Ah, Gravity Rush ! Rien que l'évocation de ce doux nom me file des frissons. J'avais totalement succombé aux charmes du premier à sa sortie, en achetant même une PS Vita rien que pour lui ! Je n'avais alors pas du tout été déçu, tombant totalement amoureux de Kat et platinant le jeu dans la foulée avec un grand plaisir non dissimulé, proche de la grimpette aux rideaux. C'est donc avec une certaine fébrilité que j'attendais la sortie de ce second volet, surtout lorsqu'on sait que l'attente fut plus que longue, avec pas moins de cinq années écoulées, et que la fin du scénario du premier laissait moult questions en suspens, sans apporter de véritable réponse (non, 42 ne convient pas).

Et quel ne fut pas mon plaisir quand Julo m'a passé un petit coup de fil Mardi dernier pour me proposer de tester le jeu, plus d'une semaine avant la sortie officielle s'il vous plaît ! 17 Go de téléchargement plus tard, me permettant de me remettre une petite heure en tête à tête avec le premier dans sa version remasterisée sur PS4, je lançais celui qui est un des jeux les plus attendus de ce début d'année 2017.

Deux jours plus tard, après pas moins de 30 heures de jeu nécessaires pour boucler l'aventure, le verdict tombe... Alors, Gravity Rush 2 sublime-t-il la recette originale ou s'enlise-t-il dans l'écueil de la suite fainéante et pas originale pour un sou ? C'est ce que nous allons voir tout de suite !

Gravitéene un jour, Gravitéene toujours !

Avant de parler du scénario, un des points les plus cruciaux pour ceux qui auraient bouclé le premier épisode et seraient restés sur leur faim, sachez qu'un animé de 20 minutes, disponible à cette adresse, va venir faire le lien entre les deux épisodes et éclaircir la situation trouble qui va servir de point de départ à ce deuxième épisode. En effet, on y retrouve Kat en bien mauvaise posture, sans ses pouvoirs, avec son ami Syd, tous deux réduits au rang d'esclaves et contraints de travailler comme mineurs dans une faille pour récupérer des gemmes précieuses dans le village Banga, bien loin de la cité d'Ekseville. Comment en sont-ils arrivés là ? Où est passée Raven ? Eh bien sachez que c'est ce dessin animé qui répondra en partie à ces questions. Il est d'ailleurs assez surprenant qu'il ne soit pas inclus directement dans le jeu, en tant que cinématique d'introduction. Vous voilà donc prévenus : sans lui, vous allez manquer un morceau et vous risquez de ne pas tout comprendre du premier coup.

A partir de là, on repart sur les bases du premier opus, et une fois vos pouvoirs retrouvés, vous allez vite devenir indispensable à votre nouvelle communauté. Le sens moral de Kat couplé à sa bonté vont vous mener dans une quête visant à redonner leurs lettres de noblesse aux pauvres mineurs de Banga, dans le premier acte de l'histoire. Les questions restées en suspens dans le jeu d'origine ne trouveront donc pas de réponses dans cet arc ! Dans le deuxième acte, vous découvrirez un nouveau terrain de jeu : Jirga Para Lhao, mais l'histoire sera encore centrée sur la relation entre Kat et ses nouveaux amis. Découpée en castes, cette ville est gigantesque ! Commençant par des bidonvilles dans les profondeurs et le brouillard, on trouvera au-dessus une ville ressemblant à une station balnéaire, puis encore au-dessus une cité ressemblant étrangement à un New York avec des grattes ciels flottants dans les airs. Ensuite, de grandes villas avec des jardins démesurés et le château militaire qui sert de base aux dirigeants de tout ce petit monde. Vous l'aurez vite compris : les forts oppriment les faibles, ce qui sera bien sûr inacceptable pour notre petite Gravitéene, qui viendra mettre son grain de sable dans cet engrenage rouillé ! Cet acte laissera en suspens le destin de quelques-uns de ses protagonistes, et il faudra attendre le troisième, réservant une bonne grosse surprise aux joueurs de la première heure, avec pas mal de fan service, pour entrevoir toutes les subtilités du scénario et enfin obtenir des réponses à nos questions.

Je n'en dirais pas plus pour ne pas spoiler, mais cette partie est vraiment très intéressante. Et attention : tout le voile sur les événements du premier jeu ne seront pas levés, l'histoire se laissant porter, faisant preuve d'une certaine nonchalance comme dans l'épisode original. La fin de ce second volet apportera elle aussi son lot de mystères, et une conclusion plutôt ouverte appelant à une suite !

Gravity Art

On pourra donc regretter que le scénario de cette suite souffre du même défaut que son aîné, mais si cela appelle un nouvel épisode, ne boudons pas notre plaisir ! Sachez par ailleurs que certains éléments laissés en suspens dans Gravity Rush, comme le destin des enfants hibernants dans l'arche du temps, devraient êtres éclaircis via le premier contenu téléchargeable, annoncé comme gratuit, et nous proposant de jouer une Raven se battant pour les sauver. Cette dernière disparaissant régulièrement dans l'histoire principale, il y a aussi fort à parier que les DLC suivants devraient s'intéresser à sa destinée dans les zones d'ombre de ce nouvel épisode.

