Si vous aviez apprécié les phases de combat tactique de This is the Police 2, vous avez dû vous frotter les mains à l'idée de voir ce Rebel Cops arriver. Car ici, on laisse de côté une bonne part du côté gestion de la série pour ce concentrer uniquement sur les phases tactiques. Un choix monomaniaque qui ne va pas sans exacerber les soucis que présentait déjà ce mode de jeu.

Le même univers

L'esthétique ne change pas. Nous sommes dans le cadre d'un spin off et pas d'une refonte. On retrouve donc des personnages très anguleux et une esthétique épurée. Le tout appuyé par des musiques soulignant toujours le côté déprimant de cette ville corrompue. Pas de doute, c'est This is the Police.

Le côté narratif est toutefois mis de côté. Si on retrouve bien de nombreux textes expliquant les tenants et les aboutissants d'histoires concernant les missions principales et secondaires, il n'y a pas réellement de fil rouge. On enchaîne les missions et on a très vite compris que les gentils flics honnêtes allaient combattre le reste du monde. Plus de séquences narratives animées, pas plus que d'événements pendant les missions. Les surprises viennent d'éléments déclenchés automatiquement selon vos actions. Par exemple, si des preneurs d'otages entendent du bruit, ils pourront abattre leurs assureurs...

Haut les mains !

C'est une équipe de flics sans le sou qui va toutefois tenter de libérer les habitants victimes de la mafia et d'une police corrompue. Ce paramètre va vous rendre particulièrement économe sur l'équipement de vos troupes et vous inciter à récupérer le plus d'argent possible. Par exemple en faisant payer vos services, ou en revendant des objets retrouvés au cours des phases tactiques. Selon le niveau de difficulté choisi il faudra d'ailleurs plus ou moins se serrer la ceinture. Celle-ci étant assez élevée, nous vous conseillons de débuter l'aventure en mode facile.

Le constat est identique en ce qui concerne l'expérience. La progression est classique et l'avancement est maximum lorsque les victimes sont peu nombreuses. Il vaut mieux éviter d'arriver pour massacrer tout le monde. A la fois pour engranger un maximum d'expérience et pour éviter de se faire laminer en trente secondes. Du coup, on utilise énormément d'armes non létales ; matraque, tazer, grenade étourdissante et le classique "haut les mains". Lorsque cette demande est effectuée dans des conditions idéales (arriver dans le dos et à faible distance), le sujet s'immobilise et attend sagement son arrestation (pendant deux tours).

Cette expérience engrangée, vous pourrez définir des capacités spécifiques (voir plus loin, être plus précis...) et améliorer vos capacités de déplacement, de discrétion et de force (pour soulever des objets et les déplacer loin). Archi classique.

Rebelle sans les cops

Le jeu fonctionne au tour par tour et les amateurs de wargame auront vite fait de constater que Rebel Cops pourrait très bien être un jeu de plateau classique. Sauf qu'il n'y a pas les copains à côté et qu le média écran va poser quelques soucis de design.

A commencer par les déplacements par exemple, qui ne sont pas affectés par un brouillard de guerre. On voit toute la carte, mais pas les ennemis qui s'y déplacent. Cette incohérence met mal à l'aise. Pourquoi savoir qu'il y a une voiture derrière la maison, mais pas un type armé à côté ? Cela génère un sentiment de surprise et d'injustice lorsqu'on découvre tout à coup un garde au coin de la rue. De plus, on ne peut absolument pas savoir si le champ de vision du personnage couvre une zone intéressante ou non.

S'ajoute à cela une perspective en vue 3/4 haute qui ne peut pas changer d'angle. Cette perspective est parfois trompeuse, si bien qu'on peut mal positionner un personnage. Comme il est impossible de reprendre son coup, la seule solution consiste à recharger une sauvegarde. Mais cela seulement si vous êtes en mode facile, car elles sont limitées en nombre et vos hommes meurent définitivement...

Des soucis de rythme

Stratégique et tactique, Rebel Cops l'est assurément. Il ne faut pas se planter, il faut prévoir ses actions et ses déplacements avec précision. Des déplacements qui sont particulièrement lents. On pourrait imaginer que des flics se déplacent en courant d'un abri à l'autre ou alors sur la pointe des pieds en étant proche d'un objectif, mais non. Tout ici est lent et encore plombé par des musiques de qualité, mais en nombre insuffisant pour ne pas provoquer des soupirs de la part du joueur. Ajoutez à cela un sentiment de frustration récurrent et vous aurez envie de faire très régulièrement les poses recommandées, sans avoir besoin de message de prévention.

C'est dommage, car il y a aussi de très bonnes choses, comme la progression en binôme qui vous permet d'éviter des mouvements qui révéleraient votre position et les atouts nécessitant des points de rébellion. Ces atouts vous rendent invisibles ajoutent une action à tout le monde ou vous permettent d'engager l'ennemi pendant sa phase de déplacement (ce qui est normalement impossible, au contraire d'un X-Com par exemple).

Mais le sentiment général qui s'en dégage est une certaine frustration imputable aussi au déséquilibre du level design. On passe de missions de 30 minutes à des sessions qui doivent durer presque deux heures pour réussir toutes les missions annexes que l'on peut se voir confier. Des missions qu'on veut absolument réussir, à la fois pour gagner la sympathie des habitants, mais aussi pour l'expérience et les sous qu'elles peuvent ramener.

Même si vous êtes un inconditionnel de la licence, nous ne saurions trop vous conseiller d'attendre une belle promo pour vous essayer à Rebel Cops. Sinon, allez plutôt lorgner du côté de This is the Police 2. Si le côté tactique vous attire, vous aurez alors plus de cartouches pour justifier l'achat de son spin off.