En effet, la première chose à savoir sur Layers of Fear 2, c'est que les deux volets de la série ne sont pas liés. Fini donc l'atelier d'artiste et le peintre qui y habitait. De toute évidence, les développeurs considèrent que le premier jeu et son DLC bouclaient l'histoire, et ils sont passés à autre chose. Désormais, c'est dans un bateau de croisière que se déroule l'aventure. Celle-ci commence brutalement à l'intérieur de la cabine de l'acteur de cinéma que l'on incarne, sans que l'on sache ce qu'on y fait. Quelques notes écrites traînent par-ci par-là et nous font comprendre qu'il est sur place pour les besoins d'un tournage du film d'un réalisateur aux méthodes pour le moins particulières. Nous n'en saurons pas plus et ce n'est qu'au fur et à mesure que l'on avance que la trame prend forme.

Croisière pour un cauchemar

Toutefois, conformément aux habitudes du développeur, le scénario reste pendant l'intégralité de l'expérience relativement mystérieux et sujet à interprétation. Toutes les pièces du puzzle que l'on découvre, que ce soit par le biais de notes écrites ou de dialogues, sont cryptiques et ne suivent pas la logique de narration traditionnelle que l'on retrouve habituellement dans les titres horrifiques conventionnels à la Resident Evil. En clair, ne vous attendez pas à ce que tout ce que vous allez vivre soit prémâché, un effort de concentration et de réflexion sont nécessaires pour recoller les morceaux, un peu à la manière d'un film de David Lynch pour vous donner une idée (dont l'influence est d'ailleurs notable sur beaucoup d'autres aspects du jeu, notamment la mise en scène).

La méthode Bloober

Cette influence du septième art, on la retrouve aussi tout le long du jeu par le biais de magnifiques hommages à différents classiques, qui se présentent sous la forme de scènes mythiques revisitées et qui s'intègrent parfaitement au gameplay. Parmi eux, on retrouve entre autres Shining, Le Voyage dans la Lune, Seven, ainsi que (et surtout) Metropolis de Fritz Lang, via une sublime reconstitution de la scène de l'horloge qui vaut à elle seule le coup de se lancer dans Layers of Fear 2. Visuellement, le travail sur la colorimétrie se révèle impressionnant grâce à des filtres appliqués qui font passer l'ambiance d'un même environnement à quelque chose de complètement différent en une fraction de seconde, avec l'angoisse que cela génère. Bloober s'est permis d'expérimenter énormément, et cela fonctionne, aussi bien graphiquement que dans le déroulement des scènes, anxiogènes au possible, dans des décors qui varient énormément. On sent une volonté de sortir des sentiers battus et de tenter ; il s'agit d'un luxe que peu de développeurs se permettent à l'heure actuelle, malheureusement, mais qui dans le cas des polonais est devenu une marque de fabrique, et qui fonctionne toujours aussi bien.

D'un point de vue gameplay, on est dans le jeu d'horreur purement psychologique qui joue sur les situations anxiogènes et les environnements glauques et changeants en un battement de cils. Bien qu'au final, on soit plus dans une sorte de walking simulator horrifique auquel on a greffé quelques énigmes (relativement classiques) de par la quasi-absence d'action, la formule dans son ensemble marche à la perfection et vous maintiendra sur les nerfs pendant les six heures que dure l'aventure.

On regrettera néanmoins l'intrusion d'une petite poignée de scènes d'action pendant lesquelles on se fait poursuivre à travers les couloirs du paquebot comme une souris tente de fuir un chat sur ses talons, par un ennemi dont il faut absolument échapper sous peine de game over. Cela finit par donner un die and retry qui casse le rythme et nous fait sortir de l'atmosphère pesante dans laquelle on évolue. Un vrai cheveu dans la soupe qui n'entache toutefois pas les énormes qualités du jeu dans son ensemble.