Vous connaissez sûrement les films Kick Ass au vu de leur succès (le premier a rapporté 96 millions $ pour 30 millions $ de budget en 2010 ; le second 59 millions $ pour 28 millions $ de budget en 2013), mais avez-vous lu les Comics ?

Le pitch 

Dave Lizewski est un lycéen ordinaire vivant à New York. Il n'est ni la grande gueule ni le souffre douleur de la classe, il se décrit lui-même comme étant « moyen à tout point de vue ». Il vit avec son père dans un petit appartement, et cette vie lui parait mortellement ennuyeuse.

Toujours le nez dans ses Comics, il a un jour une révélation : « Pourquoi personne n'a jamais essayé de devenir un Superhéros dans la vraie vie ? ». Dave s'achète alors un costume loufoque (une combinaison de plongée verdâtre) sur eBay et arpente les ruelles mal famées en quête d'action.  

 Des racailles ne manquent pas de le remarquer, au vu de sa drôle de dégaine. Dave ne peut plus reculer, il affronte le danger pour la « bonne cause ». Et comme il n'est pas préparé à se battre, contre plusieurs adversaires de surcroit, il se fait méchamment tabassé. Cette humiliation n'ayant pas l'air de satisfaire les racailles, ils décident de le poignarder et de le laisser pour mort.

Dave titube sur la route et une voiture vient le percuter de plein fouet. Le choc est tel qu'il doit subir quatre opérations chirurgicales et passe trois mois à l'hôpital pour s'en remettre. Mais la médecine a ses limites, et certaines de ses terminaisons nerveuses sont irrémédiablement abimées.

Cet handicap pour le commun des mortels constitue un « super pouvoir » pour celui qui rêve de ressembler à Batman et consorts. Dave ne ressent quasiment plus la douleur, ce qui lui confère une résistance physique tout à fait incroyable. Lors d'une ronde, il réussit à sauver un homme qui était en train de se faire agresser. Un passant filme la scène avec son téléphone portable et poste la vidéo sur YouTube. Un Superhéros est né.

Le dessin

J'avoue qu'au départ, il m'a fallu un moment pour m'habituer au trait assez épais de John Romita Jr. Surtout que les premiers volumes sont techniquement les moins bons. Puis, j'ai été agréablement surpris par la suite : la qualité des dessins intérieurs est au niveau des couvertures, ce qui est en général assez rare puisque les éditeurs mettent le paquet sur l'aspect extérieur.

L'insensibilité de Dave est un prétexte pour nous balancer au visage un déluge de violence, de torture et de jets d'hémoglobine. En parallèle à cet aspect spectaculaire, le trait épais de John Romita Jr. s'adapte parfaitement au quotidien de Dave, englué dans une adolescence poisseuse.


Conclusion

Si Aaron Taylor-Johnson incarne un Kick Ass convaincant au cinéma, et que l'on est ravi de Chloë Grace Moretz en Hit Girl en plus des stars Nicolas Cage (Big Daddy) et Jim Carrey (Colonel Stars and Stripes), il faut bien avouer que les Comics proposent un récit plus vraisemblable, et s'autorisent un degré de violence largement supérieur aux films.  Satisfaire le grand public et garantir une pérennité commerciale a déçu les fans.

Le réalisateur Matthew Vaughn propose un premier film honnête, mais dont les excentricités destinées à arracher un « Waouh ! » aux teenagers paraissent un peu déplacées. Le réalisateur et scénariste Jeff Wadlow, en charge du second film, fait moins bien que son prédécesseur en termes de mise en scène. Davantage de fidelité aux Comics aurait été le bienvenu.

L'idéologie en toile de fond est également dérangeante, oscillant entre le discours catastrophiste « la police n'a pas les moyens de lutter contre la criminalité » et son corollaire, l'apologie de l'auto défense : « faites justice vous-même ». Mais là où les Comics proposent une critique féroce du mythe du Superhéros, les films se contentent d'enchainer les scènes d'action, sans prise de distance salutaire.

J'attends donc le troisième Comics de Mark Millar et John Romita Jr. avec impatience, tandis que je suis partagé concernant la suite au cinéma.