Ashen est sorti début décembre. On a mis un peu de temps avant de nous y intéresser, et on s'excuse pour cela. Voici néanmoins notre test en bonne et due forme d'un jeu exclusif aux plate-formes Microsoft et disponible aussi bien à l'achat qu'avec le Xbox Game Pass actuellement. On a pu jouer et explorer les plus sombres recoins de ce jeu qui vient marcher sur les plates-bandes de la saga Dark Souls. Or, dans cet exercice, peu de studios réussissent vraiment à pondre des titres du calibre d'un Nioh, est-ce que ce sera le cas ici ? C'est ce que nous allons voir.

La galinette cendrée

L'univers d'Ashen a déjà vécu plusieurs âges mythologiques depuis sa création, et a même vu les hommes s'élever, avant de connaître les temps sombres qui sévissent actuellement, et ce depuis bien longtemps déjà. Mais Ashen, l'oiseau de lumière qui a donné vie à ce monde, est en train de renaître tel le Phoenix, et il va falloir l'aider dans sa tâche, puisque d'anciennes créatures ne désirent que lui voler sa lumière. C'est la mission qui sera confiée à notre héros, crée via un éditeur, mais qui restera sans visage. Cette caractéristique nous fait penser que le titre a un léger degré de parenté avec Absolver, un autre jeu du studio français Sloclap qui exploitait lui aussi la recette Dark Souls, grâce à l'absence de visages de nos héros notamment, et aussi un certain aspect visuel commun aux deux jeux, un peu cartoon. Mais la comparaison s'arrête là, puisque Ashen se montre bien différent dans sa jouabilité et dans le reste de son univers visuel, très onirique.

Les musiques ne sont pas en reste comme l'on dit parfois, les compositions sont même classes, planantes, et collent parfaitement à l'univers, plutôt médiéval-fantastico-apocalyptique, du jeu. Le tout bénéficie de textes français, mais de voix anglaises avec un doublage de plutôt bonne facture. D'ailleurs, à ce propos, la narration est plus présente dans Ashen que dans n'importe quel jeu From Software, avec des cinématiques qui nous apportent tout de même leur lot de bla bla obscur. Le tout constitue un bon petit univers, même s'il se montre au final assez simple à appréhender et assez binaire, avec la balance entre le Bien et le Mal, et résolument teinté d'espoir. Le tout est souligné par un visuel vraiment travaillé, avec de sublimes paysages et des panoramas variés, et vraiment, de par son univers, Ashen nous à charmés.

Ashen to Ashen

Niveau jouabilité, si on déjà tâté du Souls, on est en terrain connu. Les débuts se font à tâton, avec peu de tutoriels, pas d'arme ou de bouclier et la possibilité de passer à côté. Les commandes sont très similaires, pour ne pas dire presque identiques, avec les attaques sur les gâchettes, l'inventaire sur la croix et les objets avec X. On dispose là aussi d'une jauge d'endurance qui diminue quand on saute ou que l'on coure, quand on attaque ou que l'on se protège, et qui ne se recharge qu'avec le bouclier baissé. On dispose aussi d'armes à deux mains pour lesquelles il faut abandonner son bouclier, et de lances pour l'attaque à distance. Les combats d'Ashen se montrent assez impitoyables dans la gestion de l'endurance, mais au final tout de même un peu plus bourrins et rapides que dans un Souls. Aussi, les boss, s'ils sont de vrais sacs à PV, ne seront pas super mémorables en termes d'attaques ou de difficulté. La jouabilité action d'Ashen reste donc très convaincante, mais un cran en dessous par rapport à celle de son modèle. Niveau RPG, on est un peu sur le même constat. On dispose d'une gourde de soins qui se régénère aux pierres de rituel, et on peut l'améliorer, tout comme le reste de son stuff, contre de l'argent mais on perd sa cagnotte si l'on meurt. Mais là encore, la mécanique est connue, on a une chance d'aller la chercher avant de la perdre définitivement. Au final, la mort se montre ici peu punitive car le level up, celui du personnage, se fait en finissant les quêtes et en ramassant des bonus cachés sur la map. La progression est donc moins abrupte, plus aisée. Vous l'avez compris, en tant que jeu d'action et de RPG, Ashen remplit sa part du contrat.

