une nouvelle boucle temporelle. L’exploration de l’environnement en dehors des combats est donc obligatoire pour monter en puissance.

Screenshot de Lysfanga.

Du monstre à la pelle

En plus d'affronter des adversaires de plus en plus nombreux dans les arènes, qui demandent de plus en plus de boucles, vous rencontrerez également des ennemis de plus en plus variés et coriaces. Au-delà des simples monstres, vous aurez affaire au Gardien, un géant armé d'un bouclier qui est impossible à vaincre sans une rémanence. Plus tard, vous rencontrerez également les Bombailes, des chauves-souris démoniaques qui explosent en mourant et que vous pouvez envoyer valdinguer sur vos adversaires. Pire encore, les jumeaux : deux démons ressemblant à Jabba le Hutt qui ne peuvent être tués que lorsque les deux sont vaincus simultanément. En effet, un jumeau vivant réanime et soigne toujours son partenaire. Vous devrez donc utiliser une boucle pour les vaincre, à moins d'être très rapide.

Un défi constant et du plaisir

Pour ajouter du défi, chaque arène est chronométrée, et il est même possible d'utiliser un portail pour rejouer une épreuve et améliorer votre score. Être plus rapide non seulement flatte votre ego, mais permet également d'économiser des boucles, simplifiant ainsi votre progression. L'objectif pour ceux qui aiment le challenge et le speed-run est donc de vaincre un maximum de démons dans une seule boucle afin de réduire les problèmes dans la suivante. Il va donc falloir faire preuve de logique et de tactique pour déterminer dans quel ordre vaincre les adversaires. Parfois, il est judicieux de commencer par éliminer les plus faibles pour ensuite s'attaquer aux plus puissants, mais cela peut aussi être l'inverse, selon le level design. Parfois, il peut arriver que vous ayez besoin de détruire un cristal à proximité d'un monstre pour ouvrir une porte magique qui bloque votre progression (les choses se compliquent). 

En ajoutant à cela une variété d'environnements et de monstres, ainsi que plusieurs approches pour les vaincre, la complexité peut rapidement devenir déroutante sans une méthode bien définie. Chaque victoire est donc particulièrement gratifiante, et le plaisir dans Lysfanga The Time Shift Warrior est instantané. C'est d'autant plus grisant lorsque vous devez faire preuve d'ingéniosité pour triompher, vous avez donc vraiment le sentiment d'avoir accompli un travail bien fait après une arène difficile. 

Screenshot de Lysfanga.

Les quelques limites de Lysfanga

Surtout que votre personnage est assez vulnérable et peut mourir très facilement après quelques attaques bien placées. Heureusement pour vous, mais malheureusement pour le jeu, les adversaires sont parfois (souvent) assez peu actifs, et il ne faut pas s'attendre à des assauts à la manière de Diablo 4. Il est difficile de dire si cela est dû à une intelligence artificielle limitée ou si c'est intentionnel de la part des développeurs, mais les monstres mettent parfois un certain temps à vous attaquer, et il faut vraiment être très proche pour que l'action commence. Cela n'entrave cependant pas vraiment le gameplay et encore moins le fun. Car malgré tout, les combats sont extrêmement satisfaisants. Les attaques sont fluides et le plaisir de jouer est indéniable. À moins que vous ne soyez enclin à la colère…

En effet, nous vous conseillons tout de même de bien respirer avant certaines arènes, car quelques ennemis particulièrement coriaces peuvent être difficiles à vaincre, que ce soit au clavier ou à la manette. D'ailleurs, à ce niveau, le jeu recommande effectivement d'utiliser une manette, mais on constate avec plaisir que  Lysfanga The Time Shift Warrior est également très accessible au clavier et à la souris. Cela démontre encore davantage le travail remarquable réalisé par le studio Sand Door.