Amis du bon goût et de la poésie, soyez les bienvenus. Vous êtes à la recherche d’une bonne tranche d’humour ? De critique satirique de notre société et de dialogues bien foutus et bardés de bonnes vannes ? Et vous vous êtes dit que le retour de la franchise la plus polémique des années 2000 pourrait vous satisfaire ? Alors vous tombez à pic, puisque j’allais justement expliquer pourquoi il ne faut surtout pas jouer à Postal 4 et plutôt se diriger vers la concurrence. Oui les mots sont durs, mais les heures de jeu que je me suis infligées pour ce test l’étaient tout autant. Ne m’en voulez pas.

Avant ça, il y avait Postal 2

Postal 4, c’est l’histoire de développeurs qui, pour une raison obscure, ont décidé de déterrer une licence laissée pour morte après un troisième épisode qui n’aurait déjà pas dû voir le jour. Un opus de plus et de trop pour une franchise qui s’est fait connaître par des polémiques. Et pour ça, il faut remonter dans le temps, aux débuts des années 2000 avec Postal 2. Un FPS bourrin et décomplexé qui enchaînait les situations grossières et débiles en surfant sur tous les maux de l’époque et en enrobant le tout d’un sirupeux mélange d’humour gras, d’ultra violence gratuite et d’insultes à l’américaine.
Et à l’époque, ce fut un florilège de polémiques. Le jeu a été interdit dans plusieurs pays, censuré à tout-va, et amènera son lot d’articles salés ou d'excuses pour quelques associations qui tenteront une nouvelle fois de piétiner le jeu vidéo (Postal 2 s'en moque d'ailleurs en jeu). Pour contextualiser davantage, le jeu a également choqué parce qu’il surfait sur des faits d'actualité gênants. Notamment sur le terrorisme en le parodiant avec très peu de subtilité alors qu’en parallèle, les USA étaient balafrées par les attentats du 11 septembre 2001, et en pleine guerre d’Irak. Évidemment, Postal 2 ne s’arrêtait pas là et mettait sur le tapis tout un tas d’autres thématiques, mais en maintenant son cap dans l’absurdité la plus totale et la violence à outrance.
Si la presse et une bonne partie des joueurs ont détruit le jeu en plein vol, Postal 2 a tout de même pu jouir de cette mauvaise pub et en a profité pour, une nouvelle fois, surfer dessus. Devenant ainsi un jeu interdit à posséder absolument pour toute une communauté. Il sera d'ailleurs élu « pire jeu de tous les temps ». Un titre dont les développeurs sont visiblement très fiers. Au fil des années, le jeu deviendra même… culte pour beaucoup. Ne serait-ce qu'à cause de ce postulat faisant de lui un véritable navet / OVNI assumé. La blague aura donc fonctionné pour cette fois.

POSTAL 4 : No Regerts
Vu la couleur et l'urine, faudra penser à consulter d'ailleurs

Et maintenant on a Postal 4

Et si la mise au point est importante concernant Postal 2, c’est parce que ce quatrième épisode en est une suite directe et qu'il compte tenter le bluff comme son aîné. Postal 4 est non seulement vendu comme la suite du fameux « Pire jeu de tous les temps », mais en prime sa trame emboîte directement la fin du deuxième épisode. Après l’atomisation de son havre de paix, le Postal Dude (notre « héros ») cherche un nouveau nid pour tenter de toucher au rêve américain. Il s’arrête alors dans un patelin au fin fond de l'Arizona en bordure de la frontière mexicaine (un truc comme ça) et se remet à faire ce qu’il sait faire de mieux : être crade et violent. Autant vous le dire de suite, le jeu ne fera clairement pas polémique. Il a beau taper sur des thématiques qui ne plaisent pas forcément (l’immigration par exemple), le fait est que les mœurs ont changé et que de nombreux jeux ont fait pire que lui entre-temps (Hatred par exemple). Postal 4 ne peut donc plus que compter sur lui-même et être très incisif s’il souhaite s’en sortir. Manque de bol, il ne fait rien de tout ça et c’est une catastrophe à tous les niveaux.

C’est bien simple, il n’y a absolument rien à sauver. C’est rare, mais ça arrive. Quelques heureux élus sont si mauvais qu’il est parfois impossible d’en ressortir quelque chose de bon et ici, c’est le cas.
Postal 4 se veut satirique et scandaleusement comique (d’après sa propre description), mais on cherche encore. Pourtant, attention, je suis un très bon client de l’humour beauf et cradingue. Des jeux idiots comme Trover Saves the Universe, High on Life ou les boutades grassouillettes de la machine nympho d’Atomic Heart me font sourire. Mais Postal 4 n’a rien de tout ça. Il se contente de nous offrir la possibilité d’uriner sur commande, sur notre visage ou sur les PNJ qui errent comme des robots en ville. On a aussi le droit à un déluge de grossièretés sans queue ni tête, parfois rien qu’en marchant près d’un passant. On peut faire de l'exhibitionnisme, faire des doigts d’honneur en rafale, ramasser des peluches en forme de vulves, de pénis ou de morpions. Si vous le souhaitez, vous pouvez même stocker des animaux morts dans votre inventaire et jeter des immigrés à l’aide d'une fronde humaine contre les murs de la frontière… Et ce n’est ici qu’un aperçu des premières heures de jeu. Scandaleusement comique ça donc ? Non.

