Metro : Last Light fait directement suite à Metro 2033 : en 2034, on relace à ses pieds les chaussures boueuses d'Artyom, le héros de la série, après son "coup d'éclat" qui marque la fin du premier épisode. On retrouve également certains personnages emblématiques et surtout, les Dark Ones, ces créatures aussi fascinantes que dangereuses. Quant à l'environnement, il reste le même : un Moscou irradié et en ruine, avec ses sous-sols peuplés de bestioles peu accueillantes. Si le bestiaire n'est pas des plus variés, il offre quelques rencontres qui ont tout du "boss de fin de niveau". Une excellente raison d'avoir toujours une bonne réserve de munitions !

No spoiler FFS !

Je n'en dirais pas plus, rassurez-vous. Mais sachez que le scénario est loin de rester dans le post apocalyptique classique comme l'auraient certainement préféré certains. Visions et flashbacks ne sont qu'un apéritif dans la narration de ce Last Light, définitivement plus mystique que le premier, mais toujours aussi avare de "vraies" réponses. Ce scénario est en même temps la force et le point faible de ce titre : intéressant, bien que cousu de fil blanc dans les grandes lignes, il est assez mal mis en avant. Les communistes et les nazis s'affrontent pour le contrôle de ce monde souterrain (parce qu'une guerre nucléaire ne rend pas les Humains plus intelligents), avec au milieu, les soldats d'élite neutres dont fait maintenant partie Artyom, les Rangers. Ca, c'est pour les bases, le reste, je ne peux pas vraiment le dévoiler sans vous flinguer le plaisir de la découverte. Manque de bol, le jeu s'en charge.

Pourquoi ? A cause d'un rythme un poil asthmatique dans la plupart des phases de narration. Pour tout vous dire, j'ai peur que beaucoup de joueurs, élevés au CoD, passent complètement à côté de ces balades hors combat dans les différentes bases. On marche, souvent lentement, pour traverser le niveau d'un bout à l'autre. On écoute les NPC autour, on essaye de s'intéresser, mais le fait que les réactions soient les mêmes qu'on soit dans le coin ou pas, couplé au fait que l'on ne peut absolument pas dialoguer ni sortir du chemin prévu, rend le tout très (trop) passif. On pourrait tout aussi bien tracer au pas de course jusqu'aux vendeurs, prendre ce qu'on peut / veut et repartir pour la suite. Mais dans ce cas, les 31 chapitres du jeu se boucleront bien plus vite que les 10 heures prévues. Et comme ici, ce n'est pas vraiment Skyrim, ne vous dites pas que vous viendrez jouer au tir au rat plus tard et que cette prostituée peut attendre. C'est toute l'ambivalence de ce titre : vouloir proposer de la richesse, ne pas vous tenir la main, mais n'offrir aucune souplesse pour profiter de tout ça.

Suivez la flèche, merci

Ultra linéaire de bout en bout, Metro : Last Light frustre surtout par sa gestion des "rails" : le balisage visuel n'est pas toujours évident dans les phases de gameplay et on perd parfois bêtement du temps à vouloir prendre un chemin impossible, à chercher un embranchement plus malin. Pas la peine : suivez gentiment votre boussole, ça suffira. Dans les phases lentes, il faut se forcer à bien regarder partout, ne pas rater la moindre cassette audio, ramasser les notes qui permettent d'avoir des infos sur l'histoire et le ressenti d'Artyom. Prendre le temps de les lire. Foncer au pas de course en suivant sa boussole, c'est l'assurance de passer à côté de ce qui fait le charme de ce jeu. Et de voir une porte se refermer derrière vous pour toujours. La sauvegarde automatique qui suivra rassure, mais si vous aviez prévu d'explorer une autre pièce après, vous pouvez oublier l'idée. Et faire une croix sur les munitions qui s'y trouvaient peut-être ! Toujours cette richesse de contenu, toujours la même rigidité pour en profiter...

La fin de la crise

Les vétérans de 2033 savent à quel point rater du matos pourrait être frustrant. Sauf que dans Last Light, vous ne manquerez que très rarement (voire jamais en mode normal) d'armes ou de filtres à air pour votre masque à gaz. Certes, certains choix d'armes peuvent vous mettre dans l'embarras côté munitions, mais personnellement, j'utilisais même mes balles militaires (la monnaie du jeu) sur certains ennemis tant il était évident que je n'aurais pas l'occasion de dépenser ma fortune.

