Hier soir, dans mon bain, un verre de vin à la main et quelques bulles savonneuses entre les orteils, je réalisais une chose toute bête. Finalement la proportion de titres purement japonais se montre assez faible pour ce lancement PlayStation 3 ! Alors, oui il y en a, et des bons même tel Virtua Tennis 3, ou encore Virtua Fighter 5, mais ce n'est pas non plus l'avalanche. Du coup, l'identité ouvertement bridée de ce Genji semble d'autant plus résonner comme un argument bankable pour fans du genre. Pas de doute, avec ses allures d'Onimusha mal dégrossi, cette aventure aux pays des samouraïs ambitionne de charmer les amoureux de joutes sur toile de cerisiers en fleur. Surtout que les espoirs étaient placés haut. Conçu par Game Republic, studio fondé par le fringant Yoshiki Okamoto (ex-producteur vedette made in Capcom), soyons clair, le projet avait de la gueule. Et pourtant... Oui, après quelques heures, trust me my friends, ce nouveau Genji sent au mieux le titre de commande... au pire l'opportunisme. En effet alors que le premier opus sorti sur PlayStation 2 en juin 2005 (au Japon) s'illustrait par une aventure aussi dense et ramassée (6h de jeu grand max !), que furieusement exaltée et techniquement aboutie pour son support... ce nouvel opus veut trop en faire. Trop vite. Trop fort. Résultat, je ne vous ferai pas languir. Genji : Days of the Blade dépeint la chronique du jeu sacrifié sur l'autel du « au day one, présent tu seras »... Amen.

Once upon a time in Japan...

Un peu d'histoire. Archipel nippon. Il y a fort fort longtemps. Il ne fait pas super beau. Le clan Heishi et ses cohortes d'âmes damnées déchirent le pays. Trois années se sont écoulées depuis la fin du premier volet. Toujours aussi gosbi gosbo, mais un rien vénère, le brave Yoshitsune effectue ici son fat comeback, escorté de 3 alliés de circonstance. Un bourrin, une voltigeuse, un fourbe des Carpates. C'est ainsi. En clair, pendant près d'une dizaine d'heures (soit deux fois plus que sur PS2 quand même), nos amis vont braver, trucider, exterminer du monstre. Le tout servi chaud bouillant à grands coups de sabre, de masse, de fléau d'arme et autres joyeusetés... Car oui, c'est beau un monde qui s'aime, et qui l'affirme sans détour.

Nouvelle génération en quête d'ambition !

Nous voici donc entraîné dans ce tourbillon martial bercé par la volupté next-gen de certains décors comme ce temple en flammes, ces falaises embrasées par le soleil rasant... avant de se morfondre, telles des âmes en peine, dans des temples aux couloirs copier/coller et aux textures violemment fadasses. Inégal. Oui ce Genji paye le prix de son développement réalisé à la vitesse du cosmos intersidéral. Une douzaine de mois pour donner vie à un univers qui, à nombreuses reprises, rappelle d'ailleurs celui de son prédécesseur. Et n'allez pas me parler d'habiles clins d'œil... Car au-delà de la réalisation, frustrante à force de louvoyer entre les deux extrêmes, difficile de ne pas être choqué par le game design d'une autre époque. C'est une évidence, pour nous convaincre, pour faire mûrir ce média, pour ne pas se limiter à la course aux polygones, cette génération de machines se doit de dépasser les codes établis. De chercher à transcender les expériences ludiques rabâchées, et désormais sclérosées par le poids des ans. Et c'est bien le souci de ce Genji : Day of the Blade. A proposer une expérience d'un autre temps, à multiplier les couloirs et les hordes d'ennemis à déboîter sans réelle passion, sans vraie innovation, il n'en reste qu'un clone sans folie d'Onimusha & Co. Aujourd'hui, il n'est plus acceptable de se retrouver avec des caméras aussi souffreteuses. Mal placées, obstruant l'action et parasitant la classe des combats au lieu d'en intensifier la dramaturgie. Oui, ces foutus cadrages massacrent l'impact de certaines séquences. Affrontements contre les boss en tête. Et que dire de la linéarité de l'aventure. Du game design d'une autre époque. Enchaînements classiques. Errements techniques pesants, comme ces ralentissements qui viennent entacher les scènes de bravoure où des dizaines d'ennemis s'agglutinent à l'écran. Nous sommes sur PS3 bon sang ! Alors oui le projet était ambitieux. D'ailleurs, visiblement trop pour un jeu ouvertement rushé et marqué au fer rouge par le sceau « day one » !

Etoile filante ou flippante ?

Pourtant il serait injuste de traiter d'abime ludique ce Genji 2. Car oui, soyons honnête, le titre dispose d'une certaine prestance. Son rythme, bien qu'entaché par quelques lourdeurs, reste dynamique. Alternance à tout moment (hop, une pression sur la croix directionnelle) entre les différents héros (chacun disposant comme de par hasard de spécificités complémentaires) apporte, par fulgurance, un second souffle à l'épopée. Si bien qu'on s'étonne à persister. Pas par passion, non. Plus par habitude, voire par envie que tout cela se bonifie... sans trop y croire. Et puis, il y a les p'tits plus qui font plaisir et les efforts qui touchent... sans faire mouche. Parmi les good points, on appréciera ainsi la possibilité de laisser les voix originales japonaises, ou de charger le jeu sur le disque dur afin d'optimiser les temps de chargement par la suite. De l'autre côté, il ne fallait pas se sentir obligé d'intégrer d'option Sixaxis si c'était pour la traiter de la sorte. Car si incliner la manette permet vaguement d'effectuer quelques roulades... le tout fait plus sourire qu'autre chose et se désactive illico presto faute d'une précision aux abonnés absents. Idem pour le pouvoir spécial qui zappe la possibilité de placer de jolis contres au ralenti comme dans le premier opus, pour lui préférer une classique séquence de Quick Time Event bien chorégraphiée certes, mais tellement conventionnelle. Croix-Carré-Rond-Triangle... ouaaaaais, je suis un king !! Super.

A l'heure du bilan, Genji : Days of the Blade joue donc les étoiles filantes. Pétillant un temps, il s'oublie en un battement de cils... tout en laissant l'espoir que bientôt nous apercevrons un autre essai plus lumineux, plus marquant. Remarquez, l'avantage avec les étoiles filantes, c'est que lorsqu'on en aperçoit une, on a le droit de faire un vœu. Quant à le voir exhaussé, c'est une autre histoire... Mais le plus beau reste encore d'y croire...