Le jeu d'horreur, popularisé par Resident Evil et Silent Hill à l'époque de la première Playstation, a vécu son âge d'or sur la génération suivante, avant de tomber légèrement en désuétude sur PS360. La faute à des titres formatés, lorgnant vers l'action et, au final, assez avares en frissons. Non, ne venez pas me parler de Dead Space, que j'ai pourtant aimé, on dira que c'est l'exception qui confirme la règle. Dans tous les cas, depuis la sortie des nos chères PS4 et Xbox One, le genre est revenu en force, représenté notamment par une multitude de "petits" titres, peu onéreux à l'achat et généralement jouables avec une vue à la première personne. En chef de file : Outlast premier du nom, qui avait été très bien accueilli par la critique à sa sortie - les joueurs (dont certains avaient pu le découvrir gratuitement grâce au PS+) lui réservant une réception similaire. De quoi créer l'excitation au moment de l'annonce de cette suite.

Tous ces jeux ont ouvert une voie royale à la mythique démo P.T., qui a elle même terminé de remettre le genre au goût du jour et a enfanté de plusieurs chérubins tels que Layers of Fear, SOMA, ou même, ne nous mentons pas, Resident Evil 7. À l'heure où l'on a un peu l'impression d'avoir fait le tour de la question du Survival Horor en vue subjective, Outlast 2 débarque donc avec d'assez fortes ambitions. Sera-t-il un jeu à même de vous faire salir le fond de votre caleçon/slip/string/boxer (rayez les mentions inutiles) ? C'est ce que nous allons voir tout de suite.

Je vous préviens, c'est une véritable boucherie à l'intérieur

Contrairement aux environnements fermés de l'hôpital psychiatrique du premier épisode, ce second opus prend place en plein air, en Arizona, chez les bouseux du coin. Des bouseux de la pire espèce, du genre de ceux qui se sont réveillés en janvier dernier pour voter Trump. On est vraiment en plein film d'horreur, propulsé dans une ambiance malsaine digne de La colline à des yeux, ou encore Massacre à la tronçonneuse. Ces manants psychotiques vivent dans leurs villages de montagnes, l'ensemble n'étant d'ailleurs pas sans rappeler l'ambiance du premier chapitre de Resident Evil 4. Vous jouez donc Blake, un cameraman qui accompagne sa femme Lynn, journaliste, dans son enquête sur la mort plus que mystérieuse et malsaine d'une femme, retrouvée il y a peu dans les environs. Après le crash de leur hélicoptère au dessus de la forêt (vous avez encore dit Resident Evil ?), Blake se retrouve seul, pourchassé par des villageois qui semblent possédés, avec pour seul objectif de sauver sa chère et tendre, que le gourou de la secte locale, vociférant ses psaumes démentiels via des hauts parleurs dans tout le village, désigne comme étant la mère porteuse de l'antéchrist. Tout un programme.

Si vous ferez également la connaissance d'un autre groupe, les hérétiques, opposés à la secte des bouseux démoniaques, le scénario reste assez minimaliste, tout en étant agréable à suivre. Il faudra bien souvent explorer et lire des notes pour en apprendre plus sur l'histoire, le reste des avancés scénaristiques se faisant via des cinématiques en "marche forcée" ou en mode planqué, le pire restant toujours caché et suggéré... enfin pas tout le temps ! Le jeu est gore, très gore. Les séances de torture sont légions et il vaudra mieux avoir le coeur bien accroché, face aux moult types d'exécutions à la flamme bien moyenâgeuse auxquels vous allez assister. La mort du joueur est elle aussi bien gore, notamment contre la villageoise démoniaque, version paysanne de la dame en noir, qui vous poursuivra partout tel votre Némésis (encore Resident Evil, c'est sérieux ?) et qui vous éventrera dans une gerbe sanguinolente, vous débarrassant de ce qui fut autrefois votre virilité. D'autres PNJ feront eux aussi avancer l'histoire à leur manière, avec même parfois quelques alliés. L'ambiance globale pourra même devenir totalement folle et virer vers le fantastique, votre héros étant assailli par de violentes visions/hallucinations qui le renverront tout droit à son enfance, dans son école, et qui sembleront même pointer vers un terrible secret... Là encore, les références sont légion, de Shining à Silent Hill. Le tout, soutenu par une jouabilité haletante et une masse de jumpscares, qui vous fera véritablement passer de sales quart-d'heures.

