Pour ceux qui seraient passés au travers des mailles de la communication orchestrée par Devolver, rappelons aux estivants arrivés à mitan les règles du jeu de ce Takeshi Castle aux formes rondouillardes : Fall Guys : Ultimate Knockout propose à 60 compétiteurs protéiformes de s'affronter dans la joie et la mauvaise foi pour remporter le Saint Graal de cet univers : une couronne qui attestera aux yeux de tous de votre victoire plus ou moins méritée. Pour espérer se coiffer dudit trophée, il faudra survivre à cinq rounds successifs en forme d'éliminatoire permanent. À la fin, il n'en restera donc qu'un.

Shanana Blitz

Fall Guys : Ultimate Knockout n'entend tromper personne sur la marchandise, et la forme reflète avec un certain enthousiasme le fond, puisque nos avatars grotesques se tirent la bourre au gré d'épreuves haletantes, mais qui ne se prennent jamais au sérieux. La personnalisation de votre Guy s'effectue d'ailleurs bien vite, puisqu'aux antipodes d'un MMO, la palme reviendra plutôt au plus ridicule de ces candidats. Car au final, l'important reste d'identifier en toutes circonstances votre blob plein d'embonpoint au milieu de dizaines de semblables. Et tant pis pour le style.

Chacun des cinq rounds propose ainsi une épreuve plus ou moins débile, qui vise avant tout à faire le tri, en se bidonnant le plus possible. Fall Guys : Ultimate Knockout décline ainsi de façon plus ou moins aléatoire parcours d'obstacles, parties de football peu conventionnelles et autres jeux de mémoire impitoyable, dans lesquels il faut avant tout survivre, sans un regard pour ses semblables qui chutent. Si certains esthètes pourraient reprocher à Mediatonic une sensation de flottement en ce qui concerne les collisions, difficile de ne pas y voir une démarche volontaire, qui vise à renforcer le caractère burlesque de ce Battle Royale moins prise de tête. Les variantes s'avèrent pour l'instant assez nombreuses pour ne pas trop vite verser dans la redite, mais il faut tout de même reconnaître quelques soucis de cohérence lorsque le nombre de survivants se resserre, et que certaines épreuves ne se marient pas franchement avec un effectif restreint, à l'instar du vol de queue, bien moins amusant à six. Le sprint final pourra par ailleurs être remplacé au pied levé par une autre épreuve de survie, comme un changement de règle non-signalé en cours de partie. Dommage.

Olivier qui a bon dos

Votre avatar devra pour triompher se débrouiller avec un saut classique, une chute en avant (non, ce n'est pas pareil !) et la possibilité d'agripper items et congénères, en fonction de la situation. Le message est clair : Fall Guys : Ultimate Knockout se destine à tous, mais il ne faudrait pourtant pas y voir là une absence de progression. Au contraire : au fur et à mesure que les parties s'enchaînent (rapidement), les adversaires les plus rodés ont déjà eu le loisir de mettre en place des stratégies habiles, destinées à contourner certains obstacles, induire ses camarades en erreur, ou carrément les troller. C'est l'effet Mario Kart : même en dernière position, chaque joueur pourra toujours exploiter sa capacité de nuisance jusqu'à la dernière seconde, histoire de partir un sourire sadique aux lèvres.

Chaque épreuve sélectionnera ainsi un nombre limité de Guys en fonction de sa thématique : les courses d'obstacles se concluent par une ligne arrivée, tandis que certaines épreuves obligent à conserver jusqu'au bout un item, ou au contraire à échapper à l'adversaire, non sans rappeler les chat-perché d'antan. Et puis, il y a celles en équipe, qui créent l'espace d'une minute un sentiment de collectif, que ce soit pour mettre un ballon disproportionné au fond des filets adverses, ou encore récolter des oeufs à la manière d'un Diddy Kong Racing. Les dizaines de matchs aléatoires assurent pour cette première saison un renouvellement suffisant, puisque le chemin vers l'arrivé reste toujours différent, et oblige à prendre des risques pour espérer tenir le lead, ou à patienter en fourbe que de braves participants aient trouvé la voie. L'honneur n'a pas cours dans Fall Guys : Ultimate Knockout, et tous les coups bas sont permis, pour ne pas dire encouragés. Tant pis pour les rageux : nous sommes là pour ri-go-ler. C'est là l'avantage de la proposition : le Battle Royale de Mediatonic est tellement grotesque que même la défaite est une source d'amusement. Que ce soit à cause d'un stupide but contre son camp, d'un rebond maladroit dû à un autre candidat qui n'avait rien à faire là, ou d'un vol à l'arraché sur la ligne d'arrivée, si l'on perd, c'est avant tout à cause des autres. Les fourbes.

A crown to rule them all

Mais alors, pourquoi diable se battre pour une couronne qui peut en plus vous échapper à la dernière seconde, si jamais l'on rate son dernier saut ? Simplement pour pouvoir la porter à la partie suivante, sûr de son bon droit, quitte à s'attirer les foudres trollesques de nouveaux camarades de jeu. Ainsi va la vie des têtes couronnées. Mais si l'obtention de la victoire s'accompagne également d'un certain sentiment du devoir accompli (une chance sur soixante, tout de même), elle est également synonyme de richesses, à commencer par ladite coiffe, qui s'entend comme une monnaie d'échange pour personnaliser votre gros Guy avec toujours plus d'accessoires grotesques, amenés à évoluer au gré des saisons.

Si les joueurs pour qui l'argent ne représente plus rien pourront toujours accélérer leur métamorphose en s'offrant quelques crédits supplémentaires contre de précieux euros, les autres compteront sur leur jauge de "célébrité" - celle chère à Warhol - pour décrocher au fur et à mesure de nouveaux skins et autres chapeaux débiles, qui permettront de toujours plus se différencier in-game. La première saison prévue pour s'étaler jusqu'à la fin du mois de septembre permet de grimper jusqu'au niveau 40, en attendant de découvrir ce que le studio nous réserve pour la suite. Car il ne faut pas l'oublier : à la télévision, le succès est aussi insaisissable qu'éphémère, et il faudra travailler d'arrache-pied pour faire de Fall Guys : Utimate Knockout une licence à succès, et pas un simple "jeu de l'été". Sa durée de vie est en revanche plus qu'assurée pour les complétistes acharnés, qui découvriront bien vite dans quelle panade ils se sont mis en constatant le niveau de chance insolente qu'il faudra accumuler pour décrocher la couronne... trois fois d'affilée.