Dès le premier coup d'oeil, il est impossible de ne pas évoquer Minecraft tant l'aspect graphique et les concepts de Portal Knights ressemblent à ceux du titre de Mojang. Comment pourrait-on en vouloir à 505 games de faire confiance à Keen Games pour le développer ? Ce Minecraft-like contient en effet tout ce qui fait le succès d'un bon jeu vidéo : des idées simples, des possibilités immenses et parfois complexes... Mais comment s'en éloigner assez pour faire un jeu original et ne pas en perdre le sel ?

Une pincée de RPG

Ce qui manque peut être à son modèle, c'est une histoire, quelque chose à raconter. Portal Knights le tente tout d'abord en introduisant son univers par une grande déchirure qui a séparé le monde en plusieurs îles reliées entre elles par des portails. Le fil rouge de la progression du joueur est donc tenu par la découverte de ces portails, puis leur ouverture grâce à des cristaux de quatre couleurs différentes.

Ces derniers sont à récolter sur des monstres ou en explorant l'environnement. Les combats représentent d'ailleurs une différence majeure avec Minecraft. Il ne s'agit pas simplement de survivre, mais d'accumuler de l'expérience pour faire évoluer le personnage choisi entre trois classes : guerrier, mage ou rôdeur, au masculin ou au féminin. Du coup, les combats prennent une certaine dimension tactique en gérant les esquives et les contre-attaques à placer judicieusement, tout en se servant de la topographie environnante. On "aggro" comme dans tout RPG qui se respecte. Il est d'ailleurs bien plus facile de commencer avec le mage ou le rôdeur, puisque tous deux utilisent des attaques à distance.

En revanche, ça reste léger du côté des événements qui donnent vie à l'univers de Portal Knights... Si les niveaux sont créés de façon procédurale et ensuite modifiés par les actions du joueur, les quelques PNJ rencontrés ne distillent que de rares quêtes et des conseils souvent inutiles. Les événements spéciaux, avec trésors et bonus à la clef, ajoutent cependant un peu de piment au voyage, en stimulant votre appât du gain. Et améliorer le quotidien, c'est également une grosse ficelle qui va vous attacher au jeu.

Partir de rien, dominer le monde

Les débuts sont difficiles. Il faut dire qu'avec une épée en bois on ne va pas très loin. La récolte de ressources et la confection d'objets vont occuper les journées (et les nuits, car le nycthémère est pris en compte) entre deux combats et explorations. Si les cristaux de portails peuvent être fabriqués grâce à leurs éclats, il faut disposer d'un outillage plus élaboré pour le reste. Bientôt votre maison, fabriquée avec vos mimines habiles, se transforme en atelier. Établi, table à dessin, four, enclume, mais aussi coffres pour stocker quantité de matières premières, permettront de confectionner armes, armures, potions et autres objets magiques (de protection élémentaire) afin de progresser en toute quiétude.

La progression est bien plus guidée que dans Minecraft, la façon de procéder identique. Il ne sera par exemple pas possible de fabriquer des armes en métal avant d'accéder à la seconde zone globale du jeu, les minerais étant introuvables dans les premières heures. Même sanction pour les diverses armures, capitales pour ne pas trépasser au moindre coup encaissé. La gestion de la partie fabrication demande pas mal d'organisation et même parfois la culture organisées de divers végétaux. Vous pourrez même exploiter des champs pour renflouer vos stocks de matières premières.

L'aventure en équipe

Jouable à quatre en réseau et à deux en écran splité, Portal Knights revendique une dimension sociale. Une excellente idée car le jeu se prête merveilleusement au travail d'équipe, que ce soit en combat ou pour la fabrication. L'affichage des textes et informations gagnerait cependant à être plus lisible, les polices de caractère sont trop petites et l'inventaire demande une certaine concentration pour être exploité convenablement.

Malgré cela, combiner un guerrier qui encaisse au corps-à-corps et un magicien ou un rôdeur qui attaque à distance est très efficace. Cet aspect multijoueur sauve complètement le jeu, qui deviendrait rapidement lassant autrement. L'univers ne développe pas assez la dimension RPG et on se sent très vite seul au milieu de tous ces cubes. La motivation viendra donc des combinaisons possibles à deux ou quatre joueurs et de toutes les interactions qui en seront issues. Portal Knights est donc à jouer entre amis et idéalement en réseau pour donner son plein potentiel.

Peut-il détrôner Minecraft ? Certainement pas. Par bien des aspects il est au dessus de son modèle, mais d'un autre côté il offre un panel de possibilités plus restreintes et donc une moindre richesse. Mais il constitue une belle alternative pour apprécier autrement un jeu de construction, et c'est de cette manière qu'il faut l'aborder. Il est d'ailleurs proposé à un prix tout à fait attractif.