Cocorico, la bête est française, puisque développée par l'équipe d'Asobo Studios (A Plague Tale : Innocence) qui n'a pas décidé de faire les choses à moitié, étant donné qu'un certain nombre des développeurs ont réellement passé leur licence de pilote privé (PPL pour les intimes). La pratique et la passion sont donc biens des éléments primordiaux. Surtout lorsqu'on prétend simuler le vol.

A l'école de l'air

Mais tout le monde n'est pas pilote et tout le monde n'a pas vocation à passer tous les écueils d'une licence PPL pour prétendre faire décoller un plus lourd que l'air dans une simulation informatique. FS2020 s'adresse évidement aux férus d'aviation, mais il serait suicidaire de ne pas faire en sorte que le plus grand nombre puisse y accéder. Une politique d'autant plus compréhensible que le jeu arrivera sur les prochaines consoles de salon.

Pour apprendre les rudiments du vol, le jeu vous propose huit leçons jusqu'au lâcher solo. Le tout se déroule sur Cessna 152, un avion école plus qu'emblématique et présent de longue date dans la série. Vous y apprendrez le strict minimum ; voler droit, faire quelques virages, les circuits d'atterrissage, le poser et un peu de navigation à vue. Dommage que tout cela n'ait pas été plus étoffé pour parler un peu plus de l'avion en lui même et d'une navigation avec quelques instruments également. Le service est minimum et n'espérez pas faire décoller à froid un avion de ligne sans quelques connaissances et des aides trouvables sur la toile. Les checklists interactives sont néanmoins très pratiques.

Si vous vous lancez tout de même, sachez qu'il existe toute une panoplie d'options vous évitant la frustration de crashs intempestifs en sacrifiant bien entendu au réalisme du comportement des appareils. Mais ce serait assez dommage tant les modèles de vol sont intéressants.

Du plus léger au plus lourd

Dans son édition Premium, Flight Simulator propose 30 appareils. Mais vous avez déjà de quoi faire avec une édition standard (20 avions) allant du plus léger au 747 en passant par l'A320 Neo. On note une petite mesquinerie puisque les Cessna 172 et 152 pourtant quasiment des signatures de la série ne sont proposés que dans la version intermédiaire (nommée Deluxe). On note également l'absence remarquable des voilures tournantes (hélicoptères) et du vol à voile, puisqu'il n'y aucun planeur dans les hangars du jeu.

C'est d'autant plus regrettable pour les planeurs que le jeu allie des modèles de vol incroyables conjugués à une aérologie bluffante de réalisme (nous y reviendrons). En effet, une fois le manche en main (Flight Simulator est évidemment compatible avec tous les stick et systèmes de vol actuels) vous avez un avion réellement vivant dans les mains. Une masse d'air est rarement stable et tout comme les vagues et le vent vous ballottent en mer, les vents et les reliefs influencent votre vol. Ainsi vous devez à la fois vous montrer patients et laisser l'avion vivre un minimum, et corriger sans cesse afin de garder une trajectoire de vol compatible avec vos objectifs. C'est bien sûr d'autant plus important que votre aéronef est léger car les ULM sont très sensibles à ces variations de masse d'air. Ce sera une excellente école car il y a peu de systèmes et de navigation aux instruments à gérer. Cela vous laissera également le loisir de jeter un coup d'oeil à l'extérieur. Et quel coup d'oeil !

La tête dans les nuages

Comment ne pas s'extasier devant le spectacle qu'offre Flight Simulator ? Ici encore, il y a quelques différences entre les versions (de 30 à 40 aéroports réalisés à la main et très détaillés) mais l'I.A. associée aux données satellites de Microsoft (Bing) a fait du très bon boulot. Bien sûr, vous trouverez toujours à redire et notamment sur la génération de végétation un peu trop appuyée dans certaines zones urbaines. Mais la photogrammétrie lorsqu'elle est disponible (il faut aussi que vous ayez une bonne connexion internet pour mettre à jour vos données) est impressionnante au point de vous laisser lire certaines publicités et enseignes de grandes entreprises. C'est tout simplement bluffant.

Passé le "waouh effect", cette précision s'avère très importante pour le vol à vue. Évident, puisqu'on se base sur des repères visuels pour naviguer. Pour avoir la chance d'observer régulièrement notre pays depuis les cieux, je peux vous assurer qu'on retrouve bien ces nombreux "amers" (points remarquables) si précieux pour ne pas se perdre.