Le titre est clairement prévu pour être oppressant en mode hardcore (le mode "Ranger"). La blague ? Ce dernier n'est disponible que via un DLC payant. Je resterai poli, je ne vous dirai pas ce que je pense réellement de ce genre de pratiques scandaleuses, mais que les fans soient prévenus : il faudra repasser à la caisse pour vraiment flipper dans Metro LL ; ou il fallait précommander. Du reste, les précos servent d'excuse à l'éditeur pour cette situation : les distributeurs veulent un bonus pour forcer les gens à passer à la caisse. Mouais... La prochaine fois, évitez juste de castrer votre jeu !

Les outils du futur

Comme dans Metro 2033, les armes sont souvent des bidules rafistolés, mais on trouve tout même de la Kqlqsh du futur et des fusils de snipe très efficaces. Tout est customisable (silencieux, viseurs, etc.) et le fusil à pompe automatique est même presque trop puissant. Mais votre meilleur ami, celui qui n'a jamais de problème de munition, c'est votre couteau. Lui et ses petits frères dédiés au lancer peuvent suffire pour nettoyer toutes les zones peuplées d'ennemis humains, j'en parle dans le prochain paragraphe. Gardez vos grenades (classiques ou incendiaires) et claymores pour les trucs baveux qui trainent dans les coins sombres. Ou boueux. Ou... bref, vous voyez l'idée.

Les radiations rendent con

Si le côté FPS est largement meilleur que dans Metro 2033, avec des armes et un feeling bien plus agréables, ce Metro LL pêche par des ennemis humains complètement stupides. En gros, ils sont aveugles et sourds jusqu'à 3 ou 4 mètres, pour peu que vous éteigniez bien les lampes. Les phases contre ces bipèdes décérébrés en mode normal se résument à trouver un chemin pas trop visible, et à planter tout le monde au couteau de lancé ou à trancher des gorges par paquet de 10. Pas la peine d'arriver bien de dos hein, même presque de face c'est souvent jouable. Une raison de plus de jouer en mode Ranger.

La séquence la plus débile que j'ai vécue, qui illustre bien l'IA déficiente, c'est cette salle des machines ou j'ai ouvertement flingué un soldat, sauté dans une trappe sous le nez des ennemis, qui sont gentiment tombés un par un à ma suite pour se faire massacrer. Toujours au couteau, pas la peine de gâcher des munitions. Et encore, au moins ils ont trouvé l'entrée ! Dans une autre phase du jeu, j'avais préparé des pièges avec mes claymores. Sauf que les soldats n'ont jamais pigé où je me trouvais. C'est vrai que me localiser, en haut d'un escalier dans un coin du hangar, c'était super compliqué... J'ai finalement décidé de flinguer tout le monde à distance, lassé de faire le ninja pour rien. Heureusement, les phases contre les "araignées" qui craignent la lumière et autres mutations à pattes qui trainent à l'extérieur sont plus intéressantes. Mais pour tout vous dire, j'ai vaguement retrouvé les sensations de Metro 2033 seulement par deux fois, dans les marais. Le son de ma respiration, les bruits bizarres de partout, le terrain incertain... Il y avait enfin de quoi flipper !

Le nucléaire vous va si bien

Ex-employés de GSC Game World (S.T.A.L.K.E.R.), les développeurs de 4A Games ont depuis longtemps prouvé leur savoir-faire technique. Ils ont poussé leur 4A Engine dans de nouveaux retranchements pour offrir à Metro : Last Light un look digne des meilleures productions actuelles. Les séquences avec jeu de lumière et buée sur le masque à gaz sont souvent somptueuses quand on se trouve en extérieur. C'est déjà moins le cas dans les tunnels et notre version de test souffrait encore de pas mal de bugs : personnage qui picole dans un gobelet qui vole à 30 cm de sa main, articulations bizarres de certains personnages, etc. On sent un certain manque d'expérience ou de moyen. Ca n'empêche pas 4A Games d'offrir des NPC parfois très originaux, comme ces SDF bourrés de tics de mouvement que l'on croise parfois.

Comme son ainé, ce Metro Last Light est un produit pénible à tester. On a envie de l'aimer, de profiter de son atmosphère unique, de son scénario original, mais ses limitations gâchent vraiment la fête. Généreux et ambitieux, ce titre souffre d'un rythme narratif poussif, d'une mise en scène parfois bancale et d'une IA lamentable en mode normal. Prenez votre temps, jouez en difficile, tentez le mode Ranger si vous avez précommandé (ou tant pis, achetez-le) et mettez-vous dans les bonnes conditions : jouez dans le noir, le casque vissé sur les oreilles. Oui, il faut y mettre un peu du sien pour vraiment profiter de cette aventure. Vous êtes prévenus.