Ces temps-ci, les simulations automobiles sur piste sont légion et elles semblent déjà couvrir un large panel de ce qu'un joueur peut espérer. Assetto Corsa arrive donc sur un marché où les Forza Motorsport, les Project Cars et les Gran Turismo sont désormais bien installés. Mais le studio apporte avec lui une expérience particulière, issue des simulateurs professionnels et au service des constructeurs et écuries. De quoi rassurer quant au potentiel de leur moteur physique, mais aussi de quoi effrayer le grand public, un peu.

In Auto Veritas

Effectivement, le T300 de Thrustmaster entre les mains, le bon pédalier au pied, c'est l'extase. Si on bataille un peu sur les premiers tours de piste, le temps de prendre ses marques, on en vient vite à conclure que là, on sent bien sa voiture. Et donc qu'avant, dans les Forza et compagnie, on ne la sentait pas tant que ça. Oui, parce qu'Assetto Corsa a des qualités que les autres n'ont pas, c'est une évidence quand on a le bon périphérique avec soi. Entre la latence réduite qui donne vraiment l'impression de contrôler son véhicule, la gestion des vibrations et de la résistance en courbe, avec des sensations de grip supérieures à la concurrence, on se demande comment on pourra revenir en arrière après y avoir goûté. Evidemment, tout n'est pas parfait et il reste encore quelques points discutables comme le ressenti des chocs qui pourrait être « ajouté » au niveau du volant, ou ces pertes d'adhérences qui ne s'expriment que trop légèrement, mais rien qui ne gâche la sensation de vraiment conduire, l'ensemble étant au dessus de ce que l'on connaît déjà.

Et sincèrement, l'envie de tout détailler, avec des tonnes de superlatifs ou de points de critique ne manque pas, mais il faut penser à ceux qui ne jouent pas au volant et leur présenter un peu le jeu qu'ils auront au bout des doigts. En effet, Assetto Corsa n'a pas vraiment été développé pour la manette, c'est une certitude. Ses débuts sur PC avec ce type de périphérique ont même été très difficiles. Pourtant, aujourd'hui, il s'en sort plus qu'honorablement (et clairement mieux qu'un Project Cars, pour ceux que l'expérience aurait rebutés). Les sensations sont bonnes, le poids est bien ressenti, les réglages par défaut sont tout à fait corrects. Et heureusement, parce que les possibilités de configurer son contrôleur, qu'il soit volant ou manette d'ailleurs, ne sont pas bien nombreuses, aux antipodes de ce que propose le récent F1 2016. Notez d'ailleurs que les vibrations des gâchettes sont bien présentes sur Xbox One, mais moins bien gérées que dans Forza 6.

Ad Victoriam

En termes de gameplay, Assetto Corsa joue certes la carte de la simulation, mais sait rester accessible. L'ABS, la traction, le contrôle de stabilité et bien d'autres options (vous trouverez la capture d'écran des différentes aides dans la galerie de ce test) sont autant de soutiens qui permettent d'aborder le circuit sans trop d'appréhension. Chose assez surprenante : le plaisir de conduire n'est pas trop touché par ces assistances, qui donneraient presque un air de Project Gotham Racing au comportement des voitures. Pendant ce temps, les joueurs les plus hardcore pourront se frotter au contrôle du frein, de l'accélérateur et de la direction sans la moindre assistance, pour profiter de ce qu'Assetto Corsa a de meilleur à offrir. A noter tout de même l'incroyable inutilité de la trajectoire conseillée, dont les points d'accélération et de freinage sont complètement aux fraises. Non seulement ils ne correspondent pas du tout à la voiture utilisée, mais ils sont en plus totalement statiques, sans aucune prise en compte de la vitesse en cours. Autant désactiver cette fonction dès le départ et apprendre le circuit par soi-même.

Du côté des réglages des véhicules, attendez vous à trouver de nombreuses possibilités sans tomber pour autant dans la précision d'un Project Cars, ce qui entre nous n'est pas un mal. Pour chaque option, l'explication des effets sur la conduite est claire et simple à comprendre. On se prête donc assez facilement au jeu des modifications, sans risque de tout détraquer, avec en plus la possibilité d'enregistrer ses paramètres pour pouvoir les récupérer plus tard, dans d'autres circonstances.

