Entre le visuel de Persona et le principe d'Ace Attorney, ce Dix petits nègres signé Spike Chunsoft cultive l'absurde propre à un certain esprit japonais, dans son récit comme dans ses apparences. Avec ses personnages improbables mais répondant à des canons de personnalités finalement redondants dans la culture populaire du jeu vidéo et de l'animation japonaise, ce Danganronpa n'est certes pas accessible à tous. Pour apprécier ce qui fait le sel du titre, il faudra faire preuve de tolérance et de patience. Envers l'introduction interminable et certains dialogues aussi longs que creux par exemple, additionnés à un sentiment de liberté bien trop télécommandé, où dès lors, PS Vita en mains, on est plus spectateur que joueur. Mais au-delà de ces défauts qui pour certains feront aussi son charme, Danganronpa 2 devient vite prenant avec ses scènes de meurtre dignes de Détective Conan et ses procès aux effets ludiques variés et à la mise en scène aux réjouissants effets exagérés.

Blabla Royal

En schématisant, Danganronpa 2, similaire dans ses mécaniques à son prédécesseur auquel on aura bien fait de jouer pour réagir à toutes les subtilités de l'intrigue, se décompose en trois grandes phases : aventure, enquête et procès. Dans la première, on suit le fil des événements, des conversations imposées, mais on jouit aussi d'un peu de temps libre pour parcourir les différents endroits de l'île (hôtel, plage, supérette, etc.) afin de faire la chasse aux différents objets à collectionner, mais surtout dans le but de nouer des liens avec les autres personnages. Et ce même en sachant que chacun est une victime ou un meurtrier potentiel. En effet, sont rassemblés sur cette île des personnalités excellant dans leur domaine, que ce soit le sport, la photographie, la cuisine ou encore... la royauté ou le crime organisé. Seul moyen de sortir de l'île, imposé par l'ours robotique et démoniaque Monokuma : s'entre-tuer, puis trouver le coupable lors de procès aux rebondissements parfois abracadabrantesques, l'erreur étant synonyme d'exécution pour le héros. Ainsi prendra-t-on bien le temps d'analyser les scènes de crime, de dialoguer avec tout le monde, afin d'avoir des arguments aussi perforants, littéralement, qu'une balle de revolver.

L'objection qui tue

Point culminant d'un rythme qui parfois agace, les procès de Danganronpa 2 hypnotisent par leur sens du rythme et de la mise en scène. A la manière d'un Phoenix Wright, il faudra objecter, présenter des preuves au bon moment, appuyer ses accusations. Mais Danganronpa 2 va plus loin, proposant des phases de combats dialectiques comme autant de mini-jeux, de rythme, de skateboard, de shoot... Si de prime abord rien n'est évident, et ce malgré des explications trop bavardes qui auraient gagnés à être plus concises, le plaisir découle de la maîtrise, même s'il faudra s'y reprendre à plusieurs fois avant de se tirer vivant de ce tribunal de l'horreur. Non pas par manque de déduction, mais plutôt parce qu'on n'aura pas bien assimilé telle mécanique originale mais mal présentée. Ou alors parce qu'on aura un peu trop séché les cours d'anglais... En effet, si vous n'avez pas un petit niveau en anglais, difficile de s'impliquer dans ce titre qui, s'il garde ses voix en japonais, n'a pas bénéficié d'une traduction en français pour les sous-titres, le cantonnant encore un peu plus à une certaine niche de joueurs.