Comme si Diablo 4 n'avait déjà pas assez de soucis à se faire, c'est aussi son développement qui a été particulièrement mouvementé. Ici aussi sur le papier, il n'y a pas de quoi rassurer. La production traîne de la patte, les changements de direction sont nombreux… même les développeurs finissent par ne plus y croire et certains commencent à dire que le jeu ratera sa sortie ou que ce sera une catastrophe. Mais finalement, rien de tout ça. Les phases de test s'enchaînent, le public répond présent et même s'il reste encore de nombreuses choses à voir, les joueuses et joueurs du monde entier semblent plutôt ravis. Désormais, c'est le coup d'envoi. Après tout ce remue-ménage et plusieurs phases de bêta, il est temps d'ouvrir enfin la porte des enfers.

L’éternel conflit entre la lumière et les ténèbres

La plupart des gros joueurs de Diablo seront capables de vous dresser la liste des meilleurs builds pour chaque classe de personnage, de vous expliquer comment farmer de manière optimale ou encore comment se faire une place dans le classement saisonnier. Mais peu seront capables de vous parler du lore, de l'univers et de sa mythologie. Pourtant, Diablo en a bien un et il est très riche. Seulement, il est vrai que bien souvent la narration était quelque peu timide ou reléguée au second plan. C'est l'un des premiers points à changer dans ce Diablo 4. Oubliez le grand méchant Diablo, ici, l'antagoniste s'appelle Lilith, Fille de la Haine. Plusieurs dizaines d'années après les événements de Diablo 3 et de son DLC, la démone s'extirpe de son sommeil et se met à parcourir Sanctuaire, aliénant la population qui ne souhaite pas mettre le genou à terre, tuant et détruisant tout sur son passage. Elle cherche quelque chose et menace l'équilibre.

Diablo 4 a évolué sur de nombreux points, mais c'est bien en ce qui concerne sa narration que les améliorations les plus marquées sont visibles dès le départ. Pour une fois, Diablo prend le temps de poser son intrigue. De la faire mijoter et monter en puissance avant le dénouement final. Suite oblige, on peut compter sur le retour de personnages clés, connus et/ou vus auparavant. Pour le reste en revanche, la trame est totalement inédite même si, dans le fond, il est toujours question de sauver l'humanité et de conflit entre les forces de la lumière et celles des ténèbres.

Diablo 4
Des cadavres, du feu, du sang... la routine

Une campagne passionnante et des cinématiques qui impressionnent

Mais aussi surprenant que cela puisse être pour un jeu du genre, d'autant plus pour un Diablo, je ne pourrais que vous conseiller de laisser une chance à la campagne du titre. Alors oui, elle est de toute manière un passage obligatoire lors de la création d'un tout premier personnage, mais il est tout à fait possible de passer les dialogues, sauter les cinématiques et se contenter de courir après de gros indicateurs de quête. Mais ce serait dommage puisque même si elle ne vous fera très certainement pas grimper au rideau, la trame réserve son lot de pépites. Des rebondissements bien sentis, des dialogues parfois franchement sympas et des doublages VF et VO de qualité (vraiment très, très bon en VF j'insiste).

Mais c'est surtout sa mise en scène qui prend un sacré coup de fouet comparé à Diablo 3. Ce nouvel opus de la franchise ose tout. Alors non, on n'est clairement pas au niveau d'un jeu explicitement narratif, et ça n'a pas lieu d'être, mais Diablo 4 fait de très gros efforts et sait se mettre en valeur. La caméra change parfois d'angle, zoome, etc. et les cutscenes sont nombreuses. Si Diablo 4 est déjà un jeu très joli, les cinématiques en CGI impressionnent et sont même assez exceptionnelles dans leur genre. Certaines peuvent durer de très longues minutes et nous font toucher du doigt le rêve de voir un film d'animation dans le style un de ces quatre. Elles sont toutes superbes, ultra détaillées et très travaillées.

Lilith, la grande méchante, crève littéralement l'écran. Non seulement elle est d'une classe folle, mais en prime elle en impose. C'est clairement une réussite à tous les niveaux. Et si l'on n'en prend pas plein les yeux, on en prendra plein les oreilles. Parce qu'ici aussi Diablo 4 fait un quasi sans faute. L'OST est tantôt démoniaque, tantôt épique, mais toujours juste. Les thèmes sont très bien choisis, l'orchestral fait des merveilles, c'est un vrai régal. Dommage qu'en jeu les musiques soient trop discrètes, quand elles ne sont pas tout bonnement absentes. Heureusement, le sound design prend la relève habilement pour mettre du peps dans les combats. Mais le manque de petites musiques d'ambiance se fera parfois ressentir lorsque l'on se baladera dans les terres dévastées et désormais ouvertes de Sanctuaire, le monde de Diablo.

