Pour bien commencer, si vous n'avez pas fait le premier Portal, il est plus que jamais temps. Ça se télécharge rapidos, pour pas cher, et ça se déguste en 5 ou 6 heures facile. Allez, allez, hop, on file télécharger, jouer, finir. Je vous attends... Ayééé ? Bien, maintenant, laissez-moi vous expliquer pourquoi vous adorerez sa suite.

Wheatley, GLaDOS, et compagnie

Il y a un tas de raisons d'aimer ce Portal 2. À commencer par la narration, sans l'ombre d'une cinématique, comme on a l'habitude de le voir chez VALVe d'ailleurs, soutenue par des personnages résolument irrésistibles. Réveillée (car vous jouez une femme) dans votre chambre à cryostase vaguement meublée comme un motel pourri, vous vous retrouvez vite confrontée à une réalité doublement horrible : cette chambre est factice, vous n'êtes qu'un sujet de test au sein de l'énorme complexe d'Aperture Science, et secundo, tout semble être parti en vrille il y a... vous n'en savez rien, justement, et c'est bien le problème, plusieurs siècles pourraient s'être écoulés pendant votre sommeil artificiel sans que vous n'en sachiez rien. Ah oui, il y a un troisième truc qui cloche : le dénommé Wheatley, cette espèce d'oeil-robot accroché à son rail, et seule "âme" qui "vive" dans le coin pour vous aider, a l'air d'être un parfait crétin. Mais avec une campagne solo qui fait une bonne douzaine d'heures (à moins que vous ne soyez outrageusement malin pour résoudre tous les puzzles à la vitesse de la lumière), vous n'êtes pas au bout de vos surprises, ça ne fait que commencer.

Bienvenue au centre d'enrichissement

L'histoire multiplie les clins d'oeil au premier Portal, dont vous retrouverez d'ailleurs "l'ancien circuit" de test très tôt dans l'aventure. Articulée grosso-modo en trois actes dont je me garderai bien de vous expliquer trop les détails, celle-ci part sur les chapeaux de roues, à grand renfort de surprises, de vannes, de découvertes, et bien sûr, de puzzles. Le second acte est un peu en-deçà, et c'est peut-être là le seul reproche que j'aurais à formuler, avec un changement d'ambiance assez radical. Si celui-ci permet de proposer ludiquement des puzzles plus vastes, de part la taille des environnements et surtout leur approche désolidarisée des "tests" d'Aperture, il y perd aussi nettement en rythme et même en ton - ça sent un peu trop, à mon goût, comme un célèbre jeu de 2008 à l'ambiance unanimement saluée, et c'est moins drôle que le reste de l'aventure. Mais c'est aussi pourquoi le troisième et dernier acte, qui repart de plus belle après un twist scénaristique prévisible mais bienvenu, achève l'expérience Portal 2 en une belle ligne droite qui renoue avec le plaisir intense du premier acte, jusqu'à un affrontement final aux relents de réinterprétation de l'original.

Bourré d'idées géniales

Vous l'aurez compris, en termes d'ambiance et de narration, Portal 2 est une franche réussite. Mais c'est aussi le cas au niveau des puzzles eux-mêmes, dont vous avez pu apercevoir certaines des nouvelles mécaniques dans de précédentes vidéos. Plaques propulsant dans les airs, tunnels anti-gravité, gels répulsifs ou accélérateurs, cubes mobiles et réfléchissants... une tonne de nouveautés qui se combinent les unes les autres au gré d'un level design remarquable, qui rend chaque nouvelle énigme d'autant plus savoureuse qu'on parvient toujours à la résoudre avant d'être frustré. Mais ce n'est pas les seuls renforts dont bénéficie cette suite. Les portails sont à présent visibles au travers des parois pour plus de commodité avec certaines salles d'envergure, un flou de vitesse permet de mieux apprécier l'allure à laquelle on peut parfois se retrouver au gré de sauts et manoeuvres du personnage, et globalement, du strict point de vue technique, visuel et ambiance sonore ont eux aussi été poussés bien plus haut. Autant en termes d'échelle des niveaux, que de détails pour certains. D'ailleurs, une fois le solo bouclé, revisiter le jeu avec les commentaires audio est un régal et une mine d'info sur bon nombre de ces détails, rarement innocents. Bref, l'ingéniosité des concepteurs de Portal 2 transpire à tous niveaux.

