Avec ce test, j'aurais le tiercé dans le désordre puisque me voilà enfin dans la critique du premier Uncharted que j'ai fini il y a de cela peu de temps, quelques mois après Uncharted 3 : Drake's Deception et pas moins de deux ans après Uncharted 2 : Among Thieves. Ce test, je le dédie à mon très cher BlackLabel qui me l'a réclamé plusieurs fois. Il était temps de l'exaucer même si la critique risque d'être finalement pas si étendue que ça.

Les mecs aux commandes de ce projet sorti pour les débuts de la PlayStation 3 étaient pourtant déjà connus de nous tous pour avoir été les portes-étendard techniques et ludiques des deux précédentes machines de Sony. Crash Bandicoot est presque parvenu au statut de mascotte de la 32bit et même si j'ai la sensation que globalement la trilogie Jak&Daxter a été beaucoup sous-estimée ou oubliée par une bonne partie des joueurs, elle demeure pour moi un vrai canon ludique dans le domaine de la plateforme 3D sur l'ère 128bits. Malgré l'assurance qui aurait du être celle de Naughty Dog sur Uncharted : Drake's Fortune, jamais ce jeu ne fait quelque chose qui n'a pas de sens dans sa philosophie de base pour le simple plaisir de nous piquer les yeux.

Uncharted : Drake's Fortune, c'est donc l'histoire de Nathan ''Nononono'' Drake qui cherche des trésors en compagnie son escroc d'acolyte Sully. Histoire de financer sa nouvelle expédition et de mettre au jour sa prétendue appartenance à la famille de Sir Francis Drake, il va participer à un projet de chasse à l'El Dorado documentée en vidéo par la belle Elena. Je n'apprendrais rien à personne en disant que ce pitch rappelle fortement les péripéties d'Indiana Jones, d'Allan Quatermain, de Benjamin Gates ou encore Jack Colton. Plus que son scénario le premier Uncharted partage surtout avec les films dont ces personnages sont les héros, un sens de l'aventure du dépaysement et de l'humour hollywoodien qui sera le mantra de la série. Pourtant, ce premier volet a quelque chose en plus. Ce premier Uncharted est humble. Il est excellent mais surtout sans arrogance et ça, ça fait la différence sur beaucoup de points.

Indiana Jones

Allan Quatermain

Jack Colton

Benjamin Gates

Nathan Drake

Parce qu'il va bien falloir que je sois quand même un minimum précis pour parler du jeu, je vais rapidement faire un topo en forme de lapalissade. Uncharted : Drake's Fortune est un TPS. Ce qui est assez surprenant, c'est que c'est un TPS qui a sa propre personnalité quant à son gameplay et sa gueule. Prenez n'importe quel autre jeu du même genre et vous trouverez le cover shooting horizontal associé irrémédiablement au générique Unreal Engine 3. Uncharted parvient dans ce domaine à créer sa propre école. Visuellement, le jeu est toujours très jolie. On tiltera sans doute aujourd'hui sur les visages de cire des personnages, un côté un peu trop brillant et l'aliasing prononcé très caractéristique du début (et un peu plus) de la PlayStation 3. Cependant nul doute que par sa gamme colorimétrique forte qui est restée une tendance artistique originale face à ces concurrents, ses détails par milliers sur les textures, les environnements et sa justesse d'animation, ce premier épisode reste un jolie petit canon visuel d'autant plus qu'il n'en fait pas des caisses.

Car artistiquement le jeu est sans doute le moins outrageusement violent de la série. Alors que les deux suites ont pris le parti de proposer beaucoup de destinations très différentes, Uncharted : Drake's Fortune propose essentiellement des décors de jungles ou de temples avec beaucoup de teintes de vert. Ce qu'il perd sans doute en diversité, il le gagne en cohérence et en impact lors des séquences plus fantaisistes. La plupart du temps, après avoir crapahuté dans une jungle fort jolie mais également assez banale, on est immédiatement saisi, impressionné de découvrir un énorme sous-marin sous une cascade ou de remonter le fil d'un courant qui nous amène à une cité engloutie. Ce premier épisode amène donc avec une bien belle subtilité des moments de surprise artistique qui décrochent la mâchoire, là où l'avalanche de scripts et de situation toute plus abracadabrantesques les unes que les autres du troisième volet tue toute admiration pour ce qui se produit sur l'écran.

Les visages assez lisse (bien que très bien modélisés et animés) et un l'aliasing parfois un peu prononcé sont les deux seules choses qui rappellent que le jeu à pris un peu de bouteille...

Pour le reste c'est encore très beau et avec seulement de la jungle et des temples, le jeu arrive à admirablement renouveller ses ambiances sans faire nous balancer quarantes destinations à la tronche.

