Vantard, coûteux et décrié, François Fillon est... la PlayStation 3

Pliant tel le roseau marécageux mais ne rompant visiblement pas, Fillon personnalise désormais l'image du politique thug life qui s'en bat clairement les steaks, une attitude qui sied si bien à Sony, période PlayStation 3.

Après le raz-de-marée de la génération précédente, (155 millions de PlayStation 2 quand même, et cinq ans à Matignon) et une victoire écrasante aux primaires de son camp, Fillon - comme Aznavour, s'y voyait déjà. Le souci quand vous faites la course en tête, c'est vous pouvez être certains que tous vos gentils concurrents adversaires aux dents longues s'uniront pour vous pulvériser dans un subtil nuage d'atomes. Et là, c'est dans l'optique où vous êtes clean hein, je parle même pas du type qui trimbale de bruyantes casseroles ! Là j'ose même pas imaginer...

Sûr de sa victoire, Sony enchaînera les maladresses avec les mêmes régularités que le clan Fillon fait la une du Canard Enchaîné : $600 au lancement (Kaz Hirai n'oubliera pas de préciser qu'il faudra cumuler les emplois fictifs pour s'en payer une), un Sixaxis obscur qui lorgne sans vergogne sur la concurrence (« moi aussi je veux moraliser la vie publique m'sieurs dames ») ou une PlayStation Camera qui sent encore l'Eye Toy passée vite fait au micro-ondes, les exemples ne manquent pas !

Malgré le soutien des inénarrables Ciotti et autres Millon, la PlayStation 3 sonnera comme un demi-échec pour le constructeur japonais, rattrapé doucement mais sûrement par son adversaire d'Outre-Pacifique...

Punk, détonnant et WTF, Philippe Poutou est... la DreamCast

Le candidat anar' et hilare qui a accepté de prendre une balle pour les copains en participant de nouveau à l'élection présidentielle incarne à merveille l'esprit de la défunte DreamCast. Celle pour qui l'Internationale s'incarnait dans la promesse de faire jouer ensemble six milliards de personnes à l'instar d'une partouze soixante-huitarde aura vécu ses 18 mois de commercialisation dans l'allégresse de ceux qui n'ont plus rien à perdre.

Philippe Poutou, c'est un peu le « Jeu pour tous » en fait : à l'instar du renne qui permit soudainement à des millions de petits malins de faire un beau doigt (en l'occurrence, le majeur) au grand capital, en piratant sans vergogne le format pourtant propriétaire de Sega, la figure de (peu ou) proue du Nouveau Parti Anticapitaliste veut ouvrir grand les vannes des finances publiques. Pour le même résultat ?

D'une franchise qui frise l'irréel, Poutou avait confié en 2012 " Quand je me réveille, je me dis : « Merde, je suis candidat... » ". La dernière occurrence de Sega en tant que constructeur n'aurait pas mieux dit la chose : après une Saturn qui avait plombé comme il faut les comptes du géant matérialiste, la tournée d'adieux de la 128 bits maudite sonnait comme une insouciante fuite en avant, persuadée de finir la tête dans le mur.

Ainsi, dans quelques années, on repensera peut-être avec un zeste de malice à Poutou, candidat iconoclaste qui nous aura amusé avant de passer au plat principal, comme durant cette parenthèse enchantée de quelques mois, où une partie du monde moderne se mettait joyeusement sur la gueule en attendant fébrilement la PlayStation 2...