Randal est un sale con. Un sociopathe qui, quand il ne se bourre pas la gueule au troquet du coin, subtilise à peu près tout ce qui a le malheur de lui passer sous ses yeux. Et sa cleptomanie va lui jouer un sacré tour. Le soir de l'annonce des fiançailles de son meilleur pote, avec lequel il est, au mieux, effroyable, il ne va pas résister au besoin de lui piquer la bague d'engagement pour envisager de la revendre et payer ainsi ses trois mois de loyer en retard. Sauf que l'ami en question ne va pas se remettre de la perte de cet anneau.... et se suicider. Comme si ça ne suffisait pas, une malédiction va obliger Randal à revivre ce lundi funèbre indéfiniment.

WINK WINK ;p

Prenant la situation avec détachement, Randal (doublé par Jeff Anderson, le Randal Graves du cultissime Clerks, bonjour le clin d'oeil) va évidemment tout faire pour nettoyer son foutoir. En vue de retrouver la trace du maudit bijou, il va se mettre en mode point'n click, chiper un tas d'objets, les associer, duper d'autres personnages qui n'auront pas la moindre idée de l'avoir déjà rencontré le jour précédent, et altérer le continuum espace-temps de manière dramatique. Le réveil qui joue I Got You Babe de Sony and Cher vous donne un indice de la tonalité Un Jour Sans Fin. Le reste, des décors aux répliques, fera d'abord hurler de bonheur les amateurs de culture geek et pop. Des allusions aux séries TV les plus mémorables, comics inoubliables, point and click de légendes, films cultes, Randal's Monday en dégueule littéralement. Beaucoup trop souvent. Cela en devient vite oppressant et laisse à penser que l'idée première était de bourrer le jeu de références avant créer un univers propre et d'envisager des dialogues percutants et incisifs. Clairement, ça tartine en en mettant partout et ce n'est guère joli joli. Rendre hommage, pourquoi pas, sauf que l'absence de subtilité rend le tout indigeste. Alors que le potentiel était là.

Industrial Might and (il)Logic

Le jeu lui-même affiche de belles intentions et l'on apprécie ce désir de renouer avec la tradition du jeu d'aventure de la belle époque LucasArts. Mais c'est tout aussi maladroit dans la forme que dans le fond. Le titre de Nexus Game Studios souffre d'un problème inhérent à tous ceux qui ont voulu s'engouffrer dans le même monde que Ron Gilbert ou Tim Schaffer : ça n'a aucun sens. Pour progresser dans certains puzzles, il ne faut rien de plus qu'une association hasardeuse d'objets de l'inventaire entre eux. Et encore, quand vous avez eu la chance de les croiser. Trouver un gâteau d'anniversaire, par exemple, vous demandera de retourner à un endroit auquel vous avez une chance infime de songer et sans aucune explication rationnelle. De même qu'on a du mal à s'imaginer par soi-même qu'un coucou, de l'eau bouillante et une boule de billard produisent un effet particulier. C'est censé être ingénieux. Cela se révèle exaspérant et nous oblige à profiter d'un élément à saluer : le droit de débloquer une solution au fur et à mesure - en échange du massacre virtuel de petits chatons. Indispensable par moments pour éviter de s'arracher les cheveux. Et le reste.

Ça se présentait vraiment très bien. L'ambiance, le style cartoon, l'interface. Et puis les clins d'oeil ont fini par provoquer une sorte d'indigestion. Pas un endroit qui ne montre pas un poster, une figurine, une plaque, un vêtement ou un nom qui ne soit pas une référence à quelque chose dont on parle en Comic Con. Pas une ligne de dialogue originale et vraiment efficiente. Et surtout, trop peu de puzzles nécessitant un tant soit peu de logique. Une déception.