Si vous n'avez jamais touché à un titre Wargaming.net, rassurez-vous, le concept est enfantin : on place deux équipes dans une grande arène et au top départ, tout le monde s'étripe dans la joie et la bonne humeur jusqu'au dernier survivant. Vous voyez, c'est pas sorcier et n'importe qui peut comprendre les règles en trente secondes. C'était déjà le cas sur le fameux World of Tanks (et ce sera donc la même chanson dans World of Warplanes), où l'on remplace simplement les chars d'assaut par des avions de guerre, époque Papy Mougeot. Et comme pour son aîné, World of Warplanes est un Free-to-play sans obligation d'achat pour évoluer correctement. Vous pouvez donc ranger votre carte bleue et laisser les loosers compenser leurs lacunes en achetant des boosts d'XP sur la boutique intégrée.

Total Warplanes

Je vais être franc avec les passionnés de simulation aérienne ultra-réaliste : ce jeu n'est pas pour vous. Il va donc falloir refermer vos manuels de vol et accepter l'idée d'être en présence d'un jeu d'action multijoueurs, pour ne pas dire d'arcade. Car c'est une certitude, les développeurs ont conçu leur titre dans un souci d'accessibilité permanente et ont essayé d'injecter du fun à tous les étages. Idem pour le contexte historique, qui n'est qu'une toile de fond pour mettre en scène des vieux coucous de la seconde guerre mondiale. Pas de bataille mythique reconstituée comme dans un Total War, pas de vraie encyclopédie in-game pour nous rappeler nos plus belles heures d'histoire-géo, non, nous n'aurons droit qu'à des avions d'époque, au demeurant très détaillés et réalistes.

Wings of Fury

Ce désir de simplification se retrouve également dans la maniabilité et le gameplay. Inutile d'être passé par l'école d'aviation militaire, puisqu'il suffit d'orienter le viseur de la souris dans une direction pour que notre avion suive sa trajectoire. Le clavier, lui, sert à doser l'accélération et à ouvrir les vannes à plomb. Rassurez-vous, il est également possible d'utiliser un pad (mais la maniabilité est nettement moins précise à mon sens) ou un joystick. Mais très franchement, vu l'orientation du gameplay, vous pouvez ranger l'équipement que vous aviez payé une fortune pour jouer à IL2 Sturmovik, car ça ne transformera pas World of Warplanes en simulateur de vol pointu. Malgré tout, des petits agréments viennent enrichir le gameplay, comme la surchauffe du moteur en cas d'abus de l'accélérateur ou la montée en pression de la température des mitrailleuses, ce qui évitera à World of Warplanes de trop ressembler à R-type ou Xenon 2.

Comme un manche

Diriger un avion avec son viseur, ce n'est pas banal et dit comme ça, ça peut faire peur. J'ai également entendu pas mal de joueurs hurler contre le système de contrôle et déplorer son manque de précision. Mais malgré une inertie palpable et même si le système reste perfectible, je n'ai pas été excessivement gêné dans mes déplacements, tout du moins au combo clavier/souris (parce qu'à la manette Xbox 360, c'est une autre histoire). Je suis parvenu à effectuer des loopings bien sentis, à plonger en piqué puis à remonter sans me râper le nez. J'ai même réussi à descendre quelques avions dès mes toutes premières parties (oui, volontairement... mauvaise langue). Alors soit je suis un as du pilotage qui s'ignore, soit ce système de vol atypique n'est pas aussi raté qu'on pourrait le penser de prime abord. Et vu le nombre de fois où j'ai endossé le rôle du torchon enflammé, je pencherai davantage pour la seconde option. C'est donc un système de pilotage surprenant, aberrant diront certains, mais pas handicapant de mon point de vue. En plus de ça, pas mal d'assistances visuelles viennent guider le joueur pendant le vol, comme cette bonne idée d'utiliser un viseur décalé qui permet de compenser l'anticipation de la visée en plein mouvement. En revanche, la vue interne du cockpit est tout simplement absente. Et ça, c'est quand même difficile à avaler.

