Du golf, du tennis, du baseball, du football et de l'équitation. Le programme de Mario Sports Supertars est non seulement varié, mais aussi réparti presque équitablement entre les sports individuels et collectifs. Pourtant, ce quintet présente une certaine uniformité, car chaque discipline dispose d'un sous menu analogue divisé entre le solo et le multijoueur. Ce dernier requiert hélas des partenaires qui possèdent un exemplaire du jeu pour être pratiqué en réseau local, faute d'option de téléchargement. Ainsi, la vocation compétitive orientée en ligne apparaît d'emblée, en dépit de l'absence des Mii pour se façonner un champion à son image. Le côté solo n'a toutefois pas été négligé, puisqu'il inclut les modes habituels, à savoir l'exhibition de façon à créer des parties configurées à sa guise, l'entraînement composé d'un lot plus ou moins important d'exercices selon l'activité, et les compétitions afin de déverrouiller les différents terrains et les personnages bonus, avec un casting de 18 athlètes au total, identique pour tous les sports.

Pur drive

À commencer par le golf, le premier où l'on a vu jadis Mario mouiller le maillot, ou plutôt le polo. Le plombier moustachu n'a cependant montré tout son talent en la matière qu'à partir de l'épisode Nintendo 64 grâce à Camelot, dont l'expertise s'est encore illustrée récemment sur 3DS. Or il ne s'agit pas d'un simple portage de cet opus, la réalisation témoignant de légères retouches à travers le rendu des cieux, des lumières et la densification de la végétation. La présence de bruyères, d'obstacles monumentaux ou les forts dénivelés en bordure du fairway se révèlent d'ailleurs les seuls éléments un tantinet fantaisistes de ce Mario Golf, d'autant que les environnements de trois des quatre parcours (de neuf trous) ressemblent beaucoup aux sobres jardins du château dans World Tour. Et le gameplay n'a lui pas changé d'un brin d'herbe, de sorte que la formule se veut la plus réaliste de la série. Les puristes apprécieront ce traditionalisme, à l'instar des somptueuses musiques aux sonorités celtes toujours signées par l'infatigable Motoi Sakuraba.

Tennis sans gluten

Idem pour le tennis, avec ses quatre courts standards et le retrait des Méga champignons qui transformaient les joueurs en géants dans le cru Wii U. Camelot a juste conservé les coups sautés introduits par Ultra Smash et les frappes chance issues d'Open, que l'on a éventuellement loisir de supprimer quel que soit le mode, à l'exception des tournois. S'il demeure fondamental d'avoir le choix, la méthode classique semble désormais trop basique, a fortiori au regard d'une tolérance accrue héritée de la dernière version sur console de salon qui réduit sensiblement la finesse du contrôle. Alors que l'on se passe là aussi sans regret de facteurs atmosphériques farfelus, les effets surréalistes de la balle et leur incidence sur le déroulement des échanges constituent décidément une réinterprétation intéressante des principes tennistiques propre à Mario Tennis. Une approche aujourd'hui indispensable, ne serait-ce que pour éviter que les matchs s'éternisent du fait de l'inexistence des fautes, quitte à donner aux amorties et aux lobs un impact encore plus décisif.

Diamant éternel

A l'opposé, le baseball se rapproche de la simulation, bien loin des pouvoirs dévastateurs à l'oeuvre dans Mario Superstar Baseball, ceux-ci se résumant dorénavant à un surcroît de puissance souligné par une traînée de flammes. Les lancers s'effectuent avec une jauge rotative découpée en plusieurs sections préalablement sélectionnées qui déterminent le type de balle, pour peu que l'on parvienne à appuyer au moment opportun. Malheureusement l'efficacité et la lisibilité de ce système amenuisent les sensations, moins percutantes que les coups de battes qui reprennent la recette éprouvée de la saga Famista focalisée sur le timing. L'expérience de Namco se traduit également par une gestion plus ou moins assistée des membres de l'équipe en défense, dont la composition est individualisée grâce au cheptel fourni de créatures du Royaume Champignon. Dommage qu'il n'y ait plus de mouvements particuliers déclenchés en fonction des synergies entre les personnages, et que les coups spéciaux ne diffèrent pas de l'un à l'autre.

