Après avoir installé et développé sa colonie, Eivor pensait sans doute pouvoir se la couler douce, entre parties de pêche et autres beuveries locales, qui annoncent déjà une solide culture des pubs outre-Manche. Mais parce que rien n'est simple, surtout au IXème siècle, une lointaine connaissance va lui offrir une bonne occasion de (re)mettre les voiles, direction l'Irlande, et ses shamans locaux.

Le climat ? Oh, on Sinn Féin

Quelques chaleureuses et royales retrouvailles plus tard, voici notre guerrière viking bien décidée à filer un bon coup de main à son cousin le roi de Dublin, qui à l'avoir lourde, la main. Durant ses premières heures, La Colère des Druides se contente en effet de réciter ses gammes sans grand génie, en commençant d'ailleurs par ce que la série sait faire de pire : d'interminables marches au rythme léthargiques d'un PNJ local, chargé de planter le décor. Fort heureusement, l'intrigue dévoile rapidement quelques bonnes idées : entre la ville de Dublin encore balbutiante, et les prémices d'un catholicisme qui s'invite dans les luttes de pouvoir, ce premier épisode propose d'explorer quelques thématiques locales fort à propos.

La principale nouveauté de La Colère des Druides est d'ailleurs inspirée du libéralisme chéri de nos voisins d'outre-Manche, puisque l'arrivée d'Azar, sorte de fervent défenseur du commerce international, va pousser notre fière viking à établir des comptoirs un peu partout, histoire de dépenser à bon escient les matériaux dérobés ici et là (souvent en mettant le feu aux monastères environnant, une démarche toujours aussi sympathique, qu'on se le dise). L'occasion de looter encore plus de matériaux ? Evidemment. Et de découvrir des bugs qui avaient disparu de l'aventure principale. Assurément...

Bis repetitare

Malgré cette timide mécanique qui singe le développement de la Colonie dans l'aventure principale, ce premier DLC n'innove que très peu : la carte souffre évidemment d'une certaine redondance avec les paysages de l'Angleterre, et le brouillard trop souvent présent à l'écran ne permet pas d'apprécier à leurs juste valeur les monolithes plantés ici et là. Si nous ne rentrerons volontairement pas dans les détails de l'intrigue qui réserve quelques retournements de situation, défaire la secte druidique sonne pour le moment comme une timide variation (d'une douzaine d'heures tout de même) sur un même thème. Entre l'entretien des comptoirs et les missives qui arrivent par pigeon voyageurs, le rythme souffre très vite d'une certaine redondance, malgré l'ajout d'objectifs secondaires.

Les Druides éponymes se révèlent bien vite très quelconques, puisque leur principale mécanique reste de profiter d'un brouillard verdâtre pour dissimuler leurs attaques et lancer leurs monstres en avant, pour des affrontements brouillons et peu passionnants. Paradoxalement, ce sont sans doute les joueurs en cours de partie qui en profiteront le plus : accessible dès le niveau 55, La Colère des Druides se digèrera d'autant mieux que le compteur de jeu ne dépasse pas encore les 70 heures, et malgré la perspective de débloquer quelques menues améliorations (comme l'accélération du navire), cette mise en bouche nous laisse un brin amer, comme une Guiness qui aurait trop longtemps traînée sur le recoin du bar avant d'être dégustée.