Le coup de maître final : le coopératif

Alors, là, autant être clair : même s'il ne s'encombre pas vraiment de scénario, ne conservant que des références à la campagne solo (censée se dérouler avant) et une myriade de nouvelles vannes, le coopératif reste un monument. D'abord parce qu'il prolonge l'expérience des tests avec 5 "mondes" de 6 à 8 niveaux à explorer à deux, dont 2 mondes avec surprises, le tout spécifiquement conçu pour le coop à deux portal guns, mais aussi à deux cerveaux. Et ensuite parce qu'en ergonomie pure, VALVe a eu les bonnes idées, et les a bien implémentées. L'ensemble des contrôles de base demeure pour chaque joueur, avec une gâchette pour le portail d'entrée, une pour le portail de sortie, carré pour l'action ou la saisie d'objets, et par-dessus se greffent des outils brillants pour maximiser l'efficacité de la collaboration. En écran splitté, on voit naturellement ce que le partenaire observe, mais en jouant en ligne, la touche triangle permet de palier à cette absence en affichant en PiP (Picture in Picture) l'écran de l'autre joueur en fenêtre sur le sien. En outre, avec les touches de la croix digitale, on peut poser un marqueur visuel à n'importe quel endroit du niveau, pour par exemple suggérer la création d'un portail, ou demander toute autre action à l'aide d'icônes très claires (un oeil pour "regarde ici", un portail pour "tire ici", un personnage pour "va à cet endroit"). Enfin, il y a même un chronomètre intégré qui permet aux joueurs de synchroniser leurs actions, ce qui vous vous en doutez bien, peut s'avérer capital pour leur réussite. Bref, on peut jouer très simplement sans même avoir à se parler... mais c'est toujours possible, tout comme l'utilisation d'emotes rigolotes entre les deux robots pour se féliciter, par exemple. On en débloquera d'ailleurs de nouvelles au fur et à mesure que l'on progresse, et une salle centrale, servant de "hub" aux différents groupes de niveaux, comptabilise les performances de chaque joueur... mais en dehors des pas marchés, comme c'est GLaDOS qui attribue les bons points, c'est parfois, disons... surprenant. Mais toujours assez drôle !

Le petit plus PS3

Si du point de vue technique, versions Xbox 360 et PS3 sont à peu près équivalentes (avec, étonnamment, un petit avantage pour cette dernière à l'image), il y a une différence qu'on ne peut pas passer sous silence : la présence des services Steam (hors boutique), directement accessibles depuis Portal 2. Très bien intégrés, les différents pans du service (liste d'amis, jeu cross-plate-forme transparent, etc., je vous renvoie à cette news pour en avoir la liste) sont aussi simples à utiliser qu'à configurer. Les nouveaux venus n'auront qu'une seule pression de touche à effectuer pour automatiquement créer leur compte sur la base de leurs identifiants PSN, les autres pourront jumeler leurs comptes PSN et Steam aussi simplement, et globalement, Steam sur PS3 est tellement bien foutu, qu'il éclipsera sans doute pour certains les services natifs offerts par Sony avec le PSN. Enfin, un dernier mot sur les versions Mac et PC : nous n'avons malheureusement pas pu y jouer, mais très sincèrement, vu le pédigrée de VALVe, je ne vois pas pourquoi il faudrait s'en faire, et Portal 2 s'exprimera tout aussi bien sinon mieux avec un duo clavier / souris.

Bref, Portal 2 est bien la digne suite qu'on attendait. Presque exempte de reproches, si ce n'est la relative faiblesse du second acte de son histoire, et une fin sympa mais qui ne pouvait probablement guère surpasser celle de l'original, c'est une leçon de plus en matière de level design, de soin, de mise en scène dynamique et de narration pleine d'humour. Un titre qui aura certes su se faire attendre, mais sans guère décevoir comme c'est parfois le cas. Bluffant.

N.B. : Utilisateurs de Steam, profitez-en, Portal 2 est disponible dès à présent sur le service de VALVe : il est sorti en avance dans la nuit !