Diablo 4
La grande méchante Lilith, elle a la classe !

Un monde ouvert ultra généreux, une durée de vie colossale

Alors que le précédent titre optait pour de vastes zones closes à explorer, ce qui en faisait un jeu quelque peu linéaire, Diablo 4 mise quant à lui sur l'open world le plus complet. Dès le départ, alors que l'on foule la neige grisâtre de la première région, le monde entier nous est ouvert. Seul un système de niveau requis peut poser problème aux aventuriers les plus téméraires, même si certains n'hésitent pas à aller se frotter à plus forts qu'eux, c'est ici le moyen transparent qu'a trouvé Blizzard pour diriger le joueur là où il veut. Ça, et les quêtes principales évidemment, qui nous feront traverser la plupart des zones explorables du royaume. Pour les restantes, il faudra se pencher sur les missions et les activités secondaires, extrêmement nombreuses.
On parle tout de même d'une centaine de donjons et de caves explorables, de plusieurs dizaines de quêtes, d'événements aléatoires qui apparaissent ici et là et de tout un tas d'autres surprises à dénicher de part et d'autre du monde. Très clairement, même les gros joueurs de Diablo seront surpris par la générosité et la richesse de cette phase de découverte. Là où la campagne de Diablo 3 peut être écrasée en moins de dix heures par le néophyte, celle de Diablo 4 vous tiendra d'office en haleine une douzaine d'heures. Moins, évidemment, si vous optez pour le rush pur et dur en passant dialogues et cinématiques et sans jamais sortir des sentiers battus, quitte à arriver à la toute fin avec quatre ou cinq niveaux de moins.

Diablo 4
La direction artistique est folle !

Mais il serait dommage de passer à côté de l'exploration, d'autant que n'importe quel coffre, monstre élite ou boss peut vous offrir de l'équipement de qualité. Indispensable pour rouler sur le reste du jeu, l'objectif de tous les joueurs. Explorer vous fera également gagner de la renommée et cette dernière vous permettra de mettre la main sur des coffrets de récompenses notamment. Vous pourrez aussi dénicher des totems un peu partout dans le monde qui vous offriront des bonus de statistiques valables dans chaque région du monde et ce, pour tous les personnages du compte.
Et si vous êtes à pied les premières heures, vous finirez par avoir le droit à un canasson en avançant dans votre mission. Des montures qui permettent de se déplacer plus rapidement (évidemment), mais aussi d'attaquer vos ennemis avec une attaque spéciale vous jetant au sol. Si certaines montures pourront être achetées ou vous seront données, d'autres sont à découvrir. Oui, je vous l'ai dit, explorer c'est utile.

L'exploration est donc rentable, et c'est aussi l'occasion de profiter un peu du monde et de ses environnements. C'est un monde ouvert plongé dans le noir la plupart du temps d'ailleurs, mais il profite tout de même de décors relativement variés. La direction artistique fait encore une fois des merveilles et les fans ne seront clairement pas dépaysés. Cependant, le fait d’être perpetuellement dans le noir, dans des caves, des grottes ou des donjons, peut aussi être assez redondant, d’autant plus que la caméra semble bien plus proche de notre personnage que dans Diablo 3.
Et dans la mesure où Sanctuaire est à feu et à sang lorsqu'il n’est pas tout simplement en ruine, il est difficile de s’émerveiller. Heureusement, le jeu réserve tout de même quelques surprises et se permet même de nous offrir quelques panoramas sous la forme de points de vue à dénicher. C’est toujours sympa pour profiter un peu des talents artistiques du studio. Pour le reste, le jeu conserve bien entendu sa vue isométrique si chère à la série.

