Republication de notre Test import du 25 octobre 2016.

Nous avons re-testé Persona 5 dans sa version européenne. Tout d'abord, amis anglophobes, nous sommes désolés mais Persona 5 propose uniquement des dialogues et des textes en anglais. Tantôt soutenue, tantôt basée sur de l'argo, cette localisation pourra être difficile à comprendre pour celles et ceux qui sont peu à l'aise avec la langue de Shakespeare.

À par cela, les versions japonaises et européennes sont similaires à une différence près : lors des quizz basés sur la culture japonaise en cours, des lignes de texte ont été ajoutées afin de contextualiser les questions et vous permettre de répondre sans devoir tricher sur internet. Un ajout très appréciable !


Ci-dessous notre test import originel réalisé à l'époque à partir d'une version import japonaise PS4 fournie par notre partenaire nin-nin-game.com.


La série Persona fait partie de ces sagas japonaises de niche adulées par les connaisseurs et complètement inconnues aux yeux du reste du monde. Persona est avant tout un spin-off de la série Shin Megami Tensei, des RPG-japonais "à l'ancienne", aux univers sombres et où coexistent humains et démons.

Dans les jeux Persona, les démons sont remplacés par des... Persona ! Des monstres qui sont la réflexion des personnalités de chaque protagoniste. Peu importe l'épisode, les personnages principaux sont toujours des lycéens qui mènent une double vie, ce qui apporte un ton plus léger à l'univers des Persona, à l'inverse de celui des Shin Megami Tensei, souvent apocalyptiques.

Le premier épisode de Persona est sorti en 1996 sur la PlayStation première du nom et s'intitule Megami Ibunroku Persona. Contrairement à d'autres séries de RPG, le rythme de sortie des Persona est très espacé. 20 ans plus tard, nous pouvons donc enfin jouer à un jeu Persona sur une console HD, le précédent épisode numéroté (à faire dans une version améliorée sur Vita si ce n'est pas déjà le cas) étant sorti sur PS2 en 2008 !

Les voleurs de coeurs

Le scénario de Persona 5 ne propose pas de princesse en détresse à sauver, ni de prophétie millénaire à accomplir. Le titre traite de sujets plus terre à terre tels que le harcèlement, l'hikikomori (l'isolement social), la trahison, voire le viol. Les sujets évoqués sont durs et décrits avec un certain réalisme qui ne laissera aucun joueur indifférent. Même si vous n'avez jamais subi l'une de ces situations, la narration et la mise en scène sont suffisamment convaincantes pour que l'on se sente profondément impliqué en tant que joueur, mais aussi en tant que personne, à chaque histoire qui nous est contée.

Au centre de ces sujets peu festifs, il y a le protagoniste principal : vous. Vous incarnez un jeune étudiant fraîchement transféré dans un nouveau lycée à Tokyo. Rapidement, vous découvrez que vous avez la capacité de « purifier » le coeur d'adultes mal intentionnés en volant le mal qui est en eux grâce à votre Persona. Parce que « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités », vous et quelques lycéens aux capacités similaires décidez de vous associer en un groupe de voleurs nommé les "Phantom Thieves of Hearts", afin de purifier les coeurs d'adultes corrompus.

Ces voleurs ont une certaine prestance, qui n'est pas sans rappeler celle des plus prestigieux gentlemen-cambrioleurs comme Arsène Lupin. Que ce soit dans leur manière de préparer leurs braquages, de se mouvoir, ou leur façon de communiquer entre eux, on a l'impression de revivre les meilleurs moments d'Ocean's Eleven, Brad Pitt en moins et les écoliers japonais en plus.

Cette dualité entre les sujets particulièrement violents qui sont traités et la légèreté propre aux séquences de braquages fonctionne à merveille. Les premières scènes vous prennent aux tripes et vous interpellent. Tout comme le protagoniste principal, on ne veut pas se taire face aux injustices dont nous sommes témoins. Ce masque que notre héros enfile en tant que cambrioleur, tel la cape et le slip d'un Superman, nous permet de faire régner cette justice à laquelle nous tenons tant et à rétablir l'ordre là où la corruption était reine. Tout simplement excellent.

Dating Simulation

Cette dualité se retrouve également dans la manière dont vous aborderez le jeu. Persona 5 est aussi bien un jeu de rôle qu'une simulation de vie de lycéen. En effet, avant de vous lancer dans des donjons, vous devrez étudier suffisamment pour avoir de bonnes notes en classe, intégrer un club sportif ou artistique, trouver un travail à mi-temps, sortir avec vos amis et même trouver une petite-amie. Le jeu se déroule sur une année complète, vous n'avez donc qu'un nombre limité de jours pour pouvoir accomplir toutes ces tâches. Autant le dire tout de suite : vous ne pourrez pas tout faire sur une seule partie. À vous de trancher !

Pour ceux qui ne connaissant pas la série, ces activités peuvent être perçues comme superficielles, voire inintéressantes. Mais comme disait Booba : "les vrais savent". Vous passerez autant de temps à draguer une fille ou à faire vos devoirs qu'à vous battre dans des donjons. Réussir dans votre vie de lycéen améliorera vos relations avec vos partenaires et vos compétences en combat ! Les dialogues sont tellement bien écrits que chaque nouvelle rencontre, chaque nouvelle interaction avec un personnage est un réel plaisir à découvrir. Dans Persona 5, on ne fait pas que parler à des PNJ, on apprend à les connaître, un petit peu d'abord. Si le courant passe bien, et en fonction de nos réponses, on aura ensuite l'opportunité de les revoir. Les quelques mots échangés à la sortie de la classe se transforment en après-midi à discuter à Shibuya. On se rapproche et enfin on s'attache. Rares ont été les jeux capables de me rendre, avec autant de sincérité, aussi attaché aux différents PNJ avec lesquels j'ai pu interagir.

