Note : ce billet m'a semblé particulièrement long à écrire pour une raison qui m'est inconnue... Prenez un café et votre chat sur les genoux avant de commencer !


Le 21 février 2011 :

Dernière semaine. Ce sera la plus longue. Mon corps ne s'y trompe d'ailleurs pas : il s'arroge une demi-heure de sommeil en plus. J'arrive donc en retard au staff.
Nadia, qui n'était pas là vendredi, est toujours portée disparue. Ce qui fait que l'on a du s'occuper de ses patients à sa place.
J'ai l'impression de n'avoir rien fait de concret aujourd'hui, mais entre l'observation écrite sur le comptoir à l'arrache, le rendez-vous à prendre en radio, les patients à voir, leurs dossiers à annoter...

Pourquoi faire du sport lorsque l'on est externe ?

Le 22 février 2011 :

Aujourd'hui, j'arrive de peu en retard au staff. Après celui-ci, Madalina, la chirurgienne thoracique nous fait cours sur les cancers bronchiques. Mais avant ça, elle doit faire un tour à la laverie : la malheureuse a oublié dans la poche d'un de ses pyjamas de bloc une bague en diamants...
Ce qui nous laisse une demi-heure entre externes. Nous abordons la question du pot de départ. Vu mon non-enthousiasme débordant pour préparer quoi que ce soit, je me contenterai d'acheter du jus de pomme.
Puis, vu que personne n'osait se lancer, j'ai dû jouer la brute de service pour demander à Nadia, restée muette toute la matinée durant, la raison de ses absences. Elle nous a dit que ça ne nous concernait pas, avec une suffisance bien crasse. Mais on l'a vite remise à sa place. Ça, c'est fait.

Le cours peut ensuite commencer. Non sans Edwige qui appelle Madalina, d'impatience de nous voir sur le pont. Quand on revient dans le service, vers 10h30, c'est similaire à hier : des courses dans tous les sens... Donner une ordonnance, faire un bon de radio, voir les patients entre l'infirmier et la technicienne de surface... Au moment où je veux faire une observation, c'est déjà l'heure des repas. Grmbl. On réessaiera demain.
A noter que pendant que je plaisantais innocemment avec Nicolas S., Edwige, qui passait par là, s'est sentie obligée de me dire que « ce n'était pas parce que la dernière visite s'était bien passée » que je devais « prendre la confiance ». Hmmm.... Je ne sais pas pourquoi, mais je sens le coup fourré...

Le 23 février 2011 :

Que dire, sinon que ce mercredi est quasi-similaire à la veille, qui l'était déjà à l'avant-veille...
Cours sur les traitements du cancer pulmonaire, à lutter contre le sommeil, puis courir de droite à gauche pour remplir et donner des bons...
En plus de tout ça, j'ai une observation à faire pour un patient pris en charge pour sa claudication intermittente, traitée par la pose d'un pontage fémoro-poplité gauche. J'ai aussi refait l'observation d'un des patients de l'externe qui a rattrapé il y a deux semaines : elle s'était embrouillée dans les motifs d'hospitalisation et l'historique était désordonnée.

Pour faire court, c'est un patient de 66 ans qui a eu une endartériectomie à ciel ouvert de la carotide gauche à Rouen ; elle a raté de par la localisation trop haute des lésions. Il a donc été amené à Créteil, où on lui a fait une endoprothèse carotidienne en passant par voie fémorale.

Un mois après, on s'occupe de sa carotide droite, sténosée asymptomatiquement à 80%. On use de la même technique que précédemment, c'est-à-dire la pose d'endoprothèse. Sauf que quinze minutes après la fin de l'intervention, un hématome se forme au niveau du cou et le malade fait un arrêt respiratoire. Il est ranimé ensuite.
Vingt-quatre heures après, une sténose est apparue au niveau de l'abord fémoral, ce qui a entraîné une ischémie aiguë du membre inférieur droit. Un pontage fémoro-fémoral a donc été fait en urgence, avec une aponévrotomie de décharge pour éviter un syndrome des loges. Dix-neuf jours se sont écoulés depuis le sauvetage du membre.

Ses orteils, nécrosés, ne vont pas tardés à être amputés. Je lui ai fourni un déambulateur hier, il a retrouvé un semblant d'autonomie.

Avec toutes ces choses à faire, je suis resté jusqu'à 14h.

J'ai fait mon travail. Demain, ils peuvent me taper, j'ai l'esprit tranquille.

Le 24 février 2011 :

Bon, enfin, la dernière visite.
Deux patients sont partis au bloc, ce qui me rend plus facile la venue aux nouvelles quotidiennes.

