L'idée directrice de Driver San Francisco, c'était de revenir aux sources tout en s'appuyant sur une vraie nouveauté centrale : le "shift". Ainsi, la "GTA-isation" du gameplay (permettant à Tanner de sortir de sa caisse pour flinguer à tout va) a été purement et simplement abandonnée. "Ouf", diront les vieux fans, car on revient ainsi à la bonne vieille formule 100% conduite du premier opus. Retour aux sources toujours, avec le terrain de jeu, San Francisco, qui est simplement gigantesque et propose comme chacun sait tout ce qu'il faut pour faire décoller sa bagnole au dessus du sol et exploser quelques piles de cartons dans des petites allées. Mais malgré tout, et comme je vous l'annonçais plus haut, ces bonne bases se voient dépoussiérées avec l'arrivée d'une mécanique de jeu centrale : le shift, qui permet à Tanner de sortir littéralement de son corps pour planer au dessus du sol, viser une autre bagnole dans le trafic et se propulser dans la peau de son pilote.

Une histoire de fou

Comment justifier ça dans un univers qui se veut réaliste et sérieux ? Mission impossible, serait-on tenté de dire, mais Reflections s'en est justement très, très bien tiré. Pour introduire rapidement l'histoire, on incarne donc à nouveau John Tanner, accompagné de son buddy Tobias Jones, et cet épisode commence quelques mois à peine après la fin de DRIV3R, au moment ou Charles Jericho est transféré de sa prison jusqu'au tribunal pour être jugé de ses crimes. Evidemment, le bougre est bien aidé à l'extérieur et réussit à s'enfuir. Tanner et Jones le prennent alors en chasse avec l'emblématique Dodge Challenger jaune à rayures noires et... BAM. suite à un accident, un 33 tonnes engloutit la bagnole de Tanner, et ce dernier sombre dans un profond coma.

Vous vivrez ainsi toute l'aventure (ou presque) dans la tête de Tanner, qui croit continuer son enquête et se rapprocher de Jericho, alors qu'il souffre en réalité au fond d'un lit d'hôpital, prisonnier d'un rêve. Je comprend que ça paraisse un peu tiré par les cheveux, résumé comme ça, mais en réalité c'est extrêmement bien intégré dans le jeu, avec beaucoup de soin sur les missions, les situations et les dialogues (remarquables, en anglais comme en français). A chaque fois que vous passerez d'une voiture à une autre par exemple, vous glisserez d'un corps à un autre, incarnant tour à tour une mère de famille à côté de son fils, un apprenti conducteur à côté de son prof, un mari en pleine dispute avec sa femme... des situations cocasses durant lesquelles les dialogues sont souvent drôles, Tanner prenant un malin plaisir à profiter de la situation pour glisser quelques blagues et surprendre ses voisins d'un instant.

Et pendant ce temps, Jericho...

Ah oui tiens, ces moments sont fort sympathiques, mais il y a une enquête à boucler quand même, hein. La structure du jeu, en monde turbo-ouvert, est d'ailleurs très agréable. La ville, gigantesque comme nous l'avons déjà dit, s'ouvre peu à peu et Tanner enchaîne les missions qu'il chope en free roam ou en shiftant directement d'un lieu à l'autre. Il y a les "missions Tanner", qui font avancer l'histoire à grand coups de poursuites infernales et de cinématiques vraiment classieuses (et très bien intégrées au moteur du jeu), mais aussi tout un tas de "missions urbaines", qu'on est obligé de pratiquer pour débloquer les missions Tanner (elles sont tout de même souvent liées au scénario principal), ainsi qu'énormément de défis, cascades et autres activités pas du tout liées au scénario. On les picore juste pour le plaisir, comme ça, chacune d'entre elles (plus de 150) étant plus ou moins courtes et rapportant des points de "Volonté" (la monnaie du jeu qui permet d'acheter des garages, des voitures et autres bonus). Vous pouvez aussi à tout moment incarner un flic ou un voyou pour des courses-poursuites endiablées, juste pour le fun. Il suffit de taper assez fort dans une voiture de patrouille et de prendre la fuite. Bref, il y a vraiment de quoi faire, qu'on ait envie de progresser ou simplement de s'amuser en ville. Seul regret : malgré quelques fulgurances, les missions aussi nombreuses soient-elles sont un brin répétitives.