POSTAL 4 PS5
Un jeu normal où il se passe que des trucs normaux

On s’emm**de grandement

Le fait est qu’en prime, c’est très mal amené. Il n’y a absolument aucune raison à cela. Le jeu tient sur une semaine complète (in-game) où l’on doit faire tout un tas de jobs ingrats chaque jour. Dès notre première journée, on est par exemple amené à massacrer des détenus dans une prison totalement vide, changer des ampoules dans les égouts en tuant des rats à l’AK 47 ou encore enlever des animaux sauvages pour un gars un peu bizarre dans une fourgonnette de la fourrière. Le gameplay est basique au possible, on ne peut rien faire si ce n’est empiler des objets, sauter, interagir avec deux ou trois trucs qui traînent et manger tout et n'importe quoi. Le pire dans tout ça, c’est que Postal 4 se sert de ça comme un véritable argument de vente. Comme si empiler des objets avec une physique désastreuse pour atteindre des endroits surélevés de 23cm était révolutionnaire. Mais le fait est que l’on est plus en 2000, les choses ont changé. Et même en essayant de gratter notre fibre nostalgique, ça ne prend pas.

Postal 4 est ennuyeux à mourir, on n'a même pas de musique pour nous tenir compagnie, sauf cette horrible radio portable qui explose les tympans tellement le son est fort et ruine même les dialogues. Enfin, encore faut-il avoir envie de les suivre. Entre une écriture douteuse, des intrigues inintéressantes et une traduction française ridicule (et surtout incomplète), il faut avoir envie. Il n’y a même pas un seul personnage pour sortir du lot. Ils sont vulgaires, insipides et même notre pauvre Postal Dude n’a pas de charisme. Quoique, pour une raison que l’on n'arrive pas à expliquer, le mythique Jon St John, voix emblématique du Duke (Duke Nukem) est de la partie et peut être choisi comme voix du Postal Dude. Malheureusement, si c’est un petit plaisir de retrouver son grain de voix, St John ne tiendra pas la baraque à lui seul.

Jusqu'ici donc, c'est la cata. On se dit que l'on peut peut-être se rabattre sur le fun et les sensations de jeu dans ce cas, en empoignant fermement le fameux côté bac à sable et l’open world bourré de trucs à faire. Sauf qu’ici aussi on a rien de rien. Les activités annexes se comptent sur les doigts d’une main, les défis cachés se contentent de nous demander de tuer des civils en un temps limité et… et voilà.

Postal 4 mais pourquoi jouer à ce jeu ?
Oui, la PS5 a du mal à encaisser les espaces vides, ça mérite bien un chargement de 15 secondes en entrant

Et en plus c'est très vilain

L’open world quant à lui se résume à une grande (et immonde) carte d’assets clonés habitée par des PNJ (clonés eux aussi) qui errent sans but. Les bâtiments sont la plupart du temps vides, il n’y a aucune vie et rien ne se dégage dans les différents quartiers que l’on pourra explorer. D’ailleurs, que ce soit sur PS5 ou PC, on se tape des chargement en plein milieu de certaines zones, suivis de lourds ralentissements, et si vous faites demi-tour à ce moment-là, rebelote. Impensable en 2023, même pour un jeu de ce calibre et pourtant.
Cerise sur le gâteau, le jeu est tout bonnement immonde. Ce n’est pas juste moche et bugué, non, c’est tout simplement incroyable qu’un titre comme ça ose pointer le bout de son nez sur consoles et PC. Les textures sont laides, la modélisation désastreuse, les animations au rabais et la direction artistique n’essaye même pas de relever le niveau.
Le feeling est lui aussi complètement à la masse. Le Postal Dude est lent et semble glisser sur le sol quand il ne plane pas en sautant. Les armes n'offrent aucune sensation, l’impact des tirs est inexistant et les explosions sont dépassées depuis GTA 3. Par contre, l’arsenal est généreux puisqu’en plus des traditionnels pistolets, mitraillettes, grenades et autres fusils d’assaut, on peut aussi se battre avec une serpillère, brûler n'importe qui avec un jerrican d’essence ou encore tabasser avec une pelle. Dommage que ce ne soit pas amusant d’utiliser tout cet attirail. D’ailleurs, on n'a même pas mentionné le sound design, mais ce n’est pas plus mal. Lui aussi est désastreux et casse la tête et les oreilles.

POSTAL 4 PS5
Même les hôtels font des vannes en Arizona