Mais s'il y a bien un point sur lequel il fait moins bien que son illustre aîné, c'est au niveau du level design. C'est l'une des composantes les plus réussies de la saga de From Software, mais ici, on est sur quelque chose de plus banal. Si les niveaux, de part leur verticalité vont nous filer des sensations de démesure en nous montrant notre objectif au loin, au final, leur exploration n'est pas aussi jouissive que dans un Souls. En effet, Ashen est un genre de monde ouvert. Son level design est constitué de petites zones ouvertes mais très verticales qui constituent les niveaux du jeu, qui s'enchaînent comme s'il n'était rien d'autre qu'un gigantesque couloir aux proportions démesurées. On doit souvent accomplir une tâche pour ouvrir la porte vers la zone suivante. Les niveaux ne sont pas gigantesques mais suffisamment grands pour que l'on s'y perde un peu lors de ses premiers pas. Les montagnes sont parfois de vrais obstacles infranchissables et c'est assez agaçant et incompatible avec la boussole qui nous montre le chemin. Il aurait soit fallu désactiver cette dernière, soit instaurer des points de passage dans son cheminement.

Le couloir en monde ouvert

Heureusement, pour se repérer, on a accès à la carte dès les début, et les PNJ nous y indiquent des points d'intérêts pour les quêtes principales et secondaires. En explorant les terres d'Ashen, on croisera quelques bestioles à chasser, des groupes d'ennemis, mais au final, on n'a que très peu d'interactions avec le monde, et malgré quelques scripts du plus bel effet qui nous en mettent plein les mirettes, on ne pourra pas s'empêcher de penser que ce dernier est un peu vide, sans vie. On s'en rend bien compte lors de l'exploration des deux grosses premières zones, où l'on n'a pas encore accès au voyage rapide. Au fil de nos pérégrinations, on tombera aussi sur des dédales ou des grottes à explorer, à la lumière de sa lanterne, qui prend la place du bouclier. On peut tout de même la poser à terre pour combattre avec plus de sécurité, mais ne pas trop s'en éloigner ! Dans ces donjons, c'est là encore une petite difficulté en moins, on peut trouver de quoi recharger sa fiole de santé. Ashen rend donc une copie assez honorable en termes d'exploration et ce bien que cette dernière soit au final assez banale dans sa construction.

Comptez entre 15 et 20 heures pour voir le bout de l'aventure, et encore un peu plus si vous désirez en découvrir tous les secrets. Et pour vous accompagner dans votre quête, un compagnon, un de ceux qui résident au village de départ, sera à vos côtés. La difficulté s'en ressent bien évidemment, les ennemis ayant deux distractions distinctes et un choix à faire. On pourra donc, contre les Boss notamment, bénéficier d'une seconde chance se matérialisant sous la forme d'une réanimation, mais cette IA se montre parfois un peu capricieuse. Et si on désire se frotter à un challenge plus hardcore, il sera possible de désactiver ce compagnon puis de s'équiper d'un accessoire qui permet d'ouvrir seul les portes qui nécessitent deux personnes. Et si jamais le coeur vous en dit, il sera aussi possible de partager votre partie en mode "Journey" ou un autre joueur qui se trouve dans la même zone que vous peut rejoindre votre partie à la place du bot. Il sera aussi possible de protéger ses sessions par mot de passe, pour faire le jeu avec un ami, à condition d'avoir la même progression. C'est assez appréciable de pouvoir partager l'expérience avec ses proches.

Niveau technique, le jeu s'en sort plutôt pas mal et ronronne bien sur Xbox One S. Il n'est en même temps pas très clinquant en termes graphiques, mais compense par ses visuels très réussis. On notera tout de même quelques temps de chargements un peu longuets entre deux mor... Euh, téléportations. Vous l'aurez compris à la lecture de ces lignes, Ashen est une vraie petite bonne pioche !