Et vous avez raison. D'autant que le studio américain a bien capté l'essence de la scène culte de ce film d'animation pas moins culte. Ainsi, dressé fièrement face à la caméra, l'écran faisant croire que votre silhouette se trouve sur un rocher, vous allez reproduire des mécaniques d'une grande simplicité et capables de vous immerger pleinement dans chacune des mélodies proposées. Cela aux côtés de Yen Sid, le magicien de Fantasia qui, histoire de contextualiser le tout, vient de vous prendre pour disciple dans un mode Histoire où il sera question de vaincre le "Bruit" dans une dizaine d'environnement charmants.

L'élégance du son

Vous voilà en train de suivre le tempo imprimé par des flèches exigeant un bon mouvement des bras, des cercles requérant une pression et un maintien tout en faisant voltiger l'autre mimine, ce qui donne, selon le point de vue et la grâce employée, une allure de danseur de Tecktonik ou de Chevalier du Zodiaque en train de préparer une de ses attaques spéciales. Le timing est un peu serré, il faut faire confiance à l'illumination des icônes pour mieux se repérer. Une fois assimilé, et en essayant d'oublier les quelques couacs de la reconnaissance des gestes, surtout sur les poussées de la main vers l'écran, le tout coule assez naturellement. On apprécie rapidement le concept, même si plus de fantaisie visuelle n'aurait pas été de trop, et on se laisse porter par la musique que l'ont peut triturer à l'aide de cinq sorts de compositions jouant sur la qualité et les samples, de manière à laisser parler notre créativité. Plutôt brillant, si on a l'oreille qui va avec et qu'on ne se précipite pas pour expédier la séquence. Surtout en multi, agréable et surprenant (avec une poignée de main pour inviter un autre joueur), où chacun peut avoir son mot à dire. Dommage qu'en duo cela manque de coups vaches, cependant.

Eh mec, il est où Mickey ?

Mignon en solo (comptez une bonne dizaine d'heures pour le compléter), Fantasia souffre d'un problème que les amoureux de Disney expriment assez vite. On trouve en effet des pièces classiques présentes dans le dessin-animé éponyme, et c'est un vrai bonheur, mais si le reste de la tracklist, composée d'une trentaine de morceaux, nous ravit par les présences de Peter Gabriel, Depeche Mode, M.I.A., Bruno Mars, Queen, Lorde ou encore David Bowie, on s'interroge. Car oui, c'est varié et les différents mix proposés, à choisir après un combo, sont parfois, voire souvent, excellents - hormis le Mozart version tropicale, traumatisant. N'était-ce pas l'occasion de ressortir les classiques de la firme aux grandes oreilles ? Les enfants, définitivement visés, n'auraient-ils pas préféré, d'office et non via DLC, devenir les Herbert von Karajan de Sous l'Océan ou bien Ce Rêve Bleu ? On peut facilement en être convaincu. Comme on est certain que nos chères têtes blondes vont fortement galérer avec une interface entièrement Kinect assez casse-bonbons, tant elle a du mal à repérer correctement le "curseur" que devient une pogne légèrement dressée. Le prix à payer pour un peu de magie.

Trouver des concepts frais dans les domaines du jeu de rythme et du motion-gaming n'a rien d'aisé, mais Harmonix y est parvenu avec ce Fantasia : Music Evolved. Sa proposition, à savoir se prendre pour un chef d'orchestre, est alléchante et plutôt bien amenée. Malgré quelques écueils et une tracklist qui, quoique variée et proposant quelques somptueux arrangements, ne satisfera que moyennement les personnes appâtées par la promesse d'un titre faisant référence à un dessin-animé culte, il peut, sans trop fatiguer, enchanter celles et ceux qui se rêvent maîtres du rythme et de la musique. Un temps seulement...