Je suis un de ces joueurs nourris en rêves par les pages import des vieux magazines papier comme Consoles+ ou Joypad. Tant de jeux fripons-nippons auxquels j'aurais si ardemment voulu jouer (sans mauvais jeux de mots), mais qui n'ont jamais franchi les frontières de l'archipel. Frustré, depuis une dizaine d'années, j'ai importé énormément de ces titres, comme Dream C Club ou Onechanbara. Mais ces derniers mois, ce n'est plus le cas : les studios japonais ayant enfin compris qu'ils pouvaient doubler leurs ventes en sortant leurs jeux traduits (en anglais la plupart du temps, comme ici) dans le reste du monde, ne se gênent plus pour le faire, Senran Kagura et Gal*Gun en tête. Avec un peu de patience, une bonne partie de ces oeuvres finissent par débarquer chez nous, et c'est le cas avec cet Asterisk Wars : Phoenix Festa, véritable OVNI qui vient détonner dans le paysage vidéoludique français. Mais que vaut ce titre qui n'aurait jamais pu voir le jour chez nous il y a 10 ans de ça ?

Transmédialité, quand tu nous tiens

Certains d'entre-vous connaissent peut être Asterisk Wars, un "Light Novel" (un roman illustré) qui à connu son petit succès au Japon, avec une adaptation en animé, en manga, son propre spin-off, et maintenant donc un jeu vidéo ! Pouvant être classé dans les genres du "manga harem" (le héros et ses moult prétendantes toutes folles de lui) et du "ecchi" (des oeuvres qui usent et abusent de la représentation des attributs féminins de leurs héroïnes), cet univers tout en "transmédialité" nous conte les aventures d'Amagiri Ayato, dans un futur lointain et après une catastrophe qui à failli décimer l'humanité. Ce dernier est fraîchement débarqué dans l'académie Seidoukan, une des six écoles d'arts martiaux qui se disputent le contrôle acharné de l'île d'Asterisk, dans une sorte de tournoi à la Hunger Games "light", sans morts.

À peine arrivé, c'est le drame. Suite à un gros quiproquo, il surprend une des étudiantes en petite tenue dans la chambre de cette dernière, ce qui va lui valoir ses premières péripéties. S'en suivront moult autres, toutes à base de jeunes filles folles de notre héros, et ce dernier devra trouver celle qui lui convient le mieux, nouer des liens avec elle, et faire équipe pour finalement parvenir à gagner le tournoi du Phoenix Festa. Une histoire assez basique en somme, et qui n'emmènera pas le titre vers les sommets de la narration, comme nous le verrons un peu plus loin dans ce test.

Retro Dating Sim

Comme vous avez pu le lire en introduction, AW:PF est un jeu atypique qui mélange un genre assez commun à un autre bien plus exotique. Pour ceux qui ont eu l'occasion de s'essayer à des titres du genre "Dating Sim" (jeu de drague) tel le légendaire Sim Girl, vous serez en terrain connu. Après avoir choisi votre héros entre l'officiel ou un autre crée avec les quelques visages disponibles, c'est parti pour l'aventure ! Sous forme de menus, vos journées seront divisées en deux, soit autant de créneaux destinés à réaliser plusieurs activités. Entraîner votre personnage pour améliorer ses statistiques en combat (attaque, défense...), mais aussi faire des petits boulots pour gagner de l'argent, et enfin dépenser cet argent à la boutique pour améliorer votre équipement, ou acheter des cadeaux pour séduire toutes les filles du jeu ! Car en effet, vous pourrez, en échange d'une demi journée de votre temps, tenter de défier au combat, ou inviter à un rendez-vous galant l'élue de votre coeur !

Il faudra au préalable bien sûr monter votre niveau d'affection avec ces dernières, sous peine de devoir essuyer des refus. Un système très classique de gameplay de gestion, qui a déjà pu faire ses preuves depuis déjà plusieurs décennies et rappellera pas mal de souvenirs à certains ! Mais malheureusement, les objectifs ne suivent pas. Si vous avez choisi le héros officiel, vous commencez le jeu 15 jours avant les inscriptions au tournoi, qui se transforment en trois mois si vous choisissez de créer votre héros (mais vous partirez alors avec de bien moins bonnes stats et un équipement tout pourri). Vous devez avoir trouvé votre partenaire d'ici cette échéance sous peine de game over. Il faudra donc vite créer des liens avec les filles pour trouver celle qui vous accompagnera jusqu'au bout, et en dehors de cet aspect, je dois bien avouer que je n'ai pas du tout vu l'intérêt de continuer à entretenir des relations avec les filles que vous n'avez pas choisies ! Une fois vote couple crée, vous avancez au travers des 45 derniers jours un peu comme un fantôme, puisque renforcer un lien devient totalement inintéressant.

Baston Visuelle

Au delà du calendrier, le scénario nous est conté sous forme de Visual Novel avec des événements clef à dates fixes, qui proposent peu de retournements de situation ainsi qu'une grande platitude, et d'autres plus aléatoires, qui se payent pour certains le luxe de se répéter ! Un comble pour un jeu du genre, et du jamais vu pour ma part. Du coup, j'ai même pu constater que les différentes réponses à choix multiples aux questions posées par les filles n'influent presque pas sur le gain d'affection octroyé par chaque rencontre... En choisissant le héros de base, le jeu souffre donc d'un problème de rythme assez flagrant, puisque très pressant au début, la suite n'est qu'une simple formalité sans réel enjeu autre que le combat.

Et ce n'est pas les batailles, jusqu'à deux contre deux, qui vont venir relever le niveau. Avec des modèles 3D très simplistes bien que réussis, et des arènes trop peu nombreuses, ces dernières sont très simples et sans réelles difficultés, elles sont d'un classicisme absolu : Un attaque de base, une autre plus puissante, deux coups "ultra", une garde, un dash et ses attaques associées viennent compléter le tableau. Bien souvent, les combats se résument à la même chose : on attend que l'ennemi attaque, on esquive puis on contre-attaque. Imparable. Et encore une fois, si vous avez choisi de jouer avec Amagiri Ayato, vous passez à côté de la partie "buff du héros", puisque l'on vous met directement dans les mains un stuff très puissant qui écourte encore plus les combats. Et à ce propos, les armes à débloquer sont aux nombre de 4 et viennent un peu renouveler le gameplay, mais ne proposent que 5 versions chacune, plus ou moins puissantes. Une montée en puissance assez limitée, même en créant votre personnage. Le seule originalité viendra de la gestion de votre barre de vie au fil des jours, puisque vous entamez cette dernière avec n'importe quelle autre activité réalisée avant un combat !

Asterisk Wars : Phoenix Festa traîne donc quelques choix assez douteux derrière lui, tel un bon gros boulet, mais possède tout de même son lot de qualités : des doublages originaux japonais de bonne facture tout d'abord, ainsi que des illustrations très réussies pour la partie Visual Novel. Ajoutez à cela une dose plus que raisonnable de fan service et une certaine "rejouabilité" si vous voulez séduire toutes les filles du jeu. La durée de vie est assez correcte puisqu'il vous faudra environ 5 heures pour boucler un run de trois mois. Notez aussi un mode "bataille", qui vous permet de configurer vos affrontements comme vous le désirez, associé avec un multijoueur en réseau local Ad Hoc. Si on peut donc se réjouir de l'arrivée de moult titres atypiques en provenance du Japon dans nos belles contrées (malheureusement une fois de plus uniquement traduit en anglais), il ne faut pas oublier que quelques-uns peuvent malheureusement se montrer parfois un peu décevants, malgré leur emballage sucré et exotique.