Diablo 4 offre une infinité de possibilités

Narration, monde ouvert… Diablo 4 fait ici de très gros changements, mais réserve aussi d'autres surprises sur des mécaniques pourtant bien connues des acharnés de la franchise. C’est le cas par exemple avec les classes et la gestion des compétences. Diablo 4 propose cinq classes différentes à son lancement : Nécromancien, spécialiste de la magie occulte et d'invocation de compagnon; Barbare, une spécialisation pour ceux qui aiment rentrer dans la mêlée, là où le Voleur préférera se la jouer plus finement. Enfin, on trouve le Sorcier, spécialiste de la magie, et le Druide, ami de la nature qui peut aussi bien combattre au corps à corps qu’à distance avec de la magie. Cinq classes, pour autant de façons de jouer. Même si certaines se partagent quelques traits, comme un amour pour la magie ou une préférence pour le combat au corps-à-corps, les mécaniques sont quant à elles totalement différentes. Dans tous les cas, elles sont toutes redoutables d'efficacité et on n’en demandait pas moins pour décimer des légions de monstres rangées par paquet de cent. Alors oui, c’est parfois un joyeux bordel, mais c’est aussi ça que l’on recherche. Il est rapidement possible de déclencher une tonne d’effets à l’écran en pressant deux ou trois touches et le sentiment de montée en puissance arrive très vite. Surtout si, et il le faut bien, vous cherchez à optimiser votre avatar.

Des classes qui pourront à chaque fois être jouées de manières différentes grâce à une arborescence de compétences thématiques. Par exemple, le Nécromancien (classe principalement utilisée pour ce test) pourra tout à fait se spécialiser dans la magie du sang (idéal pour jouer sur le vol de vie), des os (de gros dégâts et un peu de résistance) ou capitaliser sur ses capacités d’invocation (pour ceux qui sont en manque de Féticheur). Vous pouvez également vous amuser à faire une classe mixte en piochant ici et là.

Diablo 4
Je me suis vidé les poches pour la photo.

Tout est fait pour que vous puissiez optimiser votre héros comme bon vous semble. Chaque niveau vous permet donc de dépenser des points de compétence dans un arbre particulièrement généreux et ainsi de déverrouiller plusieurs sorts que vous pourrez équiper dans la limite des emplacements disponibles, vous obligeant donc à concocter le build parfait. Notez qu’il vous sera possible d’en changer à la volée en attribuant les points de compétences souhaités moyennant quelques deniers. Enfin, une fois le niveau maximum atteint, c’est le nouveau système Parangon qui s’offre à vous, et il est bien différent de celui intégré avec Diablo 3.

À partir du niveau 50, vous débloquerez des points pour chaque quart de barre d’expérience franchi (soit 4 points par niveau), et ce jusqu’au niveau 100. 20 points supplémentaires seront à récupérer via la renommée de la région. Au total donc, vous aurez 220 points maximum à attribuer et pas un de plus. Cela va vous obliger à faire des choix, là où auparavant vous vous contentiez de booster votre personnage stat par stat. Dans Diablo 4, le Parangon est un monde à part. Un plateau énorme où vous pourrez acquérir de nouvelles statistiques, des effets supplémentaires sur vos compétences principales et tout un tas d'autres bonus qui feront de vous un véritable monstre de puissance. Le Parangon, offre en plus l’opportunité de choisir sa voie et d’optimiser son build au fil du temps. De très très nombreuses heures de farm et d’essais vous attendent.

Très clairement, Diablo 4 cherche à ce que les joueurs essayent tout un tas de choses. Les builds promettent d’être très nombreux, bien que leur équilibrage reste encore à déterminer. Seul le temps nous dira s’il y a des classes et des spécialisations qui sortent du lot en enterrant les autres. Mais pour l’heure, Diablo 4 offre suffisamment de diversité pour que chaque joueur trouve chaussure à son pied. Toutes les classes ont leurs propres mécaniques et elles se complètent finalement plus ou moins. Notez en revanche que vous pouvez parcourir le jeu de A à Z en solo et ce, peu importe le héros choisi.

Diablo 4 ne change pas sa recette, il ajoute surtout beaucoup d’épices

Pour le reste, Diablo fait du Diablo mais en mieux. On retrouvera ainsi tout un système de craft quelque peu ajusté, qui nous permettra d’améliorer notre équipement à la volée moyennant or et matériaux, mais également d’en augmenter la rareté afin de faire passer de l’équipement rare en légendaire par exemple.
De même, les gemmes sont une nouvelle fois présentes et obligatoires même pour améliorer nos statistiques. Ici aussi, vous pourrez les raffiner afin d’en améliorer les bonus et optimiser votre équipement comme bon vous semble. Autre mécanique intéressante, celle des Aspects. Les Aspects sont des bonus que l’on peut ajouter ou ajuster sur votre équipement. Des affixes “légendaires” que l’on récupère généralement dans des donjons dédiés éparpillés sur la carte. Il est impossible de passer à côté puisqu’ils sont clairement affichés sur votre map en tant que récompenses pour avoir nettoyé les différents donjons. Il existe plusieurs dizaines de ces bonus. Certains peuvent même être exclusifs à une classe particulière ou un type de pièces d’équipement. Par ailleurs, vous pourrez aussi récupérer ces bonus, sous la forme de pierres, sur certains boss ou directement en brisant un objet légendaire pour en extirper le pouvoir. Oui, les possibilités ici sont donc très nombreuses, d’autant qu’elles s'ajoutent à ce qui fait d’ores et déjà l'essence de Diablo : le loot.