Evidemment, tout ceci ne vaudrait rien si l'IA ne tenait pas la route. Avec son caractère un peu agressif, parfois aveugle, elle donne vraiment du fil à retordre, surtout en début de carrière. Le plaisir étant de la voir elle aussi lutter avec ses voitures, faisant régulièrement de petites fautes, des sorties de virage ratées ou des freinages mal dosés. Et au fil de la progression en niveau, elle se fait plus technique, plus à même d'attaquer dès qu'un espace lui est laissé, avec à la clef quelques coups de pare-chocs et autres sorties de route. Ça fait râler, c'est sûr, mais c'est aussi le jeu que de savoir se protéger de ses adversaires. Parce qu'ici, point de rewind pour vous sauver. Tout au plus aurez vous l'autorisation de recommencer la course, à l'ancienne.

Aut Caesar, aut nihil

Heureusement, la carrière permet d'apprendre progressivement à maîtriser ces différents paramètres. D'une construction classique, elle propose d'enchaîner des épreuves d'entraînement, où des points sont attribués ou retirés en fonction de la qualité du pilotage et des prises de pénalités, avec des courses et autres types de compétitions contre des adversaires de même catégorie. On débloque ainsi progressivement les niveaux supérieurs, avec la possibilité de compléter ou non chaque série. À noter que le niveau de l'IA est réglable pour chaque challenge, ce qui évite de se retrouver bloqué face à une difficulté. Et pour ceux qui n'aiment pas attendre, il est possible d'accéder à toutes les épreuves avec tous les véhicules, y compris le drift ou le weekend complet (avec essais, qualifications et tout le toutim), et ce dès le début du jeu.

Mais à mon avis, le coeur de ce genre de titre se situe dans son multijoueur. Il me semble déceler avec Assetto Corsa le potentiel trop rare de courses entre gentlemen, avec respect de celui qui double comme de celui qui freine. C'est en tout cas le cas actuellement sur PC. Et si les fonctionnalités en ligne ne sont pas des plus nombreuses, avec un système de salons toujours aussi classique, les possibilités de sélection et les règles strictes que l'on peut appliquer devraient permettre aux vrais pilotes de s'affronter en toute quiétude.

Reste enfin le contenu, un peu chiche et enrobé dans un menu des plus mal pensés. Du côté des circuits, il faudra se contenter de 11 destinations, pour une vingtaine de tracés. Trop peu, certainement, même si encore une fois la qualité est au rendez vous, pour peu que l'on ait pas peur des temps de chargement que les kilomètres ont tendance à rallonger. On se rattrape un peu avec les 90 voitures disponibles dès la sortie du jeu. La sélection est intéressante et cohérente, avec une orientation très italienne, évidemment. Il manque tout de même de nombreux constructeurs et de nombreux modèles pour que la compétition soit un peu plus réaliste, le partenariat avec Porsche annoncé récemment faisant probablement l'objet d'un DLC payant à venir.

Tu quoque technicae

Assetto Corsa n'est pas le plus beau jeu de course du moment, même sur PC. Cette conversion ne manque d'ailleurs pas de défauts de finition qu'on aimerait bien voir s'atténuer avec de prochains patchs. Citons en vrac l'aliasing, le tearing, le clipping, les baisses de framerate, qui font régulièrement leur apparition sur PS4 comme sur Xbox One, cette dernière version étant en plus un petit cran en dessous de sa concurrente en termes de finesse. Sans vraiment gêner le gameplay, ces artefacts se font remarquer, surtout à faible vitesse et quand le nombre de véhicules à l'écran augmente. Et sachant qu'il n'y a pas de véritable gestion de la météo, pas de pluie ni de course de nuit, l'écart avec Project Cars ou même Forza Motorsport 6 fait un peu tâche. Attention, le jeu n'est ni laid, ni injouable, bien au contraire. La modélisation des véhicules est exceptionnelle, en intérieur comme en extérieur, et le rendu des circuits est tout à fait au niveau. Mais avec ces petits défauts d'image, le résultat est légèrement inférieur aux ténors du genre.

Quant à la partie audio, on reste dans la moyenne avec des sonorités variées, pétaradantes à souhait. La localisation spatiale est bonne, en stéréo comme en multicanal, avec un compromis sur le niveau sonore des concurrents qui permet de toujours entendre clairement son régime moteur. On apprécie d'ailleurs les différentes égalisations, en fonction du choix de la vue. Il manque certes quelques bruits d'ambiance pour donner plus de vie à tout ça, mais l'ensemble est cohérent.