Mais au lieu de ça, l'éditeur japonais a eu une autre idée pour capitaliser sur les dinosaures et la fibre infantile de tous les jeunes adultes que nous sommes qui auraient usé et abusé de sucreries dans leur jeunesse. Robots, bastons, gros flingues, dinosaures, science fiction, explosions… voici les ingrédients d'un paquet de nanares direct to video. Un gloubiboulga d'éléments qui viendront assurément titiller l'esprit de nombreux ex-gamins des années 90-2000. Mais là, il n'est pas question d'un nouveau film signé des créateurs de Sharknado, mais bien d'un jeu vidéo, Exoprimal, un AAA que l'on doit à Capcom, papa de Dino Crisis.

Exoprimal patauge dès le départ

Je vous présente Exoprimal. Un déluge de bonnes et mauvaises idées. Un carambolage d'éléments censés venir séduire les adolescents qui ont cessé de grandir. Ça tombe bien je suis le sujet de test idéal pour ce genre de proposition que je sais par avance nanardesque. Je suis bon client, et des joueurs comme moi, il en existe un paquet. Capcom a donc une sérieuse carte à jouer en surfant sur l'aspect presque parodique de son jeu à l'instar de la licence Earth Defense Force (EDF pour les intimes) par exemple, qui en fait des caisses dans le domaine, assure le spectacle et arrive à nous éclater en nous décrochant même un sourire de temps en temps. On peut donc dire que sur le papier, Exoprimal vise une niche, mais a des arguments en sa faveur. Sauf que dans les faits…

Dans Exoprimal, on y incarne un super soldat (que l'on ira créer soit même via un éditeur au rabais), un pilote d'exosquelettes de combat qui doit affronter des hordes de dinosaures extirpés de force d'un univers parallèle par on ne sait quelle machination. Mais rapidement, les choses déraillent. Notre unité se retrouve piégée sur une île, séquestrée par une IA. Cette dernière a recruté de force des centaines de milliers de soldats dans notre genre à travers l'espace temps et les mondes parallèles afin de créer un gigantesque Battle Royale PvP-PvE dans lequel les soldats doivent affronter des dinosaures et s'affronter entre eux. Le but de la manœuvre ? Récolter des données, mais on ne sait pas pourquoi, et on s'en fout.

Exoprimal
Prêt pour la bagarre !

Scénario enfoncé dans la gorge au chausse pied

Si je ne vous ai pas perdu, tant mieux, mais je ne voyais pas vraiment comment faire plus simple pour parler de l'histoire. Elle n'est qu'un vulgaire prétexte pour donner une raison de vivre à Exoprimal. Mais la vérité, c'est qu'elle dessert totalement le jeu. Non seulement la suivre donnera mal au crâne à n'importe quel amateur de série Z, mais en prime elle n'a strictement aucun intérêt. Déjà parce qu'elle n'a absolument aucun sens évidemment, ensuite parce que les personnages que l'on croisera le temps de quelques cinématiques sont insipides et clichés au possible, mais en plus parce que sa mise en place est tout bonnement désastreuse.

Il suffit de jeter un œil au screenshot que je vous ai fourni juste au-dessous. La trame principale est en effet imagée par un gros cercle avec une arborescence de dossiers et sous-dossiers en son centre. À chaque mission, on en déverrouille des morceaux, et des cinématiques inutiles se lancent de temps en temps jusqu'au dénouement qu'on n'attendait certainement pas. Des codex fournis, des chronologies d'événements déroulant sur des kilomètres ou des amas d'onglets bourrés de texte, j'en ai vu un paquet ces vingt dernières années. Mais Exoprimal a fait fort, très fort dans le mauvais goût et l'anti-ergonomie. Cette espèce de bibliothèque d'événements en cercle est imbuvable et n'aide clairement pas à nous immerger dans l'univers.

De toute manière, la trame, parce qu'elle est bien là, se prend beaucoup trop au sérieux. Ça parle de manipulation, de complots, de multivers et de drames en tout genre. Mais ça ne prend pas, on n'y croit pas un seul instant et comme on décime trois ou quatre mille dinosaures entre deux cinématiques, on oublie.

Exoprimal
Je n'ai jamais vu un codex aussi peu lisible. Totalement raté.