Persona Gear Solid

Une fois ces relations tissées, il est temps de vous lancer dans les donjons du jeu. Dans Persona 5, vous et votre équipe partez à l'assaut de « Palaces ». Ce sont ces lieux dans "l'Autre-Monde" où se cachent les personnalités corrompues des adultes et où vous pourrez voler leur coeur afin de les purifier.

Gentleman-cambrioleur oblige, les donjons s'abordent comme dans un jeu d'infiltration. Ainsi, contrairement à des jeux de rôles classiques avec des combats générés aléatoirement, il faut ici utiliser des éléments du décor pour se cacher et prendre ses ennemis par surprise. Il faudra faire attention à avancer sans faire de bruit (une animation du plus bel effet vous indiquant toujours si votre équipe est trop bruyante) et à prendre vos ennemis à revers afin d'avoir l'avantage en combat. Si jamais vous vous faîtes repérer par les ennemis, ils alerteront leurs collègues de votre présence et se jetteront sur vous. Attention à ne pas vous faire attraper !

La partie infiltration aurait pu passer pour un simple gimmick rapidement répétitif, mais les équipes d'Atlus ont encore une fois effectué un excellent travail sur cette partie du jeu. Certes, on n'atteint pas le niveau d'un Metal Gear Solid V, mais ces phases d'infiltration requièrent suffisamment d'adresse et de réactivité pour nous scotcher à notre manette afin de réussir les plus belles attaques surprises. De plus, ces phases sont d'un beauté rare (tout comme le reste du jeu d'ailleurs). Vos personnages effectuent des slides, se meuvent d'une cachette à l'autre avec des effets propres aux meilleurs animés du genre et, pour le grand final, se jettent sur leurs ennemis dans une explosion visuelle du plus bel effet. Haaaaaaa !! Plus j'écris sur Persona 5 et plus je veux y rejouer !

Ceci est un hold-up !

Durant les affrontements contre des Persona, on se retrouve devant un jeu de rôle au tour par tour classique, mais calibré à la perfection. Ce qui marque, c'est la clarté des menus et la facilité de prise en main. Contrairement aux J-RPG classiques où il faut naviguer dans plusieurs menus, sélectionner une attaque, puis un ennemi à viser, avant d'enfin pouvoir passer à l'action, ici chaque chose est directement attribuée à un bouton de la manette. Ainsi, on sélectionne un ennemi avec la croix directionnelle et on appuie directement sur le bouton adéquat pour attaquer avec son arme principale, son arme à distance ou son Persona.

En réduisant le temps passé dans les menus, les combats se déroulent très naturellement et l'ennui ne pointe jamais le bout de son nez durant les quelques 80 heures nécessaires pour terminer le jeu !

Le but de ces combats est d'exploiter la faiblesse des Persona ennemis en utilisant un type d'attaque ou un élément auquel ils sont vulnérables. Ce faisant, vous récupérerez de précieux tours d'attaques supplémentaires. Attention, vos ennemis sont également capables d'exploiter les faiblesses de vos personnages, il faudra donc faire particulièrement attention à la santé de vos personnages lors de combats contre plusieurs Persona, sachant qu'il n'existe aucun moyen de récupérer de la santé entre deux affrontements, à moins d'utiliser de la magie ou des objets.

Exploiter les bonnes faiblesses et vous pourrez réaliser un "Hold Up". Lors de ces séquences, votre équipe encercle le Persona visé et trois choix s'offrent à vous : effectuer une attaque surpuissante nommée "All-Out Attack", soudoyer de l'argent au Persona, ou le recruter. Car oui, en plus d'un dating simulator et d'un excellent jeu de rôle, il y a également une dimension collection à la Pokémon, qui est extrêmement addictive !

Contrairement aux anciens épisodes, il faut négocier avec le Persona avant de pouvoir le convaincre de rejoindre votre équipe. En cas de réussite, vous pourrez l'intégrer à votre groupe pour qu'il vous prête main-forte. Il y a plus d'une centaine de Persona à collectionner et à utiliser en combat, pour autant de raisons de s'amuser avec Persona 5.

Le Rouge et le Noir

Je ne peux terminer ce texte sans parler de l'esthétique général du titre. Je ne parlerai pas en termes techniques, mais bel et bien en termes de design et de choix artistiques. Persona 5 est l'un des plus beaux - si ce n'est le plus beau - jeu vidéo auquel j'ai pu jouer dans ma vie. Le titre a une identité si forte et si... puissante ! L'aspect animé se mélange à merveille avec le côté comic book qu'apportent certains éléments du jeu. En même temps, vous avez ces couleurs (rouge et noir) qui reviennent constamment, pétantes et hypnotisantes. Le noir du voleur et le rouge du coeur se marient à merveille pour nous happer dans un univers fantastique et excentrique, dont on ne veut plus partir.

Cette esthétique particulière se retrouve jusque dans les menus du jeu et dans l'interface utilisateur, qui sont sûrement les plus stylisés jamais réalisés. Naviguez dans les options pour voir le personnage principal prendre les poses les plus classieuses à chaque sélection de menu, lancez un combat et bavez devant l'interface de sélection des objets : c'est d'une beauté à en crever ! Bon sang, le titre est tellement beau qu'il réussit à m'exciter rien qu'avec son interface de sélection d'objets !

Et que dire des différents thèmes musicaux, qui sont tout simplement grandioses. Tantôt rock, tantôt funky, avec de grosses lignes de basse qui n'ont absolument rien à envier à celles de Jamiroquaï... j'ai la chair de poule à chaque fois que j'entends le thème des combats. Impossible de m'en lasser.