Guillaume Delalande
(Journaliste / LCI)

Si j'aime profondément le jeu vidéo, ce n'est pas pour qu'on me raconte des histoires, c'est pour les vivre. En 2010, j'ai continué mon combat épique contre le complot mondial des Templiers dans la Rome de la Renaissance, j'ai vécu dans les pas d'un auteur à succès en panne d'inspiration et dont les pires cauchemars couchés sur papier ont pris vie devant mes yeux, et surtout, et pour la première fois dans un jeu vidéo, j'ai été confronté à des choix éthiques, un gros mot pour une expérience qui m'a impliquée comme jamais autre média n'a réussi à le faire.

Heavy Rain

Juste au-dessus, je parle bien entendu de Heavy Rain. Pour certains, c'est le meilleur non-jeu qui existe. C'est vrai, Heavy Rain n'est pas un jeu au sens classique du terme, il n'est pas exempt de défauts non plus (franchement, les déplacements) et pourtant... j'y ai vécu une expérience unique. On n'y "joue" que par des QTE, et pourtant j'ai dans la tête des scènes d'action mémorables. On y vit des scènes banales dans les premières heures, c'est justement là où s'installe un vrai spleen, une déprime bien réelle (attention d'ailleurs à ne pas y jouer si vous souffrez de dépression passagère). Quel film, quel livre, quelle pièce de théâtre a réussi a en faire autant ? Et, chose rare dans un "jeu" (faut-il l'appeler comme ça d'ailleurs ?), en me confrontant à des choix que j'espère ne jamais devoir faire, Heavy Rain m'a appris beaucoup de choses sur moi-même.

Alan Wake

Lui, il est arrivé avec l'ambition de faire vivre autrement ses histoires. Normal pour un auteur me direz-vous. Un jeu par épisode, comme les meilleures séries télé dont les créateurs s'inspirent d'ailleurs très ouvertement. De Twin Peaks à Lost, l'alternance entre moments de grands flips et balade dans Bright Falls m'a bien plu. Qui plus est, les sessions de jeu fractionnées avec chacune leur arc narratif et leur cliffhanger final (il faut l'avouer, plus ou moins original....) s'adaptent parfaitement à ma vie de jeune actif qui n'a plus 40 heures d'affilées à consacrer à un titre. Et avec des DLC plus réussis que le jeu lui-même, on peut supposer que Remedy commence à trouver son rythme de croisière avec Alan... impatient donc de vivre la "Saison 2".

Assassin's Creed : Brotherhood

J'ai été absolument conquis par Assassin's Creed II. Vivre les aventures rocambolesques mais toujours historiquement justes du bogoss Ezio dans l'Italie de la Renaissance a été mon coup de coeur absolu de l'an dernier. Une suite directe en moins d'un an ? Heu... j'avoue, j'ai eu très peur... Et pourtant, Brotherhood surpasse son aîné, avec moult détails de gameplay améliorés, on finit par sentir toute la puissance d'une confrérie d'assassins au creux de la main. Un mode multi parfaitement adapté à la saga. Une histoire toujours aussi passionnante et indispensable dans ma mythologie de la série. Et une montagne de bonus en tout genre à débloquer qui font que j'ai vraiment envie de vivre l'histoire à 100%.

Ma déception de l'année : Final Fantasy XIII
Par contre cette histoire là, elle m'a pas du tout donné envie d'avancer... Je l'avoue, j'ai pas réussi à dépasser la dizaine d'heure de jeu... Mais franchement, un titre où il faut jouer 20h pour qu'on sorte du couloir interminable dans lequel on a l'impression d'être enfermé, non, j'ai plus la patience ni le temps nécessaire. Et parlons-en de l'histoire... des archétypes de mauvais manga japonais perdu dans des stéréotypes vus et revus... ça marchait quand on avait 12 ans... ça le fait plus aujourd'hui... et je suis pas sûr que ça le fasse sur les gamins de 12 ans d'aujourd'hui... Un style très particulier qui a sans doute besoin d'un coup de jeune. Mais comment ne pas y perdre l'essence de Final Fantasy ? Une quadrature à laquelle SquareEnix ne pourra échapper dans les années à venir.

Mon plus attendu 2011

The Last Guardian

J'attends toujours de belles histoires. The Last Guardian nous promet de belles choses, mais sortira t-il vraiment cette fois-ci ? Plus sur, Ninokuni, l'alliance de Level-5 (Professeur Layton) et des mythiques Studios Ghibli nous promet une aventure pleine de magie. Le nouveau Zelda Skyward Sword aux contrôles plus précis m'intrigue. Et je n'aurai rien contre un Alan Wake 2 et un Assassin's Creed à la Revolution Française, à condition qu'une équipe parrallèle y ai bossé en secret depuis plus d'un an parce que là plus qu'ailleurs, l'attente serait énormissime mais bon, on peut bien rêver... en tout cas comme le disais si bien Lara (Fabian, pas Croft...), j'y crois encore...

Bonus !

Le jeu vidéo nous fait vivre de belles histoires. Des histoires qui en font une grande, d'Histoire. Et pour terminer cette rétro, je voulais saluer le travail réalisé en 2010 par tous ceux qui travaillent à la conservation et à la mise en valeur de notre patromoine commun. Au premier rang desquel MO5.com et leur expo MuseoGames. Espérons aussi avoir des nouvelles du Musée du Jeu Vidéo. 2010 aura aussi été l'année de Pix'n Love, avec le lancement de leur superbe collection sur les grands créateurs (je vous conseille très fortement les ouvrages sur Gunpei Yokoi et sur Michel Ancel), le rapprochement avec IG Mag et Console Syndrome Editions qui tous les deux font vivre notre Histoire dans le temps présent. 2010 a été l'année de la concrétisation, que 2011 soit celle de la reconnaissance !