Après des centaines d'heures de jeu sur les deux premiers Doom, sur mon vieux et fidèle 486 DX2 où j'avais installé moult mods Aliens ou Star Wars, si l'on m'avait dit qu'un jour je testerais un jeu tiré de la licence des deux John (Carmack et Romero) je ne l'aurais pas cru.

Eh bien aujourd'hui, et quelques jours après avoir testé Wolfenstein II - à croire que le destin me joue des tours - me voilà vraiment en train d'écrire sur le dernier Doom. Sur sa version Switch plus précisément. Le titre devient donc le fer de lance de Bethesda dans sa politique d'adapter une partie de son catalogue sur l'hybride de Nintendo, ce qui fait de l'éditeur l'un des principaux soutiens extérieurs de la machine, puisque Skyrim et Wolfenstein II feront aussi le voyage. Et quand on connait les capacités techniques de la console de Nintendo, le challenge est de taille. Le portage a ici été confié à Panic Button, un studio qui a d'abord sous-traité ses talents de programmeurs sur de nombreux titres, dont un certain Kinect Star Wars, avant de se voir confier des portages entiers sur diverses licences plus ou moins connues comme Disney Infinity ou Rocket League. Bref, le défi est-il relevé ?

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Après un téléchargement d'environ 22 Go - le jeu en version cartouche devrait demander une installation du mode multijoueur sur la console (de 9 Go) - je lançais donc ce titre qui, pour info, pèse plus de 78 Go sur ma bonne vieille PS4 (mises à jour incluses). DOOM a beau avoir un an et demi, il reste très beau sur PS4 et Xbox One, et ne parlons même pas de la version PC.

Alors ne tournons pas plus autour du pot : globalement, si le jeu est loin d'être parfait, il fonctionne toujours bien sur Switch, même s'il faut bien l'avouer, graphiquement, c'est un peu plus compliqué... Une des principales différences se situe au niveau du nombre d'images par seconde. Sur la nomade, on culmine à 30 fps. Et parfois, lorsque l'action devient frénétique, on est témoin des petites chutes. Mais rassurez-vous : rien qui empêche le plaisir de jeu. DOOM reste globalement très fluide et on retrouve toute la nervosité et la vitesse du jeu d'origine. Mais comme nous allons le voir, cette fluidité, si elle reste un excellent compromis, voire le meilleur possible, a un prix. Et ce prix, ce sera tout le reste !

En effet, ce qui détonne le plus dans ce portage, c'est le flou global qui enrobe tout l'aspect visuel : c'est un vrai simulateur de myopie ! Si la version d'origine utilisait des effets de flou - notamment lorsque l'on récupère un nouvel objet - ici, tout ce qui se trouve au loin est difficile à observer. Une option permet de régler le flou cinétique, mais globalement, cette impression ne nous quittera pas du début à la fin. La résolution est elle aussi bien inférieure, ce qui n'aide pas à affiner l'ensemble. Mais ce n'est pas tout : Les textures se montrent assez grossières et les éclairages sont forcément moins bien gérés, ce qui donne une teinte spéciale aux décors et aux ennemis. Le réglage de l'amplitude du champ de vision a complètement disparu des options graphiques, mais le mode daltonien est quant à lui toujours là. Néanmoins, malgré tous ces aspects, n'oublions pas que nous sommes sur une console portable, et que oui, malgré tout, voir tourner ce DOOM sur une Switch qui donne tout ce qu'elle a, quelque part, ça tient un peu du petit miracle. La PS Vita est incapable d'en faire autant (rappelez-vous de Borderlands 2, un jeu PS3 !).

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Que ce soit en mode portable ou en mode salon, si DOOM est naturellement bien moins beau que sur les autres supports où il s'est présenté en 2016, il reste donc parfaitement jouable, fun, et garde toutes ses qualités. On va pouvoir tout de même observer quelques différences de sensations entre les deux modes de jeu. En mode portable, s'il n'est pas net, cela demeure un vrai plaisir de le voir tourner, et ce même si l'ergonomie globale de la machine et de ses tout petits Joy-Con reste discutable pour de longues sessions de jeu. La petite résolution de l'écran empêche de prêter attention aux imperfections, pour un résultat final vraiment bluffant pour une machine de cette taille. En mode docké, sur la télé, forcément, c'est un peu moins bon et convaincant, puisque sur un grand écran, on voit davantage les défauts. Mais globalement, malgré tout, cette version Switch reste très satisfaisante.

Au niveau du contenu, le jeu d'origine et son Season Pass contenant quatre extensions multijoueur et un mode arcade pour la campagne sont présents, mais le mode Snapmap, qui permettait de créer ses niveaux et de les partager avec la communauté, à quant à lui disparu. En revanche, rien du côté multijoueur local, pas même le premier Doom jouable à deux en splitté aux Joy-Con, et c'est dommage. Le netcode des modes en ligne se montre assez solide même si on pourra noter l'apparition de probables déséquilibres entre un joueur qui joue en mode portable et un autre qui joue avec une manette classique. En tout cas, etre ce mode et la campagne solo toujours aussi bonne, vous aurez de quoi tenir de nombreuses heures en compagnie de votre petite Nintendo Switch.