Autant casser le suspens d'entrée de jeu, même si la note vous a déjà largement renseigné sur mon sentiment : c'est raté. En effet, les sympathiques - et déjantés - développeurs du studio Twisted Pixel ont tout simplement péché par excès de gourmandise, car à trop vouloir bien faire, le résultat s'avère malheureusement bancal.

Un gros appétit

Mais commençons tout de suite par les points positifs de Ms. Splosion Man qui sont, il faut bien le reconnaitre, relativement nombreux. Tout d'abord, le jeu est rempli jusqu'à ras la gueule de contenu, avec sa centaine de niveaux spécifiques conçus soit pour le jeu solo, soit pour le jeu en multi, et ce jusqu'à quatre joueurs. C'est d'ailleurs toujours aussi amusant de parcourir les différents mondes à plusieurs, car la crise de rire n'est jamais bien loin. De plus, chaque niveau parcouru permet de gagner un certain nombre de pièces qui servent ensuite à débloquer des dizaines de bonus dans une section dédiée (images, vidéos, mode de jeu supplémentaire, récompenses d'avatar, etc.). Bref, la durée de vie est vraiment conséquente. Les développeurs ont également soigné la mise en scène, plus conforme aux canons actuels, notamment pendant les combats contre les boss, ce qui leur confère une certaine valeur ajoutée loin d'être désagréable. Enfin, l'humour potache et l'ambiance bon enfant, qui tiennent plus de la personnalité des auteurs que d'une réelle position marketing, fait toujours autant plaisir à voir, et on appréciera aussi les nombreux coups de coude référentiels à l'adresse des joueurs cinéphiles. Bref, Ms. Splosion Man déborde d'un enthousiasme juvénile et communicatif.

Une digestion difficile

Le plaisir primaire procuré par un jeu de plates-formes se situe généralement au niveau de l'épure. Peu ou pas d'esbroufe, car le genre nécessite par essence un gameplay simple et limpide, qui ne peut s'épanouir qu'au sein d'un level design à l'avenant. Si Splosion Man appliquait ce crédo à la lettre (en refaire les premiers niveaux est d'ailleurs très révélateur de cet état de fait, essayez pour voir !), Ms. Splosion Man pèche par excès d'envie, les designers du studio ayant voulu visiblement trop bien faire. Résultat, là où le premier épisode privilégiait une sorte de simplicité enfantine dans son game design, qui s'inscrivait dans une façon de faire totalement raccord avec le propos du titre, Ms. Splosion Man entame progressivement un virage à 180°, s'éloignant des préceptes qui l'ont vu fleurir via de multiples ajouts d'éléments de level design (des rails, des bumpers vivants, des voitures volantes, etc.), qui fonctionnent comme autant de « cassures » dans la rythmique du jeu. Ainsi, la physionomie du genre s'en trouve partiellement dévoyée, puisque Ms. Splosion Man demande (trop) régulièrement au joueur de calmer ses ardeurs afin d'étudier attentivement un passage avant de l'entamer (et de se rétamer neuf fois sur dix). Certes, il s'agit d'un parti-pris de la part des développeurs qui aboutit à une sorte de mix entre le jeu de plate-formes et la réflexion, mais cela fonctionne parfois au détriment d'une certaine lisibilité, conséquence symptomatique de ce choix initial. En effet, il arrive occasionnellement que l'on perde de vue la miss qui se confond alors avec les teintes du décor inutilement surchargé, ou que la caméra soit littéralement encombrée par des éléments parasites et inutiles qui défilent au premier plan. Par conséquent, et cela lui est d'autant plus dommageable, le gameplay se montre de temps en temps approximatif, chose impensable du temps de son aîné.

Que l'on ne s'y méprenne pas : Ms. Splosion Man reste un bon investissement, surtout si l'on tient compte du fait qu'il ne coûte que 800 MSP, alors que Twisted Pixel aurait pu largement capitaliser sur le succès du premier épisode. Mais l'expérience s'avère au final mi-figue mi-raisin, selon que vous soyez plus enclin à voir le verre à moitié vide que celui à moitié plein. En ce qui me concerne, le choix est fait.