Quand la visite commence, pas de Pr. Deg, ni de EA. C'est donc Edwige qui s'en occupe. Haha...

Mes patients, je les connais. Pour me coller, elle m'a donc posé des questions bien spécifiques du type « quelles sont les indications d'une endoprothèse par voie fémorale ? » ou « quelles sont les surveillances à effectuer après un pontage ? ». Vu que l'on n'en avait jamais parlé avant, je réponds de manière très parcellaire.

Edwige peut donc bien s'amuser à m'enfoncer devant mes camarades. Après avoir présenté mes patients, Alexandros, qui a dû remarquer la vapeur qui sortait de mes oreilles ou mes dents qui grinçaient, m'a pris à part pour me dire de ne pas me démonter et de rester logique quand on me pose des questions, bien qu'il m'avoua avoir bien remarqué qu'elle m'avait pris pour cible.

Le reste de la visite fut interminable. Le Pr. Deg, qui a pris le train en marche, était sans cesse interrompu par son DECT ; une patiente a dû brancardée par Nicolas S. et moi en écho-cœur, aller et retour ; des bons à remplir...

On a fini aux alentours de 13h45, l'horreur.

Et demain, nous passons l'évaluation finale de stage. Je vais donc m'y préparer de la meilleure manière qui soit : en ne faisant rien.

Le 25 février 2011 :

D'ailleurs, en toute logique, j'arrive bien en retard en stage. Je me débarrasse presto des transmissions que me donnent Edwige, puis je me laisse pousser un gigantesque poil dans la main jusqu'à midi. Je ne suis d'ailleurs pas le seul à subir les affres du déficit de concentration : tous mes coexternes ont l'air de ne plus en pouvoir.
Je passerai donc ma matinée à bavarder, envoyer des SMS et tweeter...

14h00 : Après avoir profité de l'opération « sang contre repas de midi gratuit » de l'EFS, je me rends dans le bureau du service, où mes coexternes sont en effervescence, à réviser toutes les notions auxquelles on a touché, et même plus.
De mon côté, je me prends une chaise et je pique un somme : j'ai la tête qui commence à tourner...

Enfin, après plus d'une demi-heure de retard, Edwige se montre enfin. Mais ce n'est pas pour cela qu'on commence. Un patient apparemment à moitié mort a été transféré dans le service (à cause d'urgentistes qui voulaient s'en délester), et sa famille est là. Et ils demandent des explications.
Frédéric prend le relais et Edwige peut enfin nous faire passer, nous distribuant chacun un dossier aléatoirement.

J'ai oublié qui est passé en premier. Toujours est-il que lorsque j'ai vu Morgane revenir avec des larmes sur les joues (attention, elle n'était pas en pleurs, juste le résultat d'une trop grosse pression, toujours elle), ça m'a réveillé un peu.
Elle était passée avec Frédéric, qui lui a posé des questions sur la dissection aortique. Une pathologie qu'on n'a jamais vue ici...
Edwige me donne mon dossier, et me dit que je passerai avec Frédéric. J'ai eu du mal à retenir un soupir de soulagement. Ç'aurait été avec elle, je pense que ça aurait assez mal fini...

15 minutes de lecture, puis présentation devant Frédéric.

Patiente de 61 ans, hospitalisée pour une sténose asymptomatique de la carotide interne gauche sténosée à 80% ; elle est venue il y a un mois ici-même pour une sténose de la carotide primitive droite. Le problème a été traité par dilatation avec pose de stent par voie fémorale. Pourquoi pas de chirurgie ouverte ?

La patiente a été traitée pour un cancer pulmonaire il y a vingt ans, qui a récidivé il y a dix ans. La maladie a été contenue à l'aide de la radiothérapie, qui a pour effet secondaire de changer les tissus en fibrose, nettement plus difficile à disséquer. Au niveau du cou, cet aspect est qualifié de « radique ». C'est l'étiologie la plus probable des sténoses : 61 ans, c'est trop jeune pour avoir des plaques d'athéromes suffisamment grosses pour obstruer une artère.

S'en est suivi d'autres questions sur les indications de cette méthode chirurgicale, ses risques, la suite du traitement...
Globalement, je pense m'en être bien sorti. Frédéric me l'a d'ailleurs confirmé, en mettant le doigts sur mes principaux défauts : je n'ai toujours pas de raisonnement par cases et j'ai tendance à me perdre dans les détails. C'est ce qu'il dit avoir remarqué lors des visites.

Et ma foi, sa critique a été plutôt riche en enseignements. Je ne m'y attendais pas.

Bon, il est 16h passé ! Vite, à la maison !