L'état des stocks

Au niveau du contenu, les modes de jeu ne sont pas légion, c'est peu de le dire. En réalité, entre le deathmatch et le principe de domination, on a vite fait le tour. Les objectifs annexes se résument souvent à détruire des entrepôts ou des défenses anti-aériennes, ce qui est appréciable mais ne suffit pas à densifier les batailles sur le long terme. En revanche, c'est un peu plus fourni du côté du hangar : Messerschmitt, Ar 80, Buffalo, IL 40 et j'en passe, ces mignons petits sobriquets redonneront le sourire aux passionnés d'engins militaires. Les avions sont d'ailleurs classés dans trois grandes catégories, que l'on pourrait assimiler à des "classes", chacune ayant ses points forts et ses points faibles. Chaque grande nation de l'époque a également droit à son quota de métal volant (Russie, Allemagne, Etats-Unis, Japon, Angleterre...) pour un total qui avoisine la bonne centaine de modèles en stock. Par contre, il faut débloquer ces joujoux progressivement. Le jeu nous oblige à évoluer par pallier et on doit donc se contenter des engins disponibles pour chaque échelon. Ensuite, avec suffisamment d'argent et d'expérience, on pourra accéder au palier suivant et ainsi débloquer de nouveaux jouets.

Des batailles épiques

Comme son illustre aîné, World of Warplanes peut accueillir jusqu'à 30 joueurs en même temps, à raison de 15 par camps. J'en profite également pour vous signaler que le système de matchmaking est impeccable et que de ce côté-là, tout semble fonctionner à merveille. Une fois lancé au cœur d'une grande bataille, le spectacle est au rendez-vous et on oublie instantanément tous les petits tracas de la vie quotidienne. On commence toujours la partie en plein vol, au milieu du vrombissement assourdissant des moteurs de notre armada, avec ce petit sentiment d'invincibilité procuré par l'effet de groupe. Et puis soudainement, on aperçoit la nuée d'avions ennemis qui sort des nuages, nos alliés se mettent à virer dans tous les sens et en moins d'une seconde, on se retrouve avec plusieurs chasseurs à nos trousses. S'ensuit alors un véritable ballet aérien, ponctué par les salves régulières de mitrailleuses qui fendent le ciel pour nous découper en rondelles. À moins d'avoir déjà de la bouteille, on finit par généralement par manger du plomb ou des arbres, selon notre altitude. Les batailles sont rarement ennuyeuses et l'intensité des combats aériens est belle et bien retranscrite de façon efficace. Malheureusement, et c'est un peu inhérent au concept, les parties se ressemblent souvent et on n'échappe pas à une petite sensation de déjà-vu qui émerge assez rapidement.

Porco Rosso

Vu la qualité de la modélisation des avions, on pouvait craindre que le reste soit négligé. Que neni : la plupart des éléments du décor sont bien intégrés, les reliefs montagneux sont crédibles et même si les unités au sol manquent parfois de détail, ce n'est jamais ridicule. Les effets sont également probants : que ce soit le rendu des fumées, les reflets sur les carlingues ou les explosions, c'est tout à fait convaincant. Mention spéciale à la volumétrie des nuages, stupéfiante de réalisme lorsque le paramètre a été poussé à fond. Évidemment, pour obtenir un rendu aussi éclatant, il faudra compter sur une bécane bien vitaminée car World of Warplanes est plus gourmand que son grand frère. Mais même si vous ne possédez pas une machine de guerre, le rendu graphique revu à la baisse ne devrait pas non plus vous pourrir l'expérience visuelle.

Gardons les pieds sur terre

C'est donc avec plaisir que l'on prendra part aux combats endiablés proposés par le nouveau titre de Wargaming.net. Malheureusement, pas mal d'aspects indissociables d'un jeu d'avion ont été sacrifiés au passage : pas de séquences de décollage ni d'atterrissage, pas de vue interne du cockpit, pas de gestion du carburant (même laxiste)... Je reste persuadé que ces éléments-là auraient tout à fait pu être intégrés de façon simple et intelligente, sans perdre pour autant le côté fun et instantané du jeu. Enfin, à part le deathmatch et la domination par objectifs, rien de bien transcendant ne vient masquer cette impression tenace de répétitivité qui sévit au bout d'un certain nombre de parties. Il faudra donc continuer à surveiller de près l'évolution de World of Warplanes, en espérant que les développeurs ne déserteront pas la tour de contrôle et rajouteront le contenu qui lui fait actuellement défaut.