Et tabasser des monstres par centaines et faire tomber de l’équipement est une nouvelle fois le nerf de la guerre. On aime Diablo pour ça. L’équipement est une nouvelle fois fourni (casque, torse, bras, jambe, pied, anneau, talisman…). S’il sera difficile de juger de l’équilibrage des différents builds, je peux d’office vous dire qu’il en existe un paquet aux effets variés. Inutile de s’amuser à vous dresser une liste d'exemples, ce serait un coup à vous perdre. Mais comme pour Diablo 3, certains bonus peuvent totalement changer le gameplay. Par exemple, en tant que Nécromancien, j’ai pu mettre la main sur un équipement me permettant de faire exploser des cadavres passivement en utilisant certaines compétences.
Notez également que vous aurez accès à un poste d’alchimie dans chaque ville. D’ici, vous pourrez vous concocter des potions aux effets spéciaux et améliorer votre fiole de soin. Plus question ici de looter des fioles vides aux effets spéciaux. Diablo 4 va au plus simple et vous demande tout bonnement de l’améliorer en montant de niveau notamment. Le tout, moyennant quelques ressources bien entendu.

Globalement donc, Diablo 4 reprend les mêmes mécaniques que son prédécesseur et les ajuste, les peaufine un tantinet et leur offre une nouvelle profondeur. C’est extrêmement généreux et la customisation de notre héros est plus poussée que jamais. D’ailleurs, c’est le cas dès le lancement du jeu puisque l’on passera cette fois par un petit éditeur de personnage afin de personnaliser les traits du héros que l’on incarnera durant des dizaines, centaines, voire milliers d’heures. Nous ne sommes pas sur un créateur de perso ultra poussé, mais sur quelque chose de suffisant. Visage, couleur de peau, chevelure, tatouages… vous pourrez choisir votre apparence à votre guise. Quant à l’armure, vous pourrez vous amuser avec la transmogrification tout au long de votre aventure. Il en sera de même pour celle de votre monture d'ailleurs.

PC PS5
C'est un bouquin de coloriage évidemment.

Il y a de quoi faire, mais il reste aussi beaucoup à voir

Une aventure qui pourra très rapidement être chronophage d’ailleurs. La campagne en elle-même, comme dit plus haut, peut vous tenir en haleine une grosse dizaine d’heures suivant votre rythme. L'exploration du monde augmentera significativement le chrono, et les choses sérieuses démarreront enfin lorsque le générique de fin aura défilé sous vos yeux. Oui, du endgame est d’ores et déjà présent sur Diablo 4. Pour être totalement transparent, il m’a été impossible d’en faire le tour complet durant la période de test. Il y a vraiment beaucoup à faire et il est difficile de parler d’endgame en si peu de temps. C’est quelque chose qui s'expérimente clairement sur le temps. C’est pourquoi je reviendrai prochainement avec un article entièrement consacré au contenu de fin de jeu et saisonnier.

Mais pour l’heure, lorsque la campagne se termine, c’est toute une nouvelle dimension qui s’offre à vous. Des défis temporaires sont rafraîchis régulièrement et vous permettent donc de farmer comme un furieux en accomplissant différents objectifs (nettoyer un donjon, affronter un boss, accomplir une mission donnée…). Chaque objectif accompli remplit une jauge qui, une fois pleine, vous donne accès à un coffre de récompenses. Des donjons spéciaux font également leur apparition, sans compter les niveaux de monde à débloquer et qui permettent non seulement de déverrouiller du contenu supplémentaire, mais également d’améliorer le taux de récompenses gagnées. Et ce n’est donc ici que la partie visible de l’iceberg puisque le système saisonnier arrivera lui aussi avec ses propres thèmes, ses missions et ses défis. Mais pour ça, il faudra patienter.
Dans le même ordre d’idée, il ne nous a pas été donné l’occasion de voir la boutique en ligne que proposera Diablo 4, ni même son premier Passe de combat. Impossible de se prononcer ici aussi, mais comme pour l’endgame, je reviendrai sur le sujet ultérieurement.