Sorti en 2003, le titre supervisé par Hideo Kojima n'a pas été un succès populaire. La faute à une mauvaise fenêtre de sortie selon le créateur japonais, la suite de Zone of the Enders ayant été alors éclipsée par d'autres jeux plus gros. Les défauts de l'épisode initial et l'absence d'une démo Metal Gear fournie avec cette suite (le premier ZoE proposait celle de MGS 2) semblent constituer également une explication tangible, tout comme, au regard des années, une certaine répétitivité et un gameplay bien plus bourrin qu'il ne le laisse paraître, privant le titre, assez court, d'une replay value conséquente.

Souffler n'est pas ZoE

Ceci dit, comment, quand les robots géants ont bercé notre imaginaire depuis l'enfance et qu'Evangelion en secouant les codes du mécha japonais a aussi bouleversé notre adolescence, ne pas tomber amoureux des designs de Yoji Shinkawa ? Plus gracieux les uns que les autres, les méchas se meuvent sur des rythmes techno toujours aussi envoûtants qu'à l'époque, avec les effets de mise en scène et de narration propres à Kojima, avec ralentis et autres retournements de situation portés par une crypto-intrigue qui fait toujours son effet, à l'image du titre et de sa belle aura. Le plaisir de jeu fait de ciblages façon Rez et de charges avec épée à photons est toujours grisant, tout comme les combats de boss nerveux qui demandent à chaque fois une stratégie différente. Le fait de pouvoir combattre avec un mécha, dans une ambiance aussi soignée et dans le pur style d'une production japonaise n'étant pas si répandu ces dernières années, si ce n'est avec des productions Gundam de seconde zone en import, retrouver ce titre sur la génération de machines actuelles est en soi un argument en faveur de ce portage.

Malheureusement, dès lors qu'on enfile un casque de Réalité Virtuelle, l'expérience est plutôt altérée que sublimée. Si le titre bénéficie d'un rehaussement 4K, d'un affichage 16/9 intégral et d'une patine rafraîchie appréciable, la qualité visuelle d'un jeu de 2003, bien que dépoussiéré de manière convaincante, à deux centimètres des yeux, ça pique. De plus, l'action souvent nerveuse des affrontements en mécha souffre de cette vue à la première personne en réalité virtuelle inadaptée qui perd le pilote et le prive de la vue intégrale de son beau mécha, il faut bien le dire, l'un des plaisirs de ce titre. On s'amusera quelques instants de voir l'intérieur du cockpit avant de se rendre du caractère complètement anecdotique de la chose, nullement immersif. Vite fait mal fait, à l'image des sous-titres du jeu (seul le mauvais doublage anglais est proposé dans cette version...) remplis de coquilles. Pour le même prix, offrir le premier jeu en sus aurait peut-être été une façon un peu plus plus polie de proposer une version récente si décevante.