Si vous êtes nés trop tôt (avant 1980), vous avez certainement été exclu de la mouvance Poké/Digi/mon. Il serait alors facile de penser que Digimon reste une série de jeux uniquement pour les enfants... Détrompez-vous ! Les fans ont grandi, et leur licence avec eux ! On peut d'ailleurs facilement mesurer l'attente liée au titre en traînant sur internet. Force est de constater que la communauté Digimon est encore très active 15 ans après. À peine sorti, le jeu dispose déjà de ses soluces faites par les fans sur le net, les différents forums sont en pleine effervescence, Twitter s'active et les sites d'import mettent le jeu en avant sur leurs homepages. Bandai Namco, qui édite le jeu pour ce passage de la PS3 à la PS4 et de la PSP à La PS Vita, savait que sa dernière mouture du RPG sous licence Digimon serait attendue au tournant. Il en a donc confié les commandes à une team de tueurs...

Expendables version studio de jeu vidéo

Au développement, la société Media. Vision, de véritables briscards du J-RPG ayant fait leurs armes avec la série des Wild Arms pour Sony, Valkyria Chronicles III pour SEGA, ou encore la série mobile des Chaos Ring pour Square Enix. En somme, des mecs qui savent ce qu'ils font et qui connaissent leur métier sur le bout des doigts. Le producteur est le même que pour les deux derniers RPG Digimon sortis sur PSP, et le directeur est dans la maison depuis Wild Arms 5. Notons tout de même que Media. Vision n'a rien à voir avec la fameuse régie publicitaire du cinéma Français !

Pour le character design, on retrouve deux pointures : Ito Ogure, plus connu sous son pseudonyme "Oh!Great", auteur des mangas Air Gear et Enfer et Paradis, participe au design des monstres, et Suzuhito Yasuda, surtout connu pour son travail sur le manga Yozakura Quartet et des illustrations de lights novels tels que Durarara !! ou Danmachi, est quant à lui responsable de l'aspect des protagonistes du titre.

Pour les cinématiques, Bandai Namco à fait appel au studio Kamikaze Douga, très réputé dans le milieu et spécialisés dans le rendu en cel-shading, ayant travaillé sur des oeuvres comme Jojo's Bizarre Adventures ou encore Fire Emblem.

Pour la musique enfin, c'est Masafumi Takada qui est aux commandes. Son CV parle de lui même : Killer 7, God hand, No More Heroes, The Evil Within, ou encore la série Danganronpa... Cet homme, avec ses compositions aux notes jazzy, donne une très forte identité à peu près à tout ce qu'il touche.

La mayonnaise prend-elle ?

Le jeu s'ouvre sur une séquence ou vous allez choisir le sexe et le nom de votre avatar. Vous serez ensuite projetés dans le monde d'EDEN, une sorte de réalité virtuelle. À la suite d'un affrontement avec un des "Eater" qui peuplent cet univers, votre héros verra son esprit bloqué dans la réalité virtuelle, tandis que son corps se transformera en coquille vide. Enfin pas tout à fait : son âme va réussir à se matérialiser sous forme physique dans le monde réel. Grâce aux pouvoirs qu'impliquent ce nouveau corps, vous êtes rapidement recruté par la détective privée locale pour faire la lumière sur ces phénomènes étranges qui relient monde réel et monde numérique, avec pour objectif de pouvoir réintégrer votre corps et sauver ces deux mondes.

Ce pitch de départ est intéressant, mais traîne en longueur, avec un découpage en chapitres tous plus ou moins indépendants, qui fera lentement avancer le fil rouge. Autre défaut à signaler : les quêtes ne sont pas toujours claires, et si on loupe une info dans un dialogue, on se retrouve parfois à s'arracher les cheveux pour trouver la solution et savoir où aller...

Vous allez donc enchaîner quêtes principales et secondaires en alternant mondes virtuels et réels, avec pour escorte votre fine équipe de Digimons. Vous pourrez collectionner ces derniers en les scannant lors de vos nombreux affrontements, puis les faire "digivoluer" ou "dé-digivoluer" à votre guise, afin de créer une team capable de parer à toutes les éventualités. Les monstres puisent bien sûr leur design dans les modèles existants, et les fans seront aux anges.

Les combats, aléatoires, restent très classiques, avec des affrontements au tour par tour ou deux données restent primordiales : le type et l'élément de votre Digimon, qui devra s'adapter à celui de votre adversaire. Les quêtes se déroulent souvent avec un mystère à élucider, une enquête à mener, ponctuée de combats dans des donjons de plus en plus grands. On notera tout de même un peu de répétitivité du à ce mode de fonctionnement. Le jeu propose aussi un mode en ligne où vous pourrez faire combattre votre équipe contre celle d'un autre joueur, un inévitable des jeux de collection. Sur ce point, Digimon Story reste très classique, tout en étant d'une extrême efficacité. Mais c'est sur ses autres aspects que la différence va se faire...

Cuisine trois étoiles

Inutile de faire durer le suspens plus longtemps : la réunion de talents fait son effet. La direction artistique est léchée, avec des personnages hauts en couleurs et des décors délirants. L'aspect graphique très typé manga grâce au cel-shading est très réussi, avec des cinématiques de qualité. Les graphismes sont fins et le jeu fluide. Quand à la musique, les pistes proposées sont de grande qualité, et l'ensemble de tous ces éléments réunis donnent au titre une véritable personnalité. Cerise sur le gâteau : on notera aussi la présence du doublage original japonais (mais malheureusement des sous-titres en anglais seulement).

Si vous êtes fans de Digimon (et que vous comprenez un minimum l'anglais donc), que le principe de capture et de collection de monstres vous fait vibrer, ou que vous cherchez tout simplement un J-RPG sympa, je ne peux que vous conseiller ce Digimon Story : Cyber Sleuth. Les amateurs de boites à ranger sur une étagère pourront, pour combler leur bonheur, se tourner vers la version PS4 Anglaise disponible en version physique, et la version Asie PSVITA, toujours en Anglais et en boîte.