Avant toute chose, il convient de replacer le jeu dans son contexte afin de mesurer l'impatience qu'il peut susciter chez les connaisseurs. Il sort tout droit des studios de Nihon Falcom, une team de développeurs japonais qui officie depuis plus de trente ans maintenant, et à qui l'on doit la légendaire série des Ys ainsi que celle qui nous intéresse aujourd'hui, commencée en 1989 et dont The Legend of Heroes. Trails of Cold Steel II est le... 12ème épisode !

Constituée de plusieurs sous-arcs narratifs, on nous offre ici une histoire inédite et indépendante du reste, sans obligation d'avoir joué à un autre Legend Of Heroes. Et bien qu'il soit fortement conseillé de boucler Trails of Cold Steel 1 avant de lancer ce second épisode de la trilogie (un troisième verra le jour prochainement, uniquement sur PS4 cette fois), un résumé de trente minutes environ va permettre à tous ceux qui l'auraient loupé de s'y retrouver.

Cold Story

C'est donc sur un bon gros twist des familles portant sur l'identité du principal antagoniste, suivi d'un cliffhanger insoutenable sur la destinée de nos héros de la classe VII, que se terminait le premier épisode. Le second commence un mois plus tard, lorsque Rean, notre avatar, se réveille d'un long sommeil. Sauvé in extremis par ses camarades et par son "guerrier des cendres" personnel (Valimar, qui lui a permis de fuir un combat perdu d'avance), il va d'abord chercher à reprendre contact avec ses amis pour remonter l'équipe, puis finalement entrer de plain pied dans l'histoire et dans cette guerre qui couvait depuis quelques temps déjà, et dont nous avions aperçu les prémices dans le premier volet. Si le scénario global n'est au final qu'un prélude au grand final que sera le troisième épisode (un peu comme pour le premier avant le second...), il se montre plutôt agréable à suivre, les enjeux y étant bien plus importants que la simple formation d'étudiants suivie dans Cold Steel 1.

On y retrouve toujours la même brochette de héros, issus de nombreux clichés du manga tels que du "Tsundere" ou la "Magical Girl", mais les méchants eux aussi ne sont pas en reste, avec des personnages assez charismatiques qui possèdent tous des relations plus que troubles avec les protagonistes principaux, ce qui va donner lieu à de nombreuses batailles déchirantes au possible... Et si le scénario ne se gène pas pour nous faire revisiter certains lieux déjà explorés, ce qui fera plaisir aux fans, il se montre au final plus convainquant que celui de son prédécesseur. Un bon point pour ce Trails of Cold Steel II.

Cold Play

L'une des autres réussites du titre, reprise de son aîné, tient dans les phases de combat au tour par tour. Les gars de Falcom sont vraiment des vieux briscards du J-RPG, et ça se sent. Tout est fait pour plaire au joueur en quête de défi, de personnalisation, de préparation au combat et de gestion d'attaques élémentaires et de statuts à infliger. Le système est super efficace, avec deux types de magie, les "Crafts" et les "Arts", avec deux barres de mana distinctes, mais aussi le S-Break, attaque surpuissante pouvant casser l'ordre établi et être lancée à n'importe quel moment si l'on a assez de "CP", pour des effets dévastateurs. Et comme ces "CP" servent aussi à déclencher les attaques de type "Arts", un cruel dilemme se posera constamment : économiser pour taper fort, ou taper tout de suite ? Et si l'on devra toujours explorer moult donjons, le jeu se montre ici plus sympa avec le joueur, grâce à une progression moins linéaire que dans le premier opus et des terrains de jeu bien plus grands et aux nombreux recoins.

Le jeu garde aussi le système de "Link" entre vos personnages, qui vont pouvoir se sauver la mise au combat ou poursuivre l'attaque menée par un comparse. Le titre propose une petite nouveauté dans la gestion de ces liens, avec le mode "Overdrive" qui va permettre de taper encore plus fort et plus longtemps lorsque l'on aura assez coopéré avec son compagnon. La gestion de tous ces éléments est primordiale, et ce même en normal, le jeu se montrant assez dur avec le joueur ! Il y a également les "Social Links" empruntés à la série des Persona, qu'il va falloir travailler pour gagner encore plus de bonus de coopération en combat. Ces derniers se déroulent tout simplement ponctuellement entre chaque gros passage de l'aventure.

La vraie grosse nouveauté de cet opus reste les combats de robots géants ou vous ferez appel à Valimar, le guerrier cendré, pour affronter d'autres imposants méchas. Vous y serez alors accompagné par le sideckick de votre choix, qui pourra vous apporter un bonus, variable selon le coéquipier. Ces affrontements dantesques sont assez épiques et restent néanmoins un poil plus faciles que le jeu de base, mais sont au final tout de même super grisants. On ne pourra pas en dire autant des nouvelles courses de snowboard, qui n'ont rien à envier à celles du Gold Saucer de Final Fantasy VII (ou non attendez, c'est l'inverse en fait). Les courses de chevaux ou de motos ne relèvent pas non plus vraiment le niveau...

Cold Talk

Il est donc fort heureux que le jeu s'améliore sur ses aspects gameplay et scénario. Mais il convient tout de même d'évoquer certains points déjà critiquables dans le premier, et qui vont malheureusement rester à la traîne dans celui-ci. À commencer par un rythme totalement haché par une narration ultra lourde. À mi-chemin entre la cinématique et le visual novel, vos héros et les PNJ sont bavards... bavards ! On croirait presque que ça ne s'arrêtera jamais, et il n'est pas rare de voir certains dialogues - qui ne bénéficient même pas du doublage original japonnais mais uniquement de l'anglais - durer plus de cinq voire dix minutes, et ce pour une simple quête secondaire ! De plus, tous les dialogues ne sont pas nécessairement doublés. Ajoutez à cela des quêtes secondaires inintéressantes au possible, et vous obtenez un cocktail détonnant débordant d'ennui profond. Et ce n'est pas les nombreux écrans de chargement intempestifs qui vont venir soulager le joueur de son envie de progresser plus rapidement. Et au final, malheureusement, dès que l'on sort de l'intrigue principale, on se surprend souvent à zapper ces phases de dialogues superflues pour avancer plus vite. Si on était dans un visual novel, je comprendrais, mais ici, dans un J-RPG, le rythme est véritablement plombé par cette narration bavarde au possible.

Au niveau technique, si le jeu se montre très correct sur PS3, avec des graphismes potables, sur PS Vita c'est une autre histoire : le framerate chute parfois de façon spectaculaire pendant les cinématiques et les temps de chargement se payent le luxe d'être plus longs que pour le premier épisode, que ce soit avant une cinématique ou avant un combat. Cela n'aide absolument pas à accélérer la lourdeur de la narration, avec moult exemples de loadings au beau milieu d'une cinématique. D'autant plus que les musiques qui nous accompagnent ne font pas franchement partie des plus grandes que l'on ait pu entendre dans le monde du jeu vidéo... On pourra se consoler en se disant que le jeu possède une fonction "cross-save" entre les versions Vita et PS3 (même s'il faudra passer à la caisse deux fois...), et que vos pourrez retrouver vos costumes DLC achetés pour le premier dans ce nouveau jeu. Le bilan final est donc meilleur dans ce second épisode, et on attend avec impatience de voir ce que les gars de Falcom vont nous préparer pour le troisième opus...