Moins célèbre et pléthorique que les grands noms suscités, la série des Grandia aura tout de même marqué les esprits des joueurs de l'époque, notamment grâce à un système de combat savamment étudié, qui fera son grand retour dans Grandia II.

Mahatma Grandia

Ce sont ces deux premiers épisodes que l'éditeur GungHo Online a compilé dans Grandia HD Collection, qui profite du succès d'une certaine Switch pour se faire une petite place dans le coeur des rétrogamers et des curieux de tous poils. Pourquoi Grandia III n'aura-t-il pas le droit de cité aux côtés de ses illustres prédécesseurs ? Nul ne le sait... Le premier épisode, déjà traduit à l'époque lors de son portage sur PlayStation profite toujours d'une version française au poil, et n'a rien abandonné de sa légendaire difficulté.

En revanche, sur le plan visuel, le choix d'opter pour un lissage des sprites en 2D n'est, comme souvent, pas des plus réussis, et le résultat à l'écran nous laisse imaginer qu'une option pour désactiver cette fonction aurait été la bienvenue. En revanche, l'étirage de l'image 4:3 d'origine qui passe donc en 16:9 semble se faire sans trop de dégâts, et les vibrations de la version PlayStation ont heureusement été conservées. Les plus téméraires peuvent donc être rassurés : l'expérience originale exigeante et chronophage demeure telle quelle, à tel point que nous n'aurions également pas craché sur quelques outils offrant un brin de modernité à l'aventure, comme l'a bien compris Square Enix avec les récents remakes de Final Fantasy VII ou IX.

Ryudo-ré-mi

À l'époque édité par Ubisoft, Grandia II n'avait quant à lui pas profité d'une localisation dans la langue d'Yves Guillemot, un manquement aujourd'hui réparé avec l'arrivée de cette compilation en haute définition. Mais à quel prix ? Dès les premières minutes, on se demande si la version française est le résultat d'un "copié/collé" via un logiciel open source, ou si elle s'est simplement vue confiée au type du fond qui a levé la main sans entendre la question. Nos impressions de l'E3 n'auront donc rien changé : entre les infinitifs qui n'ont rien à faire là, les "esp ace s" qui sortent parfois de nulle part et les options de menus souvent à la limite de l'incompréhensible, nous sommes bien loin de la promesse initiale.

Malheureusement, le reste du portage semble avoir fait les frais de la même nonchalance, puisque de vilains bugs viennent très souvent nous donner l'impression de jouer à un remaster confié à un hard discounter : entre les vilains crashs qui finissent par rendre la sauvegarde indispensable passées 10 minutes de jeu ou les visages dont certaines textures prennent parfois le temps d'aller pisser sans prévenir, il faut s'attendre à de nombreuses désillusions. Le pire dans tout cela, c'est que même la partie sonore en prend pour son grade, alors que les fabuleuses compositions de Noriyuki Iwadare n'ont pas pris la moindre ride. Mais entre les loops qui ne laissent pas le temps à une phrase musicale de se terminer pour repartir à zéro, les vilains bruitages sortis de nulle part au début de certains combats ou l'équilibrage aléatoire des voix, on se demande pourquoi le sort semble autant s'acharner sur ce pauvre Grandia II.

Le nombre des années

Malgré tout, les deux titres ont toujours de solides arguments à faire valoir lorsque l'on tente d'oublier ces (nombreuses) déconvenues pour s'intéresser à leurs gameplays respectifs : le système de combat dynamique et stratégique reste un plaisir de tous les instants, tout comme la progression de l'équipe, qui partage certains points de compétences et oblige à effectuer de véritables choix. Les joueurs ayant apprécié les deux opus lors de leurs sorties respectives seront ravis d'opter pour le doublage japonais, qui offre une bien meilleure immersion et un jeu d'acteur bien plus juste que la localisation occidentale, ainsi que d'un mode "Difficile" pour Grandia II, si vous êtes du genre à ne reculer devant aucune adversité. D'aucuns diront qu'avec des crashs aléatoires, cette option n'était sans doute pas franchement nécessaire...