Dimanche soir confession : j'ai replongé comme un faible. Moi qui m'étais pourtant juré de ne plus toucher à un seul schéma tactique, de ne plus jouer les chasseurs de tête en Europe de l'Est et de ne plus irriter mon "impact player" en l'accusant de mettre le "dawa" dans le vestiaire, j'ai inséré la galette de la nouvelle version de Football Manager sur mon Mac. Erreur fatale. J'ai donc abandonné vie sociale, douces nuits et regard de braise à la minute même où j'ai cédé à cette pulsion conflictuelle. Et le pire, c'est que je ne regrette rien. Même pas cette allure de zombie mortifère que je traîne dans le métro au petit matin.

J'avoue avoir fait l'impasse sur mon pêché mignon d'adolescent depuis plusieurs éditions. Sans doute cette voix de la sagesse qui me disait que Sports Intercative Ltd. se contentait de reprendre chaque année ce qui fait l'essence de cette simulation de management footballistique en y apportant quelques features intéressantes, mais pas inoubliables, et surtout en mettant à jour son impressionnante base de données. Ce coup de polish superficiel ne valait pas cet investissement inhumain et ces kilos de junkfood avalés sur un bout de table. Mais cet automne, Football Manager 2013 promettait de faire sa révolution, réveillant dans mon "Moi" le plus profond mon côté mutin.

A l'origine de nombreuses ruptures

L'interface a en effet complètement changé, bouleversant mes repères et mes habitudes de joueur du dernier siècle, jusqu'au point de me faire avaler le didacticiel super bienvenu. La navigation, autrefois pas super instinctive avec ses menus à tiroirs bien lourdauds, n'a jamais paru aussi claire et aérée grâce à un système de personnalisation du bureau ergonomique. Un "plus" non négligeable dans la mesure où la quantité d'informations à l'écran est aussi riche que l'actionnaire actuel du Paris Saint-Germain.

Car, fidèle à sa réputation de simulation ultra pointue, FM 2013 est une petite mine d'or pour celui qui veut agir sur toutes les fenêtres de la gestion d'un club. De la conduite des entraînements au recrutement de futurs cracks (Ntcham à City par exemple), en passant par l'organisation de votre base tactique, tous vos moindres choix auront forcément un impact sur vos résultats et influenceront votre carrière et votre palmarès de technicien. Mais ça, si vous lisez ce test, vous le savez déjà. Autant s'orienter vers les petits plus de cette édition 2013. Ils se retrouvent principalement dans la gestion des entraînements avec un système plus dépendant du calendrier et la possibilité d'avoir à sa disposition un staff plus conséquent. Ça ne coûte pas plus cher de déléguer, comme dirait l'autre, et c'est même fortement recommandé pour sortir la tête du guidon. De quoi gommer cette part de hasard assez frustrante mais inhérente au genre.

Ces séquences de jeu réel sont toujours aussi longues à démarrer et le moteur 3D qui les met en scène encore laborieux. Mais cette réalisation antique, sans aucun artifice cosmétique, fait le charme de la licence et n'a pas besoin de lifting XXL pour convaincre ses aficionados de changer de crèmerie. Les efforts consentis pour faciliter les changements tactiques suffisent à eux-mêmes. L'extrême richesse du titre, son panel de fonctionnalités, ses mécanismes huilés et son côté addictif le rendent indispensables pour tout amateur de football qui se respecte mais qui aime se faire du mal. Car pour les sado-masochistes en herbe, trois modes de jeux dont le dénommé "Classic" (version édulcorée pour ceux qui ont moins de temps devant eux) viennent augmenter la durée de vie du soft. Le meilleur moyen de résister à la tentation, c'est d'y céder.