Republication de notre Test import du 14 mars 2016.

Re-testée par nos soins, cette version française du jeu est disponible en téléchargement seulement et ne propose pas de traduction française (sous-titres en anglais uniquement).
La traduction anglaise des sous-titres est de bonne facture.

Attention : au lancement la version PC souffre pour l'instant d'une incompatibilité avec les manettes Xbox One. La version PS Vita, elle, ne sortira pas chez nous et reste donc une exclu import.


Ci-dessous notre test import originel réalisé à l'époque à partir d'une version import japonaise fournie par notre partenaire nin-nin-game.com


Mercredi 2 Mars, 15h38, je viens tout juste de récupérer I am Setsuna. Je m'apprête à rentrer chez moi en RER quand, sans crier gare, quelques flocons virevoltent devant moi. Je lève les yeux vers le ciel parisien, il neige. Cela fait plusieurs mois qu'il n'a pas neigé et à l'instant exact où j'ai posé mes mains sur I am Setsuna, il a neigé. Fourré au fond de mon sac entre un paquet de mouchoirs bon marché et le dernier bouquin d'Aziz Ansari, je sors le jeu et le contemple religieusement. Je venais de comprendre l'étendue du pouvoir que dégageait I am Setsuna.

Mesdames et messieurs, ce n'est pas la critique d'un RPG que je vous propose aujourd'hui, mais le testament du renouveau japonais ! Ça, c'est l'état d'esprit dans lequel j'étais avant de commencer le jeu. Je viens à peine de débuter chez Gameblog et je suis on ne peut plus honoré de réaliser la critique du dernier bébé de Square Enix. Malheureusement, une fois le jeu lancé, il faut admettre que l'excitation est rapidement retombée.

Des graphismes à l'ancienne pour un RPG à l'ancienne

Tout d'abord, personne ne peut le nier, le jeu ne tire pas profit des capacités de la PS4. Pire, on a l'impression d'être devant une version HD d'un jeu 3DS. Car il faut le dire, les screenshots pris pour cette critique sont tirés de la version PS4 et non de la version PS Vita ! Quelques-uns trouveront un certain attrait à ce parti pris graphique : le design Chibi, le syndrome Fire Emblem Awakening (des jambes sans extrémités) et cet univers enneigé donnent un charme old-school indéniable au titre. De plus, la direction artistique et les illustrations des protagonistes nous renvoient à nos plus beaux souvenirs des premiers Final Fantasy, ce qui n'est clairement pas pour nous déplaire. Mais on aurait apprécié qu'un effort soit apporté techniquement pour justifier la sortie d'un tel titre estampillé Square Enix sur PS4.

Rendez-vous en terres... déjà vues

Le casting d'I am Setsuna répond à tous les clichés des RPG japonais : héros amnésique ? Check. Rituel lors duquel le protagoniste principal féminin doit se sacrifier pour sauver l'humanité ? Check. Le mage frêle à lunettes, la sidekick pleine de bonne volonté ou encore le vieux briscard qui cache un passé tumultueux ? Check, check et encore check. On se retrouve vite déçu devant le manque flagrant d'originalité des personnages que l'on est amené à incarner et à rencontrer.

Cette absence d'initiative se retrouve également dans le scénario classique du jeu : une jeune femme est choisie tous les dix ans pour servir de sacrifice et cette année c'est au tour de Setsuna d'accomplir ce rituel. Vous commencez le jeu en incarnant End, un jeune mercenaire amnésique, qui a pour mission de tuer Setsuna. Finalement, celui-ci se rétracte et décide de l'accompagner en tant que gardien pour l'aider à mener à bien sa quête. Si vous avez déjà joué à Tales of Symphonia ou Final Fantasy 10, vous retrouverez de nombreuses similitudes entre leurs scénarios.

Petit RPG d'art et d'essai

Cependant, bien que sans surprises, I am Setsuna réussit à nous conter une histoire émouvante en s'interrogeant sur les motivations et les raisons de vivre de chacun de ses protagonistes. Ici, c'est le récit intimiste de sept personnages que l'on nous propose de suivre. Pas de folie des grandeurs ou de guerres inter-galactiques, mais simplement un groupe que tout oppose, uni par un même destin et une quête commune. On apprécie vivre cette aventure avec ces héros dont on se sent si proche, plaisir qui s'estompe malheureusement face à la quantité excessive de dialogues à lire.

