Le premier musée du Jeu Vidéo français n'a dépensé que deux crédits pour ses journées inaugurales, mais il entre déjà dans le « Hall of Fame » vidéo-ludique. Le Pixel Museum est parti sur les chapeaux de roues.

Soleil eu rendez-vous, une belle journée s'annonçait pour l'ouverture au public

 

Près de 1000 visiteurs pendant le week-end

Petit moment de trac et de tension aux ultimes secondes de l'ouverture des portes du musée. Jusqu'à la dernière minute, les préparatifs auront été bon train pour assurer le fonctionnement d'un maximum de bornes et de matériel mis à disposition des visiteurs. Et c'est une dame de 75 ans qui entre la première et qui sera la doyenne de cette journée de samedi. Le dimanche, elle sera déjà battue par une concurrente de 95 ans ! Tout le monde trouve sa place et ses souvenirs assez rapidement au contact des milliers de pièces qui sont exposées dans les vitrines étincelantes.

Ouverture des portes, un moment riche en émotions

La tension est palpable chez le directeur du musée au moment de l'ouverture des portesC'est un soulagement pour Jérôme Hatton dont la tension était palpable. L'équipe bénévole était à pied d’œuvre pour guider les visiteurs et respecter selon leurs envies le cheminement chronologique de l'histoire du Jeu Vidéo. Et pour commencer il fallait un support pour jouer. Un support que l'on découvre en partie alsacien puisque l'inventeur du tube cathodique (prix Nobel de physique) qui a régné sur les premières années de notre loisir préféré était enseignant de l'université de Strasbourg (Ferdinant Braun). Cette première salle introduit le « Tennis for Two », jeu vidéo avant même que le concept de console existe. Il s'agit en effet du détournement ludique d'un oscilloscope (par William Higinbotham) pour simuler une partie de tennis. Et puisque le credo est de faire aussi jouer au maximum le visiteur, ce « Tennis for  Two » est jouable !

Le Tennis for Two a nécessité quelques réglages (ici pendant sa mise en place) mais il est jouable sur oscilloscope !

 Le public a répondu présent et en nombre !

Ce n'est que la première des étapes que propose le Pixel Museum pour voyager dans le temps. Mais elle aura été franchie presque 1000 fois pendant ce week-end inaugural. Un succès sans conteste, qui aura même nécessité une régulation des flux pour la découverte de l'une des 12 salles, limitée en place pour raisons de sécurité.

Chacun a pu (re)trouver la/les consoles de son coeur

Une exposition évolutive

Même si l'espace dédié est déjà conséquent, l'ensemble de la collection n'est pas exposé. Il faut forcément faire des choix pour ne pas noyer le visiteur sous les boîtes et soigner la scénographie afin que tout reste lisible et compréhensible aussi bien pour le passionné que pour le béotien en la matière. Le contenu des 12 salles va donc sans doute évoluer pour présenter des pièces toujours plus belles et rares.

L'Atari 2600 aura évidement retenu l'attention de beauoup de monde

D'autant plus que la pièce principale est une aula surmontée d'un dôme culminant à plusieurs mètres de hauteur. Un écrin dédié à des expositions thématiques et temporaires. Actuellement, c'est aux séries Zelda et Mario Kart que les vitrines sont dédiées pour mieux accueillir la sortie de la Switch qui sera à l'honneur et jouable tout le week-end prochain. Cet espace sera aménagé en fonction de thématiques variées et changera environ tous les trimestres. Il y a foule de sujets à traiter dans l'histoire du jeu vidéo. De quoi nourrir l'actualité du Pixel Museum !

Autre salle ayant particulièrement retenu l'attention des curieux, la pièce « arcade ». Véritable madeleine pour les uns, découverte totale pour les plus jeunes, la salle d'arcade éclairée au néon propose une demi douzaine de bornes en accès libre et un flipper rare, -celui de Qbert- élaboré non par le fabriquant de flipper, mais par les développeurs du logiciel eux mêmes.

Le parcours lui même arrête régulièrement le visiteur pour une partie de Pong, de jeux Atari 2600, d'une Vectrex ou plus classiquement sur des bornes de présentation de machines plus récentes comme les Dreamcast, PS2, Xbox, Game Boy, Wii, X360, 3DS ou évidement PS3. Sans compter qu'on peut se lasser distraire dans la salle PC par des productions indépendantes ou par les salles gaming avec une partie de Rocket League, Nioh, Titanfall 2 ou Forza Horizon 3 (des jeux qui changeront également régulièrement).

Les salles gaming, les productions actuelles sont mises en avant

 

Émotions des visiteurs, plaisir des bénévoles

A l'angoisse de l'ouverture succède le plaisir des discussions. D'abord contemplatif, le plaisir des bénévoles se lit progressivement sur les visages qui s'éclairent de grands sourires. C'est que les pas des gens qui arpentent le musée sont ponctués d'exclamations ;

Punaise, je l'avais celle là ! Et ça c'est un truc de dingue, j'en rêvais ! Génial !

D'abord prudents, les visiteurs se détendent et se laissent aller en découvrant des objets qui les ramènent dans un passé lourd d'anecdotes en tous genres.

Le CPC 464, qu'est ce qu'il fallait attendre pour charger un jeu ! J'écrivais en basic sur TO7, est ce qu'il y a un MO5 ?

Le plaisir était d'autant plus grand qu'il était partagé, car se sont souvent des pères de famille qui ont fait découvrir à leurs enfants les consoles sur lesquelles ils jouaient à leurs âges. Un voyage trans-générationnel qui faisait vraiment plaisir à voir. Mêmes les doyennes ont tissé des liens insoupçonnés en découvrant que la « méthode Boscher » (une méthode d'apprentissage de la lecture) existait aussi en version « serious game ».

Ce jeune homme découvre la console sur laquelle son père s'est échiné à son âge, et il aime ça !

Quel que soit le support, le Jeu Vidéo c'est du bonheur... partagé !

Les discussions se sont évidement enchaînées rapidement pour étayer les informations des nombreux panneaux informatifs, et renseigner sur certaines pièces étonnantes que contient le musée. A l'image de la machine à coudre pilotée par une Gameboy ou de cette boîte de conserve estampillée à l'image de Mario. Spécialistes, connaisseurs autant que curieux semblent avoir apprécié le voyage. Mêmes les journalistes de médias nationaux s'y sont souvent arrêtés.

Les journalistes des médias locaux, mais aussi nationaux (M6 par exemple) découvrent les lieux

 

Des évolutions et une montagne de travail

Une grande satisfaction, mais encore beaucoup de travail pour satisfaire toujours plus le visiteur. Il reste des bornes à remettre en état, un flipper qui a besoin d'une cure de jouvence, peut être un espace PC à développer, afin de tenir compte des remarques bienveillantes laissées dans le livre d'or placé à la sortie. Un livre qu'il va falloir renouveler assez rapidement tant il s'est rempli avec célérité.

L'espace PC est amené à évoluer, il présente pour le moment des productions indépendantes en cours de développement

Les informations à fournir concernant les machines exposées dans les vitrines seront sans doute encore plus exhaustives. Avec une visite guidée qui est en cours de mise au point, et des systèmes originaux à élaborer il reste énormément de choses à développer. Mais cela ne fera sans doute pas (trop) peur à une équipe qui a déjà sprinté pendant plusieurs mois pour faire aboutir un projet de plusieurs années.

Le prochain défi à venir sera l'ouverture de l'espace de co-working qui doit jouxter les locaux du musée. De quoi tirer un trait d'union de plus entre le Jeu vidéo, ses créateurs et émuler son histoire.