Quatre mois après sa sortie, le très bon Kingdom Come Deliverance 2 accueille son premier DLC payant majeur. Sur le premier opus, Warhorse Studios avait su démontrer son talent pour proposer des extensions pertinentes et de bonne qualité. Qu’en est-il donc de cette nouvelle histoire baptisée « Natures mortes » dans la Bohême du 15ème siècle ? Voici notre avis sur sa version PC.
Disponible depuis le 15 mai 2025, le DLC payant « Natures mortes » propose donc, moyennant 5,99 euros, de retourner dans Kingdom Come Deliverance 2 aux commandes d’Henry dans une nouvelle intrigue originale. À noter qu’elle ne sera accessible qu’après avoir terminé la quête « Pour qui sonne le glas » dans l’histoire principale du jeu. Nous allons prendre notre meilleur pinceau pour tâcher de vous peindre un tableau représentant notre ressenti à propos de cette toile un brin diabolique, mais aux couleurs pour le moins claires obscures.
Le larbin Henry et le peintre maudit, la nouvelle intrigue de Kingdom Come Deliverance 2
L’aventure du DLC « Natures mortes » commence de manière pas très historique, sous la forme d’un message sur l’écran-titre du jeu nous demandant de nous rendre dans la région de Trosky, la première grande zone du monde ouvert médiéval de Kingdom Come Deliverance 2. Nous voyons alors sur notre carte un crâne rouge couronné de lauriers, nous indiquant où nous rendre. Sur place, une cinématique se lance, avec un homme d’un certain âge attaché à un arbre, et parlant justement à un crâne ainsi décoré. Cette rencontre fortuite tourne cependant court alors que des loups sauvages débarquent. En deux coups d’épée, nous éliminons la menace, et pouvons ainsi nous entretenir avec ce qui s'avère être un peintre du nom de Toyta. Celui-ci nous explique comment il s’est retrouvé là, alors qu’il s’est fait détrousser de ses précieux pinceaux par deux brigands. En bon chrétien qu’il est, Henry va lui venir en aide, mais se rendra vite compte que les apparences sont fort trompeuses, et que ce curieux personnage réserve bien des diableries à notre preux héros.

C’est ainsi que démarre le DLC Natures mortes, l’équivalent d’une quête secondaire très grand format, qui va nous emmener dans à peu près les quatre coins des deux grandes régions de Kingdom Come Deliverance 2. Ce mystérieux Toyta va en effet nous charger de différentes tâches pour le bien de son art, et nous allons au fil du temps en apprendre plus sur son passé torturé, visiblement influencé par des forces pas très catholiques. Si on retrouve encore l’écriture de qualité de Warhorse Studios pour nous conter une histoire, l’exécution de la chose laisse en l’occurrence grandement à désirer.
La plupart des quêtes du DLC Natures mortes vont en effet peu ou prou se réduire à des quêtes Fedex médiévales. « Va me chercher des pinceaux », « va me trouver un lieu particulier pour que je trouve l’inspiration en allant parler à cette vieille femme », « j’ai besoin d’un oeuf très spécial pour les pigments de ma peinture », « il me faut une potion contre mes étranges migraines » sont autant d’exemples des missions que Toyta va nous confier au fil de l’intrigue. Ainsi, Henry va voir du pays, et l’extension va exploiter toutes les ficelles qui font le sel du gameplay de Kingdom Come Deliverance 2. Nous allons en effet devoir persuader notre prochain, faire du vol à la tire ou du marchandage pour récolter diverses ressources, et de temps en temps faire tâter de notre fer quelques malandrins. Nous avons donc un condensé plutôt généreux de ce qui fait la force de Kingdom Come Deliverance 2… l’implication du joueur en moins.

Contrairement à l’histoire principale du jeu, où Henry joue, parfois contre son gré, un rôle principal dans l’intrigue, il est dans Natures mortes relégué au simple rang de larbin pour un vieux peintre qui n’est clairement pas tout à fait seul dans son crâne peint en rouge. Mis à part quelques moments il faut le reconnaître assez divertissants et comiques comme Kingdom Come Deliverance 2 en a le secret, rien ne motive vraiment le joueur à suivre cette histoire, exclusivement centrée sur ce nouveau personnage assez égocentrique, au passé certes intrigant, mais peut-être pas à ce point.

Un mécène qui n’est pas très généreux
Outre une nouvelle intrigue originale, un DLC payant se doit d’apporter de nouvelles mécaniques ou du nouveau contenu pour motiver le joueur de manière plus substantielle. En l’occurrence, Natures mortes peut se montrer encore assez décevant sur son terrain. En termes de nouvelle fonctionnalité, il faudra en effet se contenter de… pouvoir décorer son bouclier. Si nous avons le droit à de nombreuses options de personnalisation, et de nouvelles qui se débloquent en complétant la plupart des quêtes du DLC, cela n’a malheureusement aucun autre intérêt que purement cosmétique. Pire encore, la chose se montre plutôt limitée, puisqu’on ne peut pas voir le résultat lorsqu’on le porte pour se défendre, ni en se baladant en l’absence d’une vue à la troisième personne. De même, cela risque de décevoir les joueurs se battant avec une arme à deux mains ou sans bouclier.

En parlant d’équipements, le premier DLC payant de Kingdom Come Deliverance 2 nous offre naturellement de nouvelles armures et armes à récupérer au fil de l’histoire. Sauf que, là encore, les joueurs ayant déjà fini le jeu de base risquent d’être déçus. Dans notre partie, Henry portrait déjà ce qui pouvait se faire de mieux à tous les niveaux. Ainsi, la plupart des récompenses en complétant les nombreuses quêtes de Natures mortes n’avaient encore peu ou prou qu’un intérêt cosmétique pour diversifier notre garde-robe, mais se montraient statistiquement inférieures à ce que nous avions déjà.

On peut cela dit saluer le fait que le premier DLC payant de Kingdom Come Deliverance 2 soit proposé au prix de 5,99 euros, là où d’autres studios auraient pu aisément en demander le double. Si nous avons quelque peu rushé en abusant du voyage rapide pour en faire le tour en cinq heures, le terminer demandera environ 10 heures en prenant son temps, avec du contenu plutôt généreux d’un point de vue purement rapport qualité/prix. Est-ce que découvrir le passé tumultueux du peintre Toyta en satisfaisant toutes ses lubies tel le bon chrétien qu’est Henry sera une raison suffisante de dépenser ses précieux groschen ? Cela dépendra de la sensibilité de chacun. De mon côté, et avec un certain regret tant le jeu de base m’avait globalement beaucoup plu, je serais malheureusement plutôt enclin à répondre : pas vraiment. Mais peut-être suis-je influencé par un crâne rouge me susurrant des murmures impies. Les voies du Diable sont impénétrables.