Il ne peut plus rien nous arriver d'affreux, maintenant

Outlast 2 reprend les bases de gameplay du précédent opus, à savoir de l'infiltration en territoire hostile avec pour seule arme votre caméra, son micro, son mode de visée nocturne et bien sûr un coeur en acier trempé ! Il faudra au moins ça pour vous sortir des situations étriquées auxquelles vous serez confronté. Le jeu est, à l'instar de son prédécesseur, une succession de zones fermées qu'il faudra traverser en se faufilant et en échappant à vos poursuivants, tout en résolvant parfois de petites énigmes simples liées à l'exploration des lieux, comme trouver l'objet qui permettra de déverrouiller un nouveau chemin. Et si l'environnement est à ciel ouvert, en opposition au confinement du premier épisode (bien qu'on visite aussi une mine), le jeu se montre tout de même très linéaire, avec un seul chemin possible et peu de phases d'exploration, même dans les zones un poil plus "ouvertes" que dans le premier épisode.

Pour vous aider dans votre quête, votre caméra sera donc votre meilleure alliée. Avec sa visée nocturne, qui vous servira à y voir plus clair dans l'obscurité totale (qui doit bien composer 80% des lieux que vous visitez), mais aussi le micro, qui va permettre d'observer la position de vos ennemis alors qu'ils sont encore invisibles à vos yeux, cachés derrière un élément du décor. Il faut faire une confiance presque aveugle au sens auditif de votre appareil, un peu comme Jean Alesi et son bruit de gravier à droite ou à gauche dans le très vieux jeu PC des Guignols de l'info ! Le but étant bien entendu d'observer les mouvements de votre adversaire pour trouver un chemin défini, qui permettra de ne pas se faire repérer. Il sera aussi très intéressant d'attirer vos ennemis au loin, en vous faisant voir, pour pouvoir accéder à une zone auparavant bien gardée.

Ça va trancher chérie

Malheureusement, bien souvent, tout ne fonctionne pas comme on le voudrait, et malgré la bonne cachette qu'on pensait avoir trouvée après un sprint dément, où l'on aura sans cesse regardé en arrière, on se fait avoir par les méchants villageois qui hantent les plus sombres recoins de la ville, et qui ont une forte tendance à vous tuer en presque un seul coup. Le jeu se montre alors assez dur avec le joueur, les défis relevant bien souvent du "die & retry" (ou "trial & error", appelez ça comme vous voulez), ce qui se révèle assez rapidement frustrant. C'est fort dommage, car l'enchaînement de scènes d'infiltration et de fuites effrénées se montre vraiment stressant, avec une pression constante digne de celle que l'on avait pu ressentir sur Resident Evil 4, qui injecte au joueur une véritable peur panique. Mention spéciale à la traque dans les champs de maïs, ou l'on erre, totalement désorienté, en fuyant les nombreux faisceaux lumineux des lampes torches qui vous traquent...

Le bilan de ce second épisode d'Outlast est donc plutôt bon, le jeu nous procure de bonnes sensations et fait bien monter la tension, la peur, nonobstant une certaine linéarité et un challenge parfois frustrant. D'autant plus que la technique tient la route (malgré certains lieux ridiculement sombres) et que la partie sonore se montre de qualité, soulignant bien l'aspect malsain de l'aventure. Les doublages français sont également réussis, et bien flippants. Durant la petite dizaine d'heures que dure l'aventure, nul doute que les amateurs de jeu d'horreur seront servis en sensations fortes.