Parfois le destin vous joue des tours. À l'origine, c'est sur PS2 que GunGrave a vu le jour. À l'époque, c'était un shooter somme toute assez banal, mais avec un petit truc bien à lui, qui lui a permis d'être bien considéré par une belle poignée d'otakus : une direction artistique typée manga assez démentielle ! Grâce au charme de cet univers crée pour l'occasion, le jeu à même eu droit à une suite, ainsi qu'à une série animée. Excusez du peu. Et en 2018, soit 15 ans après le premier épisode, c'est un peu comme un cheveu sur la soupe que la licence revient, et en réalité virtuelle. Le principe du jeu n'est pourtant pas si différent de celui d'origine... Mais alors, est-ce que la VR apporte vraiment quelque chose ? C'est ce que nous allons voir...

Radiant SilverGunGrave

Après un court résumé des épisodes précédents, sous forme d'un texte qui défile sur fond noir, on attaque de suite les hostilités avec le tutoriel du jeu, qui sera l'occasion de prendre un premier contact avec la jouabilité de ce Gungrave VR... et c'est très surprenant, car on reste sur quelque chose d'assez similaire au jeu d'origine sur PS2, à savoir un TPS. Donc oui, vous êtes en réalité virtuelle, mais à la place de la caméra située derrière le personnage. Les commandes à la manette sont très classiques et ressemblent à celles de n'importe quel TPS, sauf que la rotation est crénelée et que la visée s'effectue avec le regard, en orientant son casque VR vers les ennemis. Quand vous jouez avec un torticolis comme votre serviteur, ce n'est pas la panacée !

Néanmoins, ces phases de gameplay TPS sont assez convaincantes, on doit y affronter des vagues d'ennemis aux caractéristiques différentes, ainsi que quelques boss et sous-boss. Gungrave VR se montre alors assez nerveux, et avec son bullet-time et son esquive, on a un peu l'impression de jouer à un SHMUP de nouvelle génération, entre l'esquive des tirs ennemis qu'on voit arriver, la riposte qui s'ensuit et l'utilisation du ralenti, quand ça chauffe un peu trop ou pour faire un max de dégâts. Deux coups spéciaux sont aussi disponibles, un à distance et l'autre au corps à corps. Mais clairement, l'intérêt apporté par la réalité virtuelle est très limité : le jeu pourrait très bien se jouer sans et l'immersion est loin d'être extraordinaire, même si les sensations restent plutôt bonnes. Malheureusement, ces phases ne représentent qu'environ la moitié du jeu. Pour le reste, on va un peu déchanter...

T'es grave VR

En effet, l'aventure est constituée de cinq niveaux, et il vous faudra environ une heure pour en voir le bout. Et hors TPS, le reste des phases de jeu est malheureusement bien moins palpitant. Le second niveau vous place exclusivement en vue FPS, sur un train, et vous devez tirer sur des vagues d'ennemis sans pouvoir vous déplacer. Même en réalité virtuelle, c'est assez bas du front et pas franchement palpitant. C'est dommage, cette phase revient dans le dernier niveau, et on affronte le boss de fin comme ça... Le quatrième niveau vous place quant à lui sur une moto-neige volante, que vous allez pouvoir diriger autour d'un dirigeable qu'il va falloir abattre, sur un seul plan, un peu à la manière d'un twin-stick-shooter. C'est un peu plus réussi que pour la vue FPS, mais ça reste très, très basique, et les transitions entre les plans du niveau sont juste totalement abruptes. Du coup, très franchement, si on prend un minimum de plaisir avec la vue TPS, l'autre moitié du jeu a du mal à passer, et ce d'autant plus que la difficulté y est absente.

Digging the Grave

Un bilan bien mitigé pour ce Gungrave VR donc. Techniquement, on n'avait pourtant pas grand chose à lui reprocher, le jeu restant dans les standards de ce qui se fait sur PSVR. Il bénéficiait pourtant aussi de textes en français et de doublages anglais et japonnais. L'univers reste aussi super séduisant, avec un style rock bien assumé, des musiques plus que pêchues, un design stylé, avec des animations de fin de niveau tout juste sublimes. Parlons-en, de la fin, qui ne fait qu'annoncer la suite, disponible tout de suite, maintenant, en DLC... Mais qui sait, cette extension sauvera peut-être le jeu de base ?

GunGrave VR U.N, c'est son nom, est un DLC standalone (il peut tourner sans le jeu d'origine, et possède ses propres trophées). Avec son prix de lancement de 15€ (le jeu de base en vaut 30, et le bundle des deux 40), cette extension prolonge le jeu avec trois niveaux... et les phases FPS disparaissent ! Cela aurait pu être une excellente chose, mais ces dernières sont remplacées par des phases 2D en vue de côté. Sur le papier, ça sonne bien, et les premières 30 secondes sont excitantes, mais très vite on se rend compte de la désuétude de la chose, la réalité virtuelle n'apportant pour le coup plus rien d'autre que quelques désagréments dans la précision des tirs et la vue d'ensemble des forces ennemies. Et la difficulté est encore une fois ridicule. En vérité, c'est aussi nul que la vue à la première personne, l'immersion en moins. Encore une moitié de jeu gâchée. En espérant que GunGrave G.O.R.E., qui devrait débarquer (sans VR !) l'an prochain, soit un peu plus convainquant et sorte enfin cette licence du marasme vidéoludique.