Exo, dinos, dodo

Capcom a voulu se la jouer premier degré et c'est bien dommage puisque rien n'est sérieux dans Exoprimal. Déjà simplement parce que les missions que l'on enchaînera jusqu'à plus soif ne sont que des simulations, de faux affrontements mis en scène par cette fameuse IA qui nous veut du mal. Elle a d'ailleurs la chance incroyable d'être doublée en français par une vraie IA. En tout cas, j'espère, sinon l'acteur de doublage fait ici ce qu'il y a de pire en la matière. Notez d'ailleurs que seule la voix de l'IA peut être doublée en français, il faudra se contenter des sous-titres pour tout le reste, mais ce n'est pas un mal finalement.

C'est donc cette IA sans vie qui nous parle tout le temps et nous embarque dans des simulations de combat : la Survie Jurassique. Tel est le nom du seul et unique mode de jeu (hors end game) d'Exoprimal. Un mode JcJ-JcE qui oppose deux équipes de 5 joueurs dans des courses contre la montre qui se terminent parfois en confrontation directe. Dans un premier temps, chaque équipe joue de son côté, mais en même temps (les fameux mondes parallèles, tadoum !). Les joueurs doivent remplir une succession d'objectifs le plus vite possible pour atteindre la finale. Le combat final se déroule quant à lui en face à face direct, du moins presque. Les équipes partagent le même monde et la même carte cette fois, mais commencent chacune à l'autre bout et ne se rencontrent vraiment qu'à la toute fin. Seul moment vraiment tendu et très amusant de cette facette PvP. Pour le reste du temps, les seules interactions possibles avec l'équipe ennemie se résument à prendre le contrôle de certains dinosaures offerts généreusement par l'IA pour aller casser les dents de nos adversaires. Il est aussi possible de rendre leurs missions plus difficiles en liquidant des dinos génétiquement modifiés dans notre monde, ce qui aura pour effet de surbooster les monstres qu'affronteront l'équipe adverse.

Pour le reste, Exoprimal n'est finalement qu'un immense jeu PvE dans lequel nous et nos quatre copains robots allons nous farcir des dinosaures à la pelle. L'IA nous trimballe dans une petite carte et désigne des zones dans lesquelles se lancent des objectifs. 90% du temps il faut simplement liquider une certaine quantité de créatures, ou des monstres spécifiques. Ces derniers arrivent alors en plus ou moins grand nombre jusqu'à ce que l'objectif soit terminé. On passe ensuite au suivant et ainsi de suite jusqu'au grand final. Ici généralement la mission varie. On nous demande parfois d'escorter un cube de données, de jouer à un mode capture de zone, ou alors de liquider (encore une fois) des hordes de monstres.

test Exoprimal
Bien souvent, c'est un peu le foutoir, mais on est aussi là pour ça.

C'est pas si mal Exoprimal ?

Au lancement, on est clairement désarçonné. Lorsque l'on lance Exoprimal, on ne s'attendait clairement pas à des cartes si petites, clonées et surtout étroites. Où sont les énormes hordes de dinosaures que l'on voyait tomber en grappe depuis des portails dans le ciel ? Et bien, ces séquences existent, ce sont d'ailleurs les plus amusantes. Un effet World War Z réussi lorsque les dinos tombent littéralement par milliers du ciel et des immeubles. Mais elles sont terriblement rares, beaucoup trop rares. Il faudra près d'une dizaine d'heures de jeu pour commencer à en croiser régulièrement. Mais le plus gros des missions se résume simplement à faire la course avec l'équipe adverse en liquidant des dinos qui ne débouleront que par quelques dizaines finalement. On est loin du carnage chaotique teasé à chaque présentation du jeu.

En revanche, tout n'est pas à jeter. Non seulement les séquences où les dinos arrivent par milliers (vraiment des milliers) sont réussies, mais il en est de même pour les affrontements de boss en coopération à 10. Les deux équipes jouent ensemble pour liquider des monstres immenses, et c'est grisant. Mais encore une fois, trop rare. Les finales sont aussi hyper amusantes. On ne sait pas trop pourquoi, mais finalement tout ce qui justifie l'existence d'Exoprimal et le rend fun, est caché derrière un amas d'objectifs répétitifs et de missions sans âme.