Ici, la méthode de narration retenue pour nous compter les péripétie de Kat est la même qu'avant : des cinématiques sous-titrées très classiques durant les scènes d'action, des phases de Visual Novel durant les mini-dialogues (toujours doublés avec ce si charmant langage inventé pour le premier jeu) et enfin, entre chaque chapitre, de magnifiques bandes dessinées animées. Le charme opère toujours, et cela est magistralement soutenu par des compositions musicales de grande qualité, et de nouveaux environnements qui reprennent le principe des codes couleurs du premier opus. Sauf qu'ici, les décors sont vraiment différents et apportent une très grande variété. Cela se remarque encore plus dans les "failles", sortes de donjons d'épreuves, tous plus fous les uns que les autres en termes de design... Si la direction artistique de Gravity Rush était déjà très travaillée, celle de Gravity Rush 2 va encore plus loin !

Elle est libre Kat, y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler

Dans ses mécaniques de jeu pures et dures, le jeu ne change pas d'un pouce et reprend ce si jouissif principe qui nous avait été proposé sur Vita en 2012. Votre héroïne est capable de changer le sens de la gravité, puis ensuite de se laisser tomber dans cette nouvelle direction pour monter, descendre, ou bien même aller en ligne droite et marcher sur les murs ou au plafond ! La sensation de liberté est vraiment totale, grisante. D'ailleurs, Kat va aussi pouvoir se servir de sa capacité de contrôle de la gravité pour se battre. Et pourquoi ne pas tenter un coup de pied en se servant de la force de la gravitation ? Ou alors projeter des éléments du décor dans la face de nos ennemis ? Autant de choses que votre héroïne ne va pas se gêner à faire, les sensations en combat étant toujours aussi bonnes sur PS4. D'autant plus que quelques nouveautés vont faire leur apparition, et notamment deux modes de gravité.

Le premier, "lunaire", va permettre à Kat se mouvoir avec une gravité réduite, de faire des supers sauts, planer un moment, se téléporter avant un coup de pied gravitationnel pour piéger les ennemis les plus rapides, et avoir accès à une nouvelle attaque ultime qui permet de lancer moult projectiles sur tous les ennemis présents dans le champ de vision. L'autre, "saturnien", va au contraire augmenter le poids de Kat, lui permettant de détruire les éléments du décor en tombant, de charger un coup de pied gravitationnel surpuissant créant une terrible onde de choc à l'impact, mais aussi un super coup spécial prenant la forme d'un vortex gravitationnel aspirant tout ce qui se trouve à sa portée. Les combats n'en deviennent que plus passionnants, puisqu'il faudra régulièrement passer d'un style à l'autre, parfois au sein d'un même affrontement, pour se défaire de l'adversité... qui ne sera pas composée majoritairement de Navis, mais vous mettra aussi aux prises avec des forces armées et leurs véhicules de plus en plus gros et dangereux.

Du fait que les capacités de Kat soient boostées dès le départ, avec un temps de recharge des pouvoirs de gravité réduit à peau de chagrin ou des coups plus puissants et des capacités déverrouillées dès le départ, on se sent vraiment surpuissant ! Et pour ceux qui chercheraient un peu de challenge, il le trouveront dans les différents modes de difficulté, mais aussi dans tous les challenges annexes proposés par le jeu.

De quoi grimper au plafond

Gravity Rush 2 est, comme son aîné, toujours présenté sous forme d'open world, mais seuls les complétistes chasseurs de gemmes profiteront vraiment de cette ouverture en se baladant et en volant dans les endroits les plus incongrus des multiples cités flottantes de cet univers. Sans cela, cet aspect ne fait véritablement que servir l'impression de liberté engendrée par la capacité de voler, puisque les missions, principales ou annexes, et les défis s'enchaînent de façon assez linéaire. Cela engendre une certaine impression de répétitivité, inhérente aux jeux en monde ouvert ne proposant de véritable composante "bac à sable" (sauf pour les chasseurs de gemmes encore une fois). Mais ici, nous sommes sauvés de l'ennui par la grande variété des objectifs proposés, que ce soit par les missions du scénario ou les défis annexes. Combats, enquêtes, filatures, missions paparazzi, acrobaties, courses de vitesse, livraison de journaux... Le jeu propose énormément d'activités ! Et en plus des 20 missions principales qui vous mèneront au générique de fin, vous trouverez aussi un grand nombre de missions parallèles scénarisées, ainsi que des défis en pagaille reprenant les divers objectifs cités précédemment.

S'il m'a fallu un peu moins de 30 heures pour terminer l'histoire principale, en explorant un peu les environs et en bouclant quelques missions et défis bonus, nul doute que vous en aurez pour votre argent. Et il faudra vous libérer du temps pour terminer ce Gravity Rush 2 en améliorant les pouvoirs de Kat à 100%, récoltant tous les bonus ou terminant tous les défis avec une médaille d'or. À ce propos, un aspect multijoueurs asynchrone est présent dans le jeu, avec quelques fonctionnalités sympathiques telles un concours de photos ou des défis de chasse au trésor dans la ville. Le tout permettant de déverrouiller costumes et autres améliorations.

Au final, en gardant bon nombre d'éléments du premier mais en se montrant beaucoup plus généreux en termes de contenu, d'inspiration et de gameplay, on peut véritablement dire que ce Gravity Rush passe à la vitesse supérieure. Il quitte le giron de la petite portable de Sony pour arriver sur sa grande soeur, grandissant et franchissant un cap. Cela se ressent aussi fortement sur les graphismes, une véritable amélioration étant à noter entre la version remastered du premier épisode et cette suite. Malgré une caméra toujours un peu foireuse par moments (on ne se refait pas), le jeu est une très grande réussite et il est aussi magique que son aîné, la surprise et la découverte en moins tout de même. Quant aux nostalgiques qui regretteraient que Gravity Rush 2 ne sorte pas sur PS Vita, ils pourront toujours se consoler en y jouant en Remote Play !