Les jeux de moto ne sont déjà pas légion sur nos PC ou nos consoles, alors lorsqu'un représentant de la catégorie se présente, il ne faut pas laisser passer sa chance. Surtout lorsqu'il s'agit d'utiliser une bonne partie des assets déjà créés pour d'autres jeux du même tonneau. Le Supercross, c'est donc proposer de la course de motos en stade et de nuit façon grand spectacle. Exit les grands espaces, mais bonjour le Show !

Plein la vue

On ne peut que saluer le bond graphique effectué par rapport à MXGP 3. Ce dernier saute littéralement aux yeux avec le feu d'artifice qui ouvre la première saison d'une carrière qui s'annonce longue et personnalisée. Dès le premier départ, l'effet de flou aidant, on comprend la recherche du photoréalisme proposé par l'Unreal Engine.

Sur la version testée (PS4), malgré quelques ralentissement sporadiques, c'est beau et bien éclairé. Le fait que l'action soit cantonnée à une zone relativement restreinte aide évidement à tirer la qualité de l'ensemble vers le haut. Pour l'anecdote, on se demande encore pourquoi la technologie trueSky a été implémentée. Cette dernière sert normalement a procurer un rendu ultra-réaliste du ciel et de la météo... Sauf qu'il fait nuit tout le temps, que le ciel reste noir et qu'il ne pleut jamais. C'est la première d'une série d'incohérences qui émaillent malheureusement MES.

Plein la vue également pour les vues de jeu. On part de la traditionnelle caméra en 3/4 haut et sur l'arrière qui permet d'anticiper correctement les embûches à venir, mais donne également un sentiment étrange quant au comportement des deux roues. On a en effet l'impression que la machine est plantée sur un piquet avec un axe autour duquel elle va tourner en fonction des sollicitations du joueur. Cela va beaucoup mieux si on va jusqu'à la vue en première personne, où les sensations sont alors au rendez vous.

Un contenu dans l'ornière

Monster Energy Supercross vous propose de revivre toute la saison 2017 avec les véritables protagonistes du championnat. Si vous n'avez pas envie d'incarner notre frenchie de l'épreuve (Marvin Musquin), vous pouvez vous créer un avatar à votre nom, dont seul le pseudonyme apparaîtra dans les parties en ligne. Il faudra alors montrer votre valeur sur les 17 tracés officiels mis à disposition ou tous les tracés qu'il est possible de créer avec un éditeur assez complet, mais perfectible. Il y manque par exemple des éléments de décor et la possibilité de varier les textures de revêtements.

Partant de la catégorie 250 pour terminer en 450 (avec des conférences est et ouest), le contenu semble correct sur le papier. Cela est malheureusement pondéré par une absence totale de mise en scène (à par deux ou trois saynètes). En 2018, à l'heure ou l'habillage et l'enrobage donne de véritables personnalités aux jeux de sports mécaniques, MES manque cruellement de charisme. La carrière semble donc très plate et pour tout dire ennuyeuse au bout d'une vingtaine d'heures. Les quelques commentaires redondants des réseaux sociaux ne font pas illusion plus de 5 minutes. Il existe bien un système de sponsors, qui rémunèrent le pilote en fonction de ses performances, mais tout cela sonne faux et artificiel. Il ne s'agit que d'une liste qui déguise un objectif de classement.

Il y a pourtant de quoi faire évoluer les motos dans à peu près tous les domaines, qu'ils soient cosmétiques ou techniques, pour améliorer les performances. Ces dernières vont en effet varier dans des compartiments classiques en fonction de la configuration de la machine (vitesse, maniabilité, freinage, accélération).

Des incohérences qui tâchent

Ce qui intéresse au premier chef lorsqu'on parle d'un jeu de course, ce sont les sensations de conduite. Nous avons déjà constaté qu'en vue première personne, elles étaient au rendez-vous, mais ne vous attendez pas à avoir une simulation en face de vous, ni même un jeu arcade cohérent. Si les sauts sont effectivement très importants à gérer, trop de soucis viennent sortir le joueur du trip grand spectacle et vitesse.

Gérer les sauts pour retomber en pente descendante est primordial pour espérer faire un résultat. Avec la gestion de l'assiette de la moto en l'air, c'est tout à fait possible. Vous pouvez garder un bon rythme et gérer cela sans être tout le temps pied au plancher. En revanche c'est une toute autre histoire dans la négociation des virages. Donner un brusque coup d'accélérateur fait chasser efficacement pour orienter la moto correctement. Mais la fenêtre de sortie dans l'axe est tellement réduite, que vous aurez souvent envie d'user de la fonction de retour sur image pour retenter la chose. Toujours concernant les virages, pas d'ornières qui se creusent pour accrocher à l'intérieur et les extérieurs relevés ne permettent pas non plus de passer plus vite en sacrifiant la distance pour la vitesse. Pour couronner le tout, citons les bottes de paille qui restent magnifiquement au milieu de la piste si elles sont déplacées par des concurrents maladroits...

Les passages dans les whoops sont hyper-rapides et la moto survole littéralement les bosses, alors que le principe de ce type d'obstacle est souvent de se faire "avaler" avec un pilote qui reste stable et laisse la moto épouser la forme des bosses. Les chutes sont assez rares, mais lorsqu'elles se présentent, la physique est pour le moins étrange.

Les autres pilotes ne semblent cependant pas souffrir de ces soucis et il est quasiment impossible de réussir un Holeshot (passer le premier virage en tête). Ils démarrent comme des balles et même en appliquant la technique décrite dans le didacticiel (très aride) en lâchant l'embrayage au plus tôt, vous partez de toute manière sur la ligne extérieure. Aucune chance de réussir.

C'est vraiment dommage, car Monster Energy Supercross possède un bon fond et on sent qu'il ne lui manque pas grand chose pour convaincre tout le monde. Mais il manque de raffinage et, même si la concurrence ne se bouscule pas au portillon, un achat au prix fort pourrait en décevoir plus d'un.