Avec un nom qui sent la testostérone comme "Logan James", on ne peut être qu'un beau gosse. Depuis les décombres fumants de son avion écrasé en pleine montagne, notre héros au look de Josh Brolin des plus belles années va devoir relever le plus grand défi de sa vie : survivre au cœur des forêts d'Alaska. "Une contrée hostile" serait un euphémisme pour décrire cette nature littéralement assoiffée de sang. Les loups, les ours, même les animaux d'habitude si mignons dans les reportages animaliers nocturnes, ont décidé de rajouter Logan à leur chaîne alimentaire. A se demander si même les canards ne voudraient pas un peu lui arracher sa glotte. Mais ce que les animaux ne savent pas encore, c'est qu'en fait, ce sont eux qui sont piégés avec Logan.

Man Vs Wild

Trêve de plaisanteries, ce dernier Cabela's propose un programme beaucoup trop alléchant pour ce qu'il est vraiment. En fait, j'aime l'idée même de "survivre" dans un jeu vidéo, une obsession que j'essaye constamment de m'expliquer. Est-ce à cause de l'éducation que j'ai reçue ? Toujours est-il que SOS Final Escape est une de mes séries préférées et que Resident Evil ne me plait que quand il est vraiment "survival" dans l'horreur. Un de mes livres de chevet n'est autre que "Construire un feu" de Jack London et Denis Brogniart est mon dieu vivant. Un jour, je le sais, je participerais à Koh Lanta. Et attendant, Cabela's est devenu un palliatif entre chaque saison de Survivor.

So 2011

Il serait facile de ranger les Cabela's dans la case du Duck Hunt next gen populo pour amateurs de guns en plastique qu'on ne sait plus où ranger. Effectivement, Cabela's, c'est une certaine idée du jeu à l'américaine, un peu plouc, du bon gros massacre d'écosystèmes abscons avec une faune qui passe de gauche à droite le temps de se faire aligner. Ca, ce sont les bonus. Le cœur d'un Cabela's est, ne riez pas, son scénario. En général. Le précédent, Cabela's Dangerous Hunts 2011 était l'une des plus touchantes histoires de famille du jeu vidéo, avec un père qui cherche à se racheter auprès de son fils, et de ce gamin qui, au fond, aimerait tant devenir cet héritier tant souhaité. Et en jeu, cela nous donnait une partie de chasse sauvage qui tourne au cauchemar, un père balafré par la vie et un môme qui, tant bien que mal, se décide à s'en faire pousser une paire. Un malaise familial digne de Red Dead Redemption. S'il n'y avait qu'un jeu à faire de la série, c'est Dangerous Hunts 2011.

Hachiko

Forcément, avec un pitch de vainqueur tel que "Logan, l'homme contre la nature", on ne pouvait qu'être déçu. Tout d'abord parce que l'histoire ne sait pas comment enchaîner ses moments de tension entre l'escalade à mains nues. Elle ne sait même pas décoller. Et ce Cabela's a eu la mauvaise idée de tuer la routine reprenant en grande partie la mécanique délicate d'Uncharted. Et ce savoir-faire, c'est comme un instrument de musique, quand on en joue mal, ça devient atroce. Dans ce face à face mortel avec les éléments, Logan ne pourra compter que sur son instinct de survie et sur l'approximation des contrôles. Que ce soit à la manette, au flingue fourni avec ou au Move, on a l'impression que ce Shadows of Katmai n'a pas été pensé pour jouer. Le maniement est assez atroce, surtout quand il s'agit d'allumer les corbeaux sanguinaires qui vous attaquent quand vous grimpez une colline. Le plus rigolo, c'est que Sully, qui se téléportait presque derrière chaque pas de Nate Drake malgré ses soixante et quelques balais dans Uncharted 3, est ici remplacé par un chien qui vous suit à la trace. Même si vous venez d'escalader une montagne à mains nues en abandonnant le clébard en bas, il vous attendra, en haut. Tails, sort de ce corps !

Hillbilly

Les mots manquent pour décrire à quel point Shadows of Katmai déçoit. Sans doute ne lui fallait-il pas suivre la voie d'Uncharted et de ses corniches "toutes indiquées par un rebord brillant" qui fonctionnent encore moins dans un environnement enneigé que dans le désert. Tous les décors rappellent les balbutiements 3D de la Saturn (le jeu a été testé sur PS3) alors qu'il aurait été si facile de tout cacher avec un peu de brume et une tempête de neige. Même les phases de duel contre les boss (comprendre des animaux redoutables qui ne pourront être tués qu'avec plusieurs chargeurs et un certain nombre de jauges de "bullet time") sont aussi engageants qu'une endive moite. Jack London en pleurerait tandis que le grand jeu de chasse à l'américaine attend encore son heure.

Tel un politicien, Cabela's Survival : Shadows of Katmai fait trop de promesses à la fois, des promesses qu'on sait pertinemment qu'il ne tiendra pas. Abandonner les rails d'un shooter au profit d'une mécanique à la Uncharted mais en remplaçant les milliers de pirates par des loups et des ours avait tout d'une bonne idée. Pour cela, il eut fallu assurer la réalisation et la prise en main d'au moins une manette. Certes, on trucide la nature plus que de raison mais le plaisir est gâché, prisonnier des couloirs enneigés. Malheureusement, péquenaud est le mot qui reste à l'esprit quand on voit comment est réalisé ce dernier Cabela's, une série pourtant burnée qui mérite tellement mieux.