Pour la petite histoire, sachez que cette suite a failli ne jamais voir le jour. Pas assez d'argent, et une poignée d'actionnaires frileux suite aux ventes décevantes du pourtant grandiose VLR en occident. Kotaro Uchikoshi, le directeur et scénariste de la série, avait même évoqué la possibilité de ne pouvoir sortir le titre que sur iOS et Android lors d'une interview menée par mon très cher ami Kaminos. Pourtant, il est finalement là, sur 3DS et PSVita, et même avec une sortie Steam ! Mais le jeu a-t-il souffert de ses ambitions hasardeuses ? Existe-t-il uniquement pour flatter le fan fidèle ou constitue-t-il un chapitre d'exception comme ses prédécesseurs ? C'est ce que nous allons découvrir dans ce test.

Zero Escape : The Pre-Sequel

Avec ce Zero Time Dilemna, Spike Chunsoft a encore franchi un palier dans la narration, et se détache véritablement du genre du visual novel pour se rapprocher de ce qui se fait dans des jeux narratifs tels qu'Until Dawn, Heavy Rain ou les Walking Dead de Telltale. Comprenez par là un abandon des panneaux de dialogues qui défilent devant deux personnages face à face, et l'adoption d'un système de narration entièrement sous forme de cinématiques ! Bien entendu, les développeurs Japonais n'ont pas les moyens d'un studio comme Quantic Dream, et lesdites cinématiques souffrent d'une animation parfois faiblarde. Mais ce choix démontre clairement une ouverture, pour attirer de nouveaux joueurs dans le giron de la série, tant cet opus peut se laisser regarder tel un bon épisode de Game of Thrones. Toujours dans un esprit d'accessibilité, le design global des personnages est bien moins "japonisant" qu'auparavant malgré quelques excentricités et une direction artistique familière, notamment sur la reprise de nombreux thèmes musicaux. Aussi, les moult explications scientifiques, si chères à Uchikoshi mais qui ont lassé une frange des joueurs, sont plus courtes et concises.

Et s'il est possible de commencer la trilogie par Zero Time Dilemna, bien plus accessible que ses prédécesseurs et spoilant ouvertement leur conclusions respectives, je le déconseille fortement.

Les événements décrits dans ce Zero Escape 3 se déroulent entre le premier et le second épisode, mais ne vous y trompez pas, il s'agit bel et bien du dénouement. Sans plus vous spoiler si vous ne connaissez pas la série, je vous invite à très vite aller jouer à 999 sur votre DS, puis Virtue's Last Reward sur votre 3DS ou votre PS vita (les membres PS+ ont pu en bénéficier en avril 2013). Sachez en tous cas que toutes les questions laissées en suspens vont trouver une réponse dans cet épisode. Pour l'occasion, quelques têtes connues font leur retour, avec Sigma, Phi, Akane et Junpei. Cinq autres petit nouveaux sont aussi là pour participer à un nouveau jeu de massacre : le "decision game". Enfermés dans un bunker sous-terrain, et partagés en trois équipes de trois, nos protagonistes vont devoir participer à des épreuves ou ils seront confrontés à des choix mortels. Et c'est uniquement lorsque six d'entre eux seront morts que la porte de l'abri pourra s'ouvrir... Ce pitch n'est pas sans rappeler celui de ses glorieux aînés, et comme d'habitude, nos héros vont se servir de ces cruels destins qui leurs sont promis pour apprendre à utiliser leur pouvoir de "shift", qui leur permet de faire naviguer leur conscience entre différents univers parallèles, et ainsi apprendre de leurs erreurs pour tenter de sauver le monde d'une destruction certaine.

Memento Fiction

Si l'habitué va très rapidement reprendre ses marques, un aspect du scénario va fortement influer sur le gameplay et la narration : A chaque fin d'épreuve, les participants se voient injecter par leur bracelet une dose de somnifère, mais aussi une drogue qui va leur faire oublier tout ce qui vient de se dérouler. Ainsi, à chaque réveil, il leur est tout bonnement impossible de savoir depuis combien de temps ils jouent au "decision game". Est-ce la première fois ? La troisième ? La dix-septième ? Si le "flowchart" global est toujours de la partie, permettant de se repérer dans les multiples univers découlant des choix des protagonistes, l'injection de cette drogue influe grandement sur le déroulement : on vous propose des segments de chapitre, mais il est tout bonnement impossible de savoir ou ils se situent dans la chronologie avant de les avoir terminés !

Cet aspect rajoute une bonne dose de mystère, et donne lieu à de gros retournements de situation. Néanmoins, ces twists, qui constituaient clairement le point le plus fort des scénarios de 999 et VLR, sont ici moins poussés. Si l'on va souvent halluciner devant une situation banale qui va devenir en une fraction de seconde un acquis de cet univers, les retournements propres à ce ZTD sont souvent maladroits (bien que justifiés), et la fin s'avère un brin décevante, sans aucun « mindfuck final », pourtant marque de fabrique de la série. Un autre aspect du jeu m'a semblé lui aussi en deçà : comme dans 999 et VLR, chaque choix d'embranchement scénaristique est précédé d'une phase "d'escape room". Moins nombreux dans ZTD, les puzzles m'ont semblé plus faciles, réutilisant pour la plupart les mêmes casses têtes. Malgré tout, ne minimisons pas les choses. Nonobstant quelques facilités et un final moyen comparé à ses prédécesseurs, le scénario de Zero Time Dilemna est une réussite.

Dis, je le prends sur PS Vita ou 3DS ?

Cruel dilemme s'il en est ! J'ai eu la chance de tester le jeu sur les deux supports, et si les deux versions sont quasiment identiques sur de nombreux points, comme la présence des doublages Anglais et Japonais, les principales différences vont se faire sur la partie technique. Au niveau des graphismes tout d'abord : sur 3DS, les jolis modèles 3D en cel-shading souffrent énormément d'aliasing, mais aussi de textures floues, comme sur les vêtements des personnages. Ce n'est pas le cas sur Vita ou le jeu reste très net, même sur un écran de 55' via PS Vita TV ! Même constat au niveau des sous-titres, dont l'aliasing a gêné ma lecture, même sur le grand écran de ma New 3DS XL.

Aussi, si j'ai pu constater des chutes de framerate sur les deux consoles lors des mouvements de caméra, les menus m'ont paru plus fluides et réactifs sur la portable de Sony. Même bilan sur les phases d'escape room. J'ai aussi pu observer quelques différences au niveau du gameplay lors des énigmes. Certaines nous demandant de reconstituer un puzzle, le double écran de la 3DS nous oblige alors à switcher entre la boite et le plateau pour récupérer les pièces et les placer. Bien que plus petit sur Vita, tout est présent sur le même écran ! Si ce dernier point comparatif n'est que pur marchandage, un dernier va finir de faire pencher la balance en faveur de la version Vita : l'absence de 3D stéréoscopique sur 3DS ! Face à un jeu plus fluide et plus beau, la portable de Nintendo perd ce qui aurait pu être son principal avantage ! Mais quel que soit votre choix, portable ou même PC, apprêtez-vous à vivre une expérience de très haut niveau !