Pourtant avec cet épisode, Naughty Dog n'a pas lésiné sur l'action. Pour le coup Drake est sans doute dans le moment le moins diversifié de sa carrière puisqu'après une première attaque au tout début du jeu sur un bateau où l'on apprendra qu'être chasseur de trésor, ça n'est pas incompatible avec une activité proche de la guerre, on ne cessera pendant tout le jeu de passer par des séquences plutôt longue de gunfight entrecoupées de moments plus calmes d'observation ou de puzzles très léger. C'est ici que s'illustre la seconde originalité de Uncharted après son moteur maison. Loin d'être aussi rachitique et prompt à téléporter le personnage derrière sa barricade comme Gears of War peut le faire, Uncharted est clairement pensé comme un jeu plus fluide et libre en terme de mouvement. Sur ce premier volet, ça n'est d'ailleurs pas bon à cent pour cent puisqu'il n'est pas rare qu'on se retrouve à découvert comme un idiot après une malencontreuse roulade quand on cherchait juste à se décoller de sa position de couverture. Sur l'ensemble de l'aventure, il y a plusieurs petites imprécisions de ce genre qui ont été gommées avec le second volet (et qui sont réapparues avec le troisième) et qui, associées à une difficulté très pimentée, peuvent irriter.

La première séquence de jeu donne le ton, on ne va pas chômer au niveau du combat.

En effet et c'est encore un secret de polichinelle, Uncharted : Drake's Fortune est le volet le plus dur de la trilogie les doigts dans le nez et parfois pas pour de bonnes raisons. Si l'on m'avait surtout annoncé des séquences en jet-ski à se pendre, séquence qu'en bon pilote de VC j'ai apprécié, j'ai été particulièrement dégoûté par un ou deux passages parfaitement mal designés avec repop d'ennemis, hitbox étrange et configuration du niveau inconcevable. Sur certains points, on sent clairement que la formule se cherchait encore. Le souci principal vient du fait que le jeu mise surtout sur les mouvements mais que dans le même temps, elle donne assez peu de munitions au joueur compte tenu du nombre de balles qu'il faut pour abattre un ennemi en mode normal. En mouvement, on tire forcément moins bien et les balles perdues sont souvent légion ce qui a tendance à transformer certaines arènes en puzzle-game où l'on cherche LA solution qui nous tirera de la panade. Le problème étant également que la plupart des arènes en question doivent être vidées pour permettre au jeu de continuer l'aventure.

Les deux séquences en jet-ski ne m'ont pas posé de problème.

Par contre tous les passages avec ces trucs à la con tiré au choix de The Descent (exemple ci-dessus) ou The Lord of the Ring, étaient une vraie plaie avec une difficulté vraiment frustrante. Le jeu est assez relevé et challengeant, mais cerains passages sont simplement agaçants.

Pourtant, on lui pardonne. On lui pardonne parce qu'Uncharted : Drake's Fortune est un jeu qui veut bien faire et qui fait vraiment bien la plupart du temps. L'histoire est contée de manière classique mais via des cinématiques bien cadrées et très bien interprétées. Le jeu ne lésine pas sur les plans larges quand c'est nécessaire mais ne propose pas une avalanche de scripts à couper le souffle et surtout, Nathan est dans cet épisode, certes un meurtrier (ça on y échappera pas de toute façon) mais au moins n'a-t-il pas cette constante manie de tout faire s'écrouler autour de lui.

Alors oui on regrette les gollums version The Descent très énervant quand ils se mettent dans les pattes d'un gunfight déjà atrocement ''busy''. Oui, on pourra considérer certains tournants scénaristiques un peu prévisibles. Oui, on pourra trouver des imprécisions de gameplay qui associées à la difficulté pourront de temps à autre pousser à un cri primaire et sauvage. Mais ce premier volet est honnête et sans fioriture. Il n'essaye pas d'être TPS avec un peu de plateforme médiocre et sans sensation ou d'ajouter des reflets de Tomb Raider pour légèrement faire oublier les immeubles qui se cassaient la gueule dans la cinématique précédente. Non Uncharted : Drake's Fortune est un TPS avec une bonne histoire dans l'ensemble, quelques puzzle mineur pour les temps de repos, une direction artistique inspirée, colorée mais sobre et qui parvient à retenir l'attention avec son spectaculaire, parce que son spectaculaire n'est pas omniprésent. Je ne sais pas si je le considère meilleur que le second volet (qu'il faudrait que je refasse) mais une chose est sûr Drake's Fortune est bien meilleur que Drake's Deception. C'est un jeu qui se sert d'une nouvelle technologie pour porter sa DA et son gameplay et pas l'inverse. Et ça c'est une leçon à retenir pour beaucoup de gros studios.