Les rues de San Francisco

On retrouve donc avec plaisir cette ville aux rues-tremplins, franchement vaste, variée et blindée de circulation et de piétons. Côté réalisation, on peut être certes un brin déçu par la simplicité des bâtiments, sans relief et pas vraiment impressionnants au niveau des textures, mais force est de constater que Reflections a voulu avant tout favoriser une fluidité optimale (on est à 60 images/seconde quasi-constant) ce que je juge être le bon choix personnellement. D'autant que le travail sur tout l'enrobage, l'ambiance 70's, l'espèce de filtre sépia sur l'image, etc., donne vraiment beaucoup de personnalité à l'ensemble. Il y a quelque chose de vraiment grisant dans ces poursuites acharnées en vue cockpit (une réussite totale côté cadrage et mouvements des mains sur le volant), avec les cartons qui volent, les dérapages au millimètre, le crissement et la fumée des pneus, la musique funk en fond sonore... On se croirait vraiment dans Starsky & Hutch, Bullit et compagnie !

La bonne odeur de la gomme chaude

Mais tout cela ne voudrait rien dire sans une jouabilité au poil, évidemment, et comme je vous l'annonce depuis mes premiers hands-on, c'est une réussite totale aussi de ce côté. Les caisses ont vraiment du poids, la direction est diaboliquement précise, le contrôle des drifts nécessite du doigté, chaque caisse offre un feeling différent... Un vrai bonheur, surtout avec les grosses américaines aux suspensions bien souples évidemment ! A noter l'arrivée d'un turbo, sous forme de jauge qui se remplit automatiquement mais qu'il faut savoir bien gérer en course, mais aussi d'un pouvoir de "bélier", qui permet pour sa part de rentrer avec plus de violence dans un concurrent pour le faire partir en tête à queue ou pour l'endommager.

Bande de shifteurs

Cerise sur le gâteau : le mode multi est fun, complet et surprenant de qualités. Notez tout d'abord qu'on peut jouer dans 8 modes différents en écran partagé, sur la même télé, dans des conditions plus qu'acceptables. C'est devenu extrêmement rare et Reflections a vraiment fait l'effort de proposer quelque chose de convaincant. Clap clap. Maintenant, pour ceux qui ont une connexion internet potable et des amis au bout du fil téléphonique, vous trouverez pléthore de modes online excellents. Il y a les courses-poursuites, dans lesquelles l'un des joueurs incarne à tour de rôle le voyou en fuite, poursuivi par les autres. Lui ne peut pas shifter, mais les policiers oui. Il y a aussi des trucs plus originaux comme le Pistage, dans lequel il faut suivre une voiture de tête en collant le plus possible à son sillage jusqu'à atteindre 100 points. C'est tout bête, mais la mécanique du shift dans un tel mode apporte un plus considérable niveau fun, car il faut sans cesse essayer de s'approcher tout en balançant des camions sur son adversaire pour le bloquer ou le retarder. Une pratique très conseillée dans les parties en équipe, dans lesquelles il faut capturer un drapeau ou porter un trophée le plus longtemps possible. Et si l'on veut se concentrer plus sur la course pure et dure, d'autres modes comme la course de checkpoints ou le Sprint GP sont là pour varier les plaisirs. A noter enfin que tout ce mode multi se veut progressif, avec des points d'XP à accumuler pour monter de niveau, débloquer des compétences, des modes... Très fun et très complet, donc.

J'ai vraiment été emballé par ce Driver San Francisco, qui revient aux sources avec beaucoup de classe tout en renouvelant complètement l'expérience grâce à la nouveauté de gameplay du chef : le shift. Le pire, c'est qu'il l'intègre dans le scénario avec talent et originalité. Le jeu offre une conduite juste excellente, une fluidité exemplaire, une atmosphère 70's kiffante... et même un mode multi original et fun ! Bref, je lui pardonne aisément la relative simplicité graphique de ses décors, et même la répétitivité de ses missions, pour vous le recommander chaudement.