Exoprimal test PS5
Là c'est chouette

Classique et générique

Et malheureusement, ce n'est même pas du côté des sensations de combat que l'on ira trouver notre joie. On a beau contrôler des robots hyper classes, et injustement sexualisés en passant (qui a besoin d'avoir un robot féminin avec une poitrine et qui marche en roulant des fesses s'il vous plaît ?), le fait est que les sensations n'ont rien de folles. Pas même sur PS5 puisque le retour haptique et les gâchettes adaptatives ne font que le strict minimum. Les explosions démesurées, l'utilisation d'armes ultra lourdes ou les cabrioles en l'air sont jolies à voir, mais c'est tout. Et encore, joli c'est vite dit puisque mis à part le design très réussi des exosquelettes, Exoprimal est ultra générique. Même les dinosaures, censés être exotiques vu leur provenance, n'ont rien de vraiment attirant. Pas même le T-Rex qui n'a aucune prestance. La direction artistique fait dans le très classique, les environnements se recyclent jusqu'à en devenir fou (on en compte 5 ou 6 de différents maximum) et en prime les textures font parfois mal aux yeux. Sans parler du manque cruel de détails et de finesse.

En revanche, s'il n'est pas très beau, Exoprimal est ultra fluide en toute circonstance et parfois, l'écran est totalement surchargé. On pourra donc se dire qu'ici Exoprimal fait match nul.Ne reste finalement que le fun qui pourra être présent de temps à autre, et surtout cette étrange addiction qui nous poussera à toujours relancer une partie. Bizarrement, même si l'histoire est anecdotique, et que le gameplay manque de patate quand il n'est pas répétitif, on a tendance à y retourner. Les exosquelettes sont nombreux et plutôt sympa à jouer. Il y en a pour tous les goûts. On retrouve par exemple des tanks capables de dévaster de larges zones, d'encaisser des dégâts grâce à de gros boucliers ou encore de provoquer les ennemis en jouant du sabre. Il y a aussi des supports pouvant voler, soigner ou encore entraver les mouvements ennemis, et enfin les DPS, des exosquelettes dotés de gros dégâts et de capacité destructrice.

Exoprimal joue ici la sécurité. Quelques statistiques passives à déverrouiller pour booster nos compétences, des exosquelettes qui peuvent monter de niveau et être customisés avec tout un tas de skins et des cosmétiques à débloquer ou à acheter avec de l'argent en jeu ou réel si le cœur vous en dit. Une boutique est bien présente, des petits DLC débiles à base d'émotes ou de costumes ringards (vraiment) aussi, mais absolument rien d'intrusif. Sur ça, on ne peut pas reprocher à Exoprimal de faire dans l'abus ou d'essayer de profiter des joueurs puisque le jeu a déjà largement de quoi satisfaire les collectionneurs.

Un exo féminin - Nimbus (couleur et design de base) -, un support agressif très sympa à jouer.

La fin des dinosaures

Une note enfin sur le late game, puisqu'il y en a bien un. Sachez que pour l'atteindre vous devrez au préalable vous farcir plus d'une quinzaine d'heures de Survie Jurassique, seul mode jouable pour faire avancer l'histoire. Une fois bouclé, vous aurez accès au Gant fraîchement sorti. Il s'agit d'un mode totalement coopératif dans lequel vous affrontez… des dinosaures et tenter d'établir les meilleurs chrono avec votre équipe. Le challenge change régulièrement histoire de rebattre les cartes à chaque fois.

À l'heure où ces lignes sont écrites, je n'en ai effleuré qu'une petite partie. Dans les faits, ça ne change pas grand-chose et on déverrouille quelques petites récompenses supplémentaires, reste à voir maintenant ce que Capcom a prévu pour faire évoluer son jeu. Pour le moment, des collaborations avec Street Fighter 6 et Monster Hunter sont prévues et d'autres suivront certainement. Les développeurs ont déjà décidé de faire vivre le jeu de nombreuses années, mais faut-il encore que les joueurs répondent présents. Ça, c'est une autre paire de manches et ce n'est pas un ersatz de Chat GPT qui va venir les téléporter de force cette fois.