En levant le nez, l'autre aspect plus qu'impressionnant, c'est la gestion de l'aérologie avec les données météo qui peuvent être suivies en temps réel. Là encore, je vous confirme des conditions qui correspondent aux ATIS (les bulletins d'infos météo des aéroports) et surtout une génération de nuages qui correspondent aux mouvements de masses d'air. Par exemple, lorsque vous voyez qu'un cumulus est en train de se former, vous pouvez être certain que la masse d'air en dessous est ascendante. Une information alléchante pour un pilote de vol à voile qui chercher à gagner de l'altitude afin de prolonger son vol. C'est la raison pour laquelle il est particulièrement frustrant de ne pas disposer d'un planeur dans le jeu. Mais patience, planeurs et hélicoptères arrivent !

Pour faire de bonnes choses il faut du temps, et lorsqu'on constate le niveau de précision et le souci du détail du jeu, on reste compréhensif.

Du vol de précision

Un petit tour dans les options vous fait immédiatement comprendre que les équipes d'Asobo ont du prendre en compte un très grand nombre de paramètres pour en faire une simulation référence. Par exemple, le signal radio se dégrade en fonction de la distance de l'émetteur avec lequel vous conversez. Les cockpits ne sont pas seulement beaux, ils sont aussi très bien sonorisés. Les grincements du palonnier, les bruits des interrupteurs, le toussotement du moteur, son changement de régime et la perte de puissance si vous réchauffez le carburateur à mauvais escient, ou si vous coupez partiellement l'allumage. Jusqu'au bruit de la pompe à carburant...

La poussée asymétrique est prise en compte, ainsi que le couple du moteur (ce qui est déjà plus normal), le trafic est géré en fonction des plannings réels de vol. On peut répéter ainsi les exemples à l'envie et l'addition de toutes ces petites choses en font une grande simulation.

Si les crashs ne sont pas simulés (vous ne verrez pas l'avion se disloquer), le modèle de vol permet de se poser sur le ventre si vous restez dans des paramètres acceptables Vous ne verrez toutefois qu'assez peu de dégâts. Ce faisant, vous pourrez apprécier la précision de reproduction des tarmacs, qui sont désormais tout en relief. C'est important car bon nombre d'aérodromes sont connus pour leurs difficultés en raison du relief. D'ailleurs comment faire connaissance avec ces lieux spéciaux ?

A la découverte de la terre

Grâce aux données satellite globales, la terre entière est votre terrain de jeu. A l'exception de certaines parties classées comme les prisons et certaines bases militaires (remplacés par des bâtiments génériques plausibles), vous avez accès à tout. Asobo vous proposera régulièrement des défis, que ce soit via un événement spécifique, ou pour découvrir des lieux remarquables. Si vous avez envie de mettre à l'épreuve vos capacités de pilote, il y a également des challenges en situations épouvantables.

Pour le moment vous pouvez également profiter de trois voyages en avion de brousse. C'est peu et il manque pas mal de choses qui étaient présentes dans Flight Simulator X avec des commentaires sur les zones survolées, ou des missions spécifiques. Nous sommes plus ici en face d'une mise en bouche que d'un contenu réellement destiné à occuper les joueurs. C'est d'ailleurs un point faible qui pourrait rebuter les moins férus qui chercheront un but à leurs vols.

Un point faible ou plutôt un manque qui demande du temps et du travail. Car il n'y a aucun doute sur le fait que Flight Simulator est un pas de tir pour de nombreuses aventures stratosphériques car une fois le mode développeur activé, vous disposez des outils nécessaires pour créer des avions, éditer des livrées, modifier/améliorer des aéroports. Mais attention, ne vous attendez pas à gérer tout cela en deux coups de cuillère à pot. Ce sont à peu de choses près les outils utilisés par Asbobo !

La communauté, le sang de Flight Simulator

Si Flight Simulator est un système pour permettre aux férus de simulation de vol de s'envoyer en l'air, c'est le coeur du système. Et ce coeur va permettre à une communauté déjà immense de circuler tel le sang dans un corps. VATSIM s'est déjà lancé dans l'aventure et nul doute qu'IVAO sera également sur les rangs pour proposer un contrôle aérien avec de véritables personnes derrière les micros.

Vous pouvez compter sur une communauté à la fois professionnelle pour avoir bientôt de nouveaux avions (payants), mais aussi de très nombreux autres contenus créés par des passionnés pour combler les "manques" et ainsi convenir à toutes les aspirations des pilotes virtuels. De nouvelles missions, des leçons de vol, des circuits touristiques, des défis spécifiques. Bref, si vous estimez que le jeu ne propose pas encore de véritables buts, cela va venir, soyez en certains.

Sur le plan technique, la réalité virtuelle arrive et pour ceux (comme moi) qui n'en sont pas fans, le Track IR est déjà fonctionnel, afin que vos mouvements de tête soient reproduits dans le jeu. Il reste encore quelques bugs et le jeu n'est pas encore parfait. Nous verrons dans les mois qui viennent comment tout cela va évoluer. Mais à l'instar de la preview, l'indice de confiance est à 100% !