Le Picross semble ne jamais avoir autant eu le vent en poupe : décliné depuis belle lurette sur les différentes consoles Nintendo, le genre s'acoquine désormais de temps à autre avec d'autres licences, comme en attestent les épisodes Kemono Friends ou, plus récemment, Overlord. Mais cette fois, le nouveau studio français NanoPiko choisit de mélanger le chronophage remplissage de cases avec un RPG tout en pixels. Le mélange des genres s'avère-t-il aussi maîtrisé qu'un certain Henry Hatsworth en son temps ?

Go with thea Flöh

PictoQuest nous narre les aventures d'Arvel et Flöh, deux jeunes aventuriers partis à la poursuite du démoniaque Moonface, qui a dépouillé le royaume de Pictoria de ses tableaux pixelisés. Quelle vie. Le choix de votre avatar ne fait pas grande différence, puisqu'il convient de venir à bout de quelques dizaines de grilles à noircir, encore et toujours. Situant son action dans un univers fantasy coloré qui porte assurément la patte d'Hervé Barbaresi, le jeu se concentre justement sur la thématique du RPG old school pour proposer des Picross dévoilant épées légendaires, dragons et autres armes médiévales de tous poils. À la place du menu des productions signées Jupiter, PictoQuest déroule ses niveaux les uns après les autres sur une world map au déroulement imposé. Comme dans un New Super Mario Bros., même si les embranchements sont ici inexistants, à l'exception de quelques missions bonus : pour avancer, il faut forcément venir à bout du Picross précédent.

Heureusement, la difficulté reste très (trop ?) progressive, et permet à n'importe quel joueur même étranger à ce diabolique type de puzzle d'assimiler toutes les subtilités de l'exercice. Si la difficulté nécessite d'atteindre la seconde moitié de l'aventure pour gentiment commencer à pointer le bout de son nez, NanoPiko se montre bien plus généreux dans les formats proposés que la série Picross S. Passées les amabilités de rigueur, PictoQuest déroule ses 15x10, 20x15 et autres 20x20 qui raviront les amateurs du genre, même si un supplément de challenge n'aurait franchement pas été de refus. Aucune grille ne se révèle au final véritablement tortueuse, le jeu préférant accompagner pas à pas les joueurs dans leur progression. Dommage pour les puristes, qui n'auraient sans doute pas craché sur quelques défis dignes de ce nom.

Défilé de mobs

Mais la véritable spécificité du premier effort de NanoPiko, c'est évidemment son infusion au doux parfum de RPG, qui apporte un supplément d'âme certain au principe du Picross, même si nous aurions une fois de plus aimé profité d'un concept encore un peu plus poussé. En parcourant les différents mondes de PictoQuest, nos aventuriers en culottes courtes doivent faire face à plusieurs types de challenges, prenant la forme de coffres à ouvrir, d'ennemis à combattre, et de boss à occire, le tout saupoudré de quelques quêtes annexes sous condition par-ci par-là. Si les niveaux vous plaçant face à un potentiel trésor représentent le versant plutôt classique du Picross, les combats face à un ou plusieurs monstres tirés du bestiaire classique de la fantasy apportent un semblant de dimension tactique. Chaque joute vous demande en effet de garder un oeil attentif aux jauges de vos adversaires, puisqu'ils vous attaquent automatiquement une fois leur barre de simili-ATB remplie. Pour éviter de perdre bêtement un coeur, vous pouvez toujours les renvoyer dans la file d'attente en complétant une ligne ou colonne entière, ce qui leur ôte au passage quelques points de vie.

Si cela reste relativement simple en face-à-face, les combats à plusieurs vous demandent également de choisir sur quel mob jeter votre dévolu, grâce aux boutons de tranche. Cet exercice de style est sans doute ce que PictoQuest propose de plus novateur et intéressant, dans la mesure où le temps de réflexion d'ordinaire alloué se transforme en (bon) stress. Faut-il conserver une case vide pour contrer un ennemi quitte à ne pas pouvoir résoudre d'autres bouts de son puzzle ? Voilà le genre de questions qu'il faut rapidement se poser. Le problème, c'est que l'aventure propose régulièrement d'acheter quelques items permettant par exemple de révéler quelques cases d'une grille une fois en jeu, une mécanique fort louable au départ mais qui transforme un jeu assez facile en véritable balade champêtre. Entre les potions de soins récoltées via les Picross optionnels et les coeurs supplémentaires à acheter en boutique, on a plus l'impression d'assister à un génocide kawaii qu'à une aventure équilibrée.