I am Setsuna est le parfait exemple du cas de boulimie littéraire aiguë. Le jeu veut constamment nous prendre par la main en nous répétant plusieurs fois les mêmes informations comme pour s'assurer que nous ne sommes pas perdus. On apprécie le geste mais cela a l'effet inverse et cette overdose de texte ralentit notre progression dans un jeu qui aime déjà prendre son temps.

Ikenie to Yuki no Chrono Trigger

Il était nécessaire de parler des défauts du jeu pour que je puisse m'attarder sur l'essence même du titre, ce qui en fait sa force : ses systèmes de combat et de progression des personnages.

Les développeurs d'I am Setsuna ont pioché quelques éléments d'excellentes références du jeu de rôle japonais pour nous proposer un système de combat en semi-temps reél incroyablement efficace. Celles-ci s'inspirent énormément des affrontements de Chrono Trigger. Ainsi, lorsque vous voyez un ennemi à l'écran et que vous décidez d'engager un combat, les trois héros sélectionnés et vos adversaires prennent une position fixe à l'écran et un menu apparaît.

À côté de chaque portrait se trouve une barre de vie, de mana mais également une jauge ATB (Active Time Battle) ainsi que la jauge de Setsuna. La jauge ATB se remplit toute seule. Vos héros ne peuvent effectuer une action que lorsque celle-ci est pleine. Une fois remplie, vous pouvez attaquer ou lancer un sort, ce qui vide la jauge. Vos adversaires ont également une jauge ATB et chaque action s'effectue au tour par tour mais la jauge se remplit en temps réel. Ainsi, si vous ne réagissez pas suffisamment vite, vous pouvez perdre plusieurs tours d'actions cruciaux face à vos ennemis.

Il faut également prendre en compte la position de chacun de vos personnage, ceux-ci ne se déplaçant qu'en fonction de l'attaque utilisée. Il est impossible de les déplacer manuellement mais chaque action implique un déplacement spécifique de votre personnage à l'écran. Maîtriser le positionnement de vos héros est primordial car cela permet d'éviter certaines attaques de zone de vos ennemis ou, à l'inverse, de soigner plusieurs alliés avec un seul sort. Beaucoup de données à prendre en compte mais qui apportent un réel challenge lors des combats, sublimés par le système de Setsuna.

Atelier Setsuna

La jauge de Setsuna ne se remplit qu'une fois la jauge d'ATB pleine. À l'inverse de cette jauge, il est possible de garder jusqu'à trois charges Setsuna qui permettent, d'une pression sur la touche "carré" avec le bon timing, de décupler les effets d'une attaque ou d'un sort. Cela apporte une nouvelle dimension stratégique et encore plus d'options à utiliser en combat. Ainsi, il pourra être avantageux dans certains cas de patienter, malgré une jauge d'ATB pleine, pour obtenir une charge de Setsuna et booster un sort.

Tuer un ennemi en utilisant une charge Setsuna vous attribue un Setsuna Kill, le tuer en utilisant une attaque d'eau vous octroie un Water Kill et ainsi de suite. Chaque type de Kill permet de récupérer une ressource spécifique à la fin du combat, ressources nécessaires afin de créer les pierres de commande, l'équivalent des materias de Final Fantasy 7. Il faudra donc varier les manières de jouer afin de fabriquer les pierres de commande les plus puissantes et ainsi améliorer vos héros.

Ces derniers gagnent en expérience et montent de niveau, mais leur progression s'effectue principalement via ce système de pierres de commande. Ces pierres leur octroient des capacités passives et actives et permettent également d'activer des actions et sorts coopératifs surpuissants.

Grâce à ces pierres, il est possible de personnaliser intégralement ses héros et leurs actions pour avoir une équipe unique. Je vous conseille vivement de vous y attarder car les ennemis deviennent particulièrement retors après quelques heures de jeu. RPG à l'ancienne oblige, vos points de vies et de mana ne se régénèrent pas entre chaque combat et le jeu ne sauvegarde pas automatiquement votre progression. N'oubliez pas de faire régulièrement le plein de potions... et de sauvegarder !

Eternal Sonata

Le dernier point fort du jeu est sans conteste sa musique. La bande originale ne comporte que des thèmes interprétés au piano. Si vous êtes allergique à cet instrument, I am Setsuna n'est pas fait pour vous. Les autres apprécieront le soin apporté à chacune des compositions qui rythment l'aventure de nos héros. Tantôt dramatiques, tantôt calmes et apaisées, les musiques du titre renforcent un peu plus le sentiment de vivre une épopée intime où seuls nos héros et leurs quêtes personnelles n'ont d'importance au sein de ce monde qui court à sa perte.