Primal Soccer

Une diversité que le football préserve davantage, avec des techniques distinctes plus ou moins aériennes et combinables entre le capitaine et le sous capitaine. Car les deux vedettes de chaque camp disposent ici de capacités aussi étendues, nettement supérieures à leurs camarades. Il faut juste savoir les utiliser à bon escient pour marquer à coup sûr, de préférence une fois que le ballon clignote à force de circuler. Malgré le rôle crucial de ces leaders, la philosophie s'avère moins arcade que dans Mario Strikers. Le jeu à onze, la prise en compte des sorties en touche, du hors-jeu et les fautes directement sanctionnées encouragent un jeu assez posé, plus inspiré des Prime Goal d'antan, voire de Love Football que de LiberoGrande ou Captain Tsubasa. Il apparaît par conséquent d'autant plus regrettable que la sélection automatique du joueur soit quelque peu défaillante, surtout que la caméra pas suffisamment éloignée empêche partiellement d'appliquer les tactiques suscitées par le panel rudimentaire de formations disponibles.

Mario Derby

L'équitation requiert elle non seulement de la stratégie pour ne pas épuiser son cheval à coups de cravache, mais aussi de l'adresse afin de glaner les carottes et régénérer rapidement son endurance. Pareil pour l'obtention des étoiles qui demande souvent de faire des écarts ou de réaliser des cabrioles, y compris pour le cavalier. C'est la condition sine qua non pour profiter de turbos fulgurants, en sus des accélérateurs positionnés sur la piste. Sachant que l'effet de troupeau s'apparente au phénomène d'aspiration, de telles manoeuvres rappellent Mario Kart, ou même F-Zero en faisant abstraction du crin à la place du métal et du cadre bucolique au lieu de futuriste. Les circuits comportent ainsi nombre d'embûches et parfois des chemins alternatifs, au point de n'avoir guère le temps d'admirer les jolis décors, déclinés suivant les périodes de la journée. Ces contemplations se destinent plutôt à l'écurie, où l'on élève ses canassons utilisables ensuite durant les courses, ceux proposés dès le début ayant immanquablement moins de caractère.

Costard cravache

Une fois son petit nom et sa physionomie choisis, les soins consistent à le laver, le brosser et le nourrir par le biais du stylet, en veillant à faire ce qui lui plaît. L'apprivoiser améliore son humeur, synonyme d'un surplus d'énergie au départ, tandis que l'affinité grandissante en parallèle aide à trouver de la nourriture de meilleure qualité lors les ballades dans les prés et les environs qui s'ouvrent au fil de la progression. Ces promenades permettent de ramasser des friandises, de nombreux licols et autres accessoires, ainsi que des écussons Mario ou même une poignée de pièces de temps en temps. De quoi modifier radicalement le look de ses chevaux et entretenir la collectionnite, globalement attisée par les cartes vendues par paquets. Une motivation supplémentaire pour remporter le dernier tournoi de chaque sport face à une adversité étonnamment coriace, et ce avec l'ensemble des personnages de manière à décrocher leur version étoile. Car contrairement aux clubs, raquettes, battes, ballons ou selles, cette distinction augmente les caractéristiques.

Cartes VIP

En somme, si l'équipement ne sert qu'à se différencier en ligne, les compétitions en solitaire préparent judicieusement au challenge multi joueur. Cette dimension sépare les matchs entre amis et ceux voués au classement mondial (mis à part pour le golf), une structure qui n'a plus à faire ses preuves. Néanmoins le recours aux sportifs étoilés octroie un sérieux avantage, et c'est encore plus fragrant avec leurs formes de "Superstars", débloquées via un mini-jeu de casse-briques soumis à des cartes amiibo bien réelles, tout comme les espèces sonnantes et trébuchantes à débourser pour les acquérir. Alors évidemment, il en découle une richesse au niveau des adversaires, puisque tout le monde n'a théoriquement pas accès aux célébrités de son choix. Et si cela suppose une intensification des échanges dans les cours de récréation, difficile de ne pas y voir une bassesse mercantile. Heureusement, au vu des qualités intrinsèques de chacune des disciplines, on en a indubitablement pour son argent. De